Voit le long d'un sillon une perdrix marcher; De son arc toutefois il bande les ressorts. Cette part du récit s'adresse au convoiteux. Un loup vit en passant ce spectacle piteux : J'en aurai, dit le loup, pour un mois, pour autant: Commençons dans deux jours; et mangeons cependant Sur l'arc, qui se détend, et fait de la sagette Je reviens à mon texte. Il faut que l'on jouisse : L'autre périt par l'avarice. LATINS. Hor., l. 1, od. II, v. 7 et s.; Pers., sat. 5, v. 142; Mart., 1. 1, ep. 16; 1. 5, ep. 59; Camer., 388. ORIENTAUX. Bidpaï, t. 2, p. 292. FIN DU HUITIEME LIVRE. LIVRE NEUVIÈME. FABLE PREMIÈRE. — (170.) Le Dépositaire infidèle. GRACE aux Filles de mémoire, J'ai chanté des animaux; M'auroient acquis moins de gloire. 13 Tout homme ment, dit le Sage. On pourroit aucunement Souffrir ce défaut aux hommes : Mais que tous, tant que nous sommes, Comme Ésope et comme Homère, Un vrai menteur ne seroit : Le doux charme de maint songe Sous les habits du mensonge Nous offre la vérité. L'un et l'autre a fait un livre Que je tiens digne de vivre Mais mentir comme sut faire Un certain dépositaire Payé par son propre mot, Est d'un méchant et d'un sot. Voici le fait. Un trafiquant de Perse, Chez son voisin, s'en allant en commerce, Votre fer! il n'est plus : j'ai regret de vous dire Qu'un rat l'a mangé tout entier. J'en ai grondé mes gens: mais qu'y faire? un grenier Tous plaisirs pour moi sont perdus. Je n'ai que lui, que dis-je! hélas ! je ne l'ai plus! D'en douter un moment après ce que je dis. Que les chats-huants d'un pays Où le quintal de fer par un seul rat se mange Même dispute avint entre deux voyageurs. L'un d'eux étoit de ces conteurs Qui n'ont jamais rien vu qu'avec un microscope; J'ai vu, dit-il, un chou plus grand qu'une maison. L'homme au pot fut plaisant : l'homme au fer fut habile. LATINS. Cam., 386; Nic. Perg., 106. ITALIENS. Christ. Zabata, p. 20. ESPAGNOLS. Ysopo-Collect., 32; Seb. Mey, 8. ORIENTAUX. Bidpaï, t. 2, p. 186. |