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CONFORME A L'ÉDITION PRINCEPS

AVEC TOUTES LES VARIANTES, UNE ÉTUDE SUR LA PIÈCE,
COMMENTAIRE HISTORIQUE, PHILOLOGIQUE ET LITTÉRAIRE

PAR

M. MARCOU

Professeur au lycée Louis-le-Grand

PARIS

GARNIER FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS

6, RUE DES SAINTS-PERES, 6

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AVERTISSEMENT

Il n'est plus nécessaire de justifier, dans la reproduction de l'œuvre d'un écrivain, celle de l'orthographe que sa plume lui a donnée. La connaissance des systèmes successifs suivis dans l'orthographe, ou, si, au milieu des transformations nombreuses qu'elle a subies, on veut écarter l'idée et le mot de système, la connaissance des particularités qui la marquent et la distinguent chez les différents écrivains, a sa part dans l'étude historique de la langue française, plus que jamais pratiquée aujourd'hui. On peut ajouter que la fidélité de l'orthographe est peut-être plus indispensable au texte des comédies de Molière qu'à celui de tout autre écrivain. Quand, par exemple, nous lisons les tragédies de Corneille et de Racine, notre imagination nous en représente les personnages dans le temps où ils ont vécu, sous le costume qu'ils ont porté, et les détache du texte où le poète les fait agir et parler. Les personnages de Molière sont ses contemporains : nos yeux, en lisant leurs dialogues sur le texte où le poète leur a donné la vie, évoquent leur figure, les voient dans leur costume lisent sur leur physionomie. La fidélité de l'orthogra

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phe qui revêt leurs paroles n'aide-t-elle pas à cette illusion? Ne les maintient-elle pas plus sûrement dans le temps et dans le lieu où nous les devons voir? Ne s'accorde-t-elle pas avec la forme et le caractère de leur langage, avec le pourpoint dont nos yeux les habillent en lisant? L'orthographe de nos jours risquerait de les dépayser, et nous avec eux, comme le ferait, sur le théâtre, le costume de nos jours. N'eussions-nous que cette raison à donner de la reproduction de l'orthographe de Molière, elle aurait sa valeur. Si petit qu'en soit le profit, il compte.

Nous indiquons, pages 25 et 26, les raisons qui nous ont fait adopter, entre les différentes éditions de l'Avare publiées jusqu'en 1673, le texte de l'édition princeps.

DE MOLIÈRE ET DE L'AVARE,

I.

VIE DE MOLIÈRE.

Quand en 1668 Molière donna l'Avare, il appartenait depuis vingttrois ans au théâtre, il était depuis dix ans à Paris, écrivant, dirigeant sa troupe, et jouant. Nous n'avons donc plus à nous demander dans quel état Molière avait, à son début, trouvé la comédie française, de quel mélange d'imbroglios espagnols, de farces italiennes et de gaillardises gauloises elle se composait avant lui, dans quelles complications elle s'enchevêtrait, dans quelles fantaisies incohérentes elle s'égarait, de quel bagage elle s'embarrassait, travestissements, suppositions de personnages, miroirs enchantés, poudres merveilleuses, bagues magiques, boîtes à secrets ; quels capitans, matamores, pédants, rois de Macédoine et princesses de Trébizonde y faisaient ménage; ni quels services Corneille déjà, avant Molière, lui avait rendus en la purgeant au moins, dès les premiers jours (Mélite, 1629), d'outrageuses libertés de langage, inquiétantes pour le bon goût et les mœurs, et de l'abus du tutoiement universel, en remplaçant la nourrice par la soubrette, en donnant le premier l'exemple d'un dialogue d'honnêtes gens, et en créant par le Menteur (1642), quand Molière, âgé de vingt ans, étudiait en droit, la comédie de caractère à laquelle appartient l'Avare. Tout cela est déjà loin. La comédie, à la date où nous la prenons avec l'Avare, semble n'exister plus que par Molière et en Molière : elle suit la route qu'il s'est faite et qu'il lui a faite.

Aussi n'essayerons-nous pas d'excursion autour et en dehors de lui il suffira de fixer quelques dates dans sa carrière pour voir où s'y placent surtout les œuvres qui ont des parentés antérieures et diverses avec celle qui nous occupe.

Jean-Baptiste Poquelin, qui immortalisa le nom de MOLIÈRE, naquit à Paris le 14 janvier 1622. Il fit ses humanités sous les jésuites au collège de Clermont (depuis collège Louis-le-Grand) où il eut pour condisciples le prince de Conti, Bernier qu'illustrèrent depuis ses voyages dans les Indes, Chapelle, Hesnaut, qui furent hommes d'esprit et poètes; il partagea ensuite avec ces derniers et Cyrano de Bergerac les leçons de Gassendi, le rénovateur de la doctrine d'Epicure et de Lucrèce; et, ses études terminées, après avoir rempli auprès de Louis XIII, pendant le voyage de la cour à Narbonne, en 1641, la charge de tapissier-valet do chambre du

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