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I.

A Climène.

Tout me fait peine,
Et depuis un jour

Je crois, Climène,
Que j'ai de l'amour.
Cette nouvelle

Vous met en courroux :
Tout beau, cruelle;
Ce n'est pas pour vous.

II.

A une demoiselle'.

Pensant à notre mariage,

Nous nous trompions très-lourdement :
Vous me croyiez fort opulent,

Et je vous croyais sage.

III.

Sur une personne fort connue.

De six amants contents et non jaloux,
Qui tour à tour servaient madame Claude,
Le moins volage était Jean, son époux.
Un jour pourtant, d'humeur un peu trop chaude,
Serrait de près sa servante aux yeux doux,
Lorsqu'un des six lui dit : Que faites-vous?
Le jeu n'est sûr avec cette ribaude.

Ah! voulez-vous, Jean-Jean, nous gâter tous?

IV.

Sur Gilles Boileau, frère aîné de l'auteur.

De mon frère, il est vrai, les écrits sont vantés ;

Cette épigramme et l'anecdote qui l'a fait naître sont tirées d'une lettre de Desforges-Maillard au président Boulier, insérée dans les Amusements du cœur et de l'esprit, tome XI, p. 550.

Il a cent belles qualités :

Mais il n'a point pour moi d'affection sincère
En lui je trouve un excellent auteur,
Un poëte agréable, un très-bon orateur :
Mais je n'y trouve point de frère.

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C'est beaucoup, dis-je en m'approchant,
La pièce n'est pas si publique.-
Il faut compter, dit le marchand :

Tout est encor dans ma boutique.

VI.

Sur l'Agésilas de P. Corneille.

J'ai vu l'Agésilas,

Hélas!

VII.

Sur l'Attila du même.

Après l'Agésilas,

Hélas!

Mais après l'Attila,

Holà !

VIII.

A M. Racine.

Racine, plains ma destinée!
C'est demain la triste journée
Où le prophète Desmarets,
Armé de cette même foudre

Qui mit le Port-Royal en poudre,
Va me percer de mille traits.

C'en est fait, mon heure est venue.
Non que ma muse, soutenue
De tes judicieux avis,

N'ait assez de quoi le confondre :
Mais, cher ami, pour lui répondre,

Hélas! il faut lire Clovis 1.

IX.

Contre Linière.

Linière apporte de Senlis

Tous les mois trois couplets impies.
A quiconque en veut dans Paris

Il en présente des copies :

Mais ses couplets, tout pleins d'ennui,

Seront brûlés, même avant lui.

X.

Sur une satire très-mauvaise que l'abbé Cotin avait faite, et qu'il faisait courir sous mon nom.

En vain par mille et mille outrages
Mes ennemis, dans leurs ouvrages,

Ont cru me rendre affreux aux yeux de l'univers.
Cotin, pour décrier mon style,

A pris un chemin plus facile :

C'est de m'attribuer ses vers.

XI.

Contre le même.

A quoi bon tant d'efforts, de larmes et de cris,
Cotin, pour faire ôter ton nom de mes ouvrages ?
Si tu veux du public éviter les outrages,
Fais effacer ton nom de tes propres écrits.

XII.

Contre un athée 2.

Alidor, assis3 dans sa chaise,

Poëme de Desmarets, ennuyeux à la mort. (BOL.) 2 Saint-l'avin. 3 Il était tellement goutteux qu'il ne pouvait marcher (BOIL.)

Médisant du ciel à son aise,
Peut bien médire aussi de moi.
Je ris de ses discours frivoles :
On sait fort bien que ses paroles

Ne sont pas articles de foi.

XIII.

Vers en style de Chapelain, pour mettre à la fin de son poëme de la Pucelle.

Maudit soit l'auteur dur dont l'âpre et rude verve,
Son cerveau tenaillant, rima malgré Minerve;
Et, de son lourd marteau martelant le bon sens,
A fait de méchants vers douze fois douze cents 1!

XIV.

Vers de même style à mettre en chant.

Droits et roides rochers, dont peu tendre est la cime,
De mon flamboyant cœur l'âpre état vous savez.
Savez aussi, durs bois, par les hivers lavés,
Qu'holocauste est mon cœur pour un front magnanime.

XV.

Le débiteur reconnaissant.

Je l'assistai dans l'indigence,

Il ne me rendit jamais rien.

Mais, quoiqu'il me dût tout son bien,
Sans peine il souffrait ma présence.

Oh! la rare reconnaissance!

XVI.

Parodie de quelques vers de Chapelle.

Tout grand ivrogne du Marais
Fait des vers que l'on ne lit guère;

Il les croit pourtant fort bien faits ;
Et quand il cherche à les mieux faire,
Il les fait encor plus mauvais.

La Pucelle a douze livres, chacun de douze cents vers. (BOIL.)

XVII.

A MM. Pradon et Bonnecorse, qui firent en même temps paraitre contre moi chacun un volume d'injures.

Venez, Pradon et Bonnecorse,
Grands écrivains de même force,
De vos vers recevoir le prix;
Venez prendre dans mes écrits
La place que vos noms demandent.

Linière et Perrin vous attendent.

XVIII.

Sur la fontaine de Bourbon, où l'auteur était allé prendre les eaux, et où il trouva un poëte médiocre qui lui montra des vers de sa façon. Il s'adresse à la fontaine.

Oui, vous pouvez chasser l'humeur apoplectique,
Rendre le mouvement au corps paralytique,

Et guérir tous les maux les plus invétérés:
Mais quand je lis ces vers par votre onde inspirés,
Il me paraît, admirable fontaine,

Que vous n'eûtes jamais la vertu d'Hippocrène.

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Imitée de celle de Martial qui commence par Nuper erat medicus, etc 3.

Paul, ce grand médecin, l'effroi de son quartier,

Qui causa plus de maux que la peste et la guerre,

Est curé maintenant, et met les gens en terre ;

⚫ Santeul.

Il n'a point changé de métier.

2 Il a fait des hymnes latines à la louange des saints. (BOIL.) Liv. 1, épig. XLVIII.

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