Apollon travesti devint un Tabarin. Du clerc et du bourgeois passa jusques aux princes. Le plus mauvais plaisant eut ses approbateurs, Et laissons le burlesque aux plaisans du pont-neuf. Prenez mieux votre ton. Soyez simple avec art, Ayez pour la cadence une oreille sévère. mots Suspende l'hémistiche, en marque le repos. Durant les premiers ans du Parnasse françois, Marot bientôt après fit fleurir les ballades, cher. Il est certains esprits dont les sombres pensées Sont d'un nuage épais toujours embarrassées. Le jour de la raison ne le sauroit percer. Avant donc que d'écrire, apprenez à penser. Selon que notre idée est plus ou moins obscure L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure. Ce que l'on conçoit bien, s'énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément. Sur-tout, qu'en vos écrits la langue révérée, risme, : Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée. vaio. presse, millent, tillent. trop loin quelque mot éclatant. Craignez-vous pour vos vers la censure publiSoyez-vous à vous-même un sévère critique. L'ignorance toujours est prête à s'admirer. Faites-vous des amis prompts à vous censurer. Qu'ils soient de vos écrits les contidens sincères, que? Et de tous vos défauts les zélés adversaires. Tel vous semble applaudir, qui vous raille et vous joue. Aimez qu'on vous conseille, et non pas qu'on yous loue. Un flatteur aussitôt cherche à ce récrier. Chaque vers qu'il entend, le fait extasier. Tout est charmant, divin, aucun mot ne le blesse Il trépigne de joie, il pleure de tendresse ; Il vous comble par-tout d'éloges fastueux. La vérité n'a point cet air impétueux. Un sage ami, toujours rigoureux, inflexible, Sur vos fautes jamais ne vous laisse paisible. Il ne pardonne point les endroits négligés; Il renvoie en leur lieu les vers mal arrangés ; Il réprime des mots l'ambitieuse emphase; Ici le sens le choque ; et plus loin c'est la phrase. Votre construction semble un peu s'obscurcir: Ce terme est équivoque, il le faut éclaircir. C'est ainsi que vous parle un ami véritable. Mais souvent sur ses vers, un auteur intraitable, A les protéger tous se croit intéressé, Et d'abord prend en main le droit de l'offensé. De ces vers, direz-vous, l'expression est basse. Ah! monsieur, pour ce vers je vous demandeg Répondra-t-il d'abord. Ce mot me semble froid; Je le retrancherois. C'est le plus bel endroit. Ce tour ne me plait pas. Tout le monde l'admire. Ainsi toujours constant à ne point se dédire; Qu'un mot dans son ouvrage ait paru vous blesser, C'est un titre chez lui pour ne point l'effacer. Cependant, à l'entendre, il chérit la critique: Vous avez sur ses vers un pouvoir despotique. Mais tout ce bean discours, dont il vient vous flatter, egrace, N'estrien qu'un piége adroit pour vous les réciter. Aussitôt il vous quitte, et content de sa muse CHANT I I. Dans ce second Chant, et dans le troisième, notre auteur explique le détail de la poésie françoise, et donne le caractère et les règles particulières de chaque poëme. Le second Chant est employé à décrire l'Idylle ou l'Eglogue, P'Elégie, l'Ode, le Sonnet, l'Epigramme, le Rondeau, la Ballude, le Madrigal, la Satyre et le Vaudeville. L'auteur a su varier ici son style avec tant d'art et tant d'habileté, qu'en parcourant toutes les différentes espèces de poésies, il emploie précisément le style qui convient à chaque espèce en particulier. TELLE qu'une bergère, au plus beau jour de fête, mens: Telle, aimable en son air, mais humble dans son style, Doit éclater sans pompe une élégante idylle. |