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première demeure 1, et de les réunir dans une espèce d'Élysée, où elles pussent du moins attendre en paix des jours meilleurs!

Ces jours sont arrivés : tout est rentré dans l'ordre primitif; les morts eux-mêmes ont repris leur rang, et la terre consacrée a recueilli de nouveau ce que le temps avait épargné des dépouilles mortelles de nos grands hommes. Celles de Boileau ont été solennellement transférées, le 14 juillet 1819, du musée des Monuments français à l'église paroissiale de Saint-Germain-des-Prés, et placées dans la chapelle de saint Paul. MM. Daru, au nom de l'Académie française, et Petit-Radel, au nom de celle des inscriptions et belles-lettres, ont dignement interprété, dans cette circonstance, les sentiments de leurs ho norables compagnies. Une table de marbre noir a consacré ce pieux événement par l'épitaphe suivante :

HOC. SUB. TITULO

FATIS. DIU. JACTATI

IN. OMNE. EVUM. TANDEM. COMPOSITI

JACENT. CINERES

NICOLAI. BOILEAU. DESPREAUX
PARISIENSIS

QUI. VERSIBUS. CASTISSIMIS

HOMINUM. ET. SCRIPTORUM. VITIA

NOTAVIT

CARMINA. SCRIBENDI

LEGES. CONDIDIT

FLACCI. EMULUS. HAUD. IMPAR

IN JOCIS. ETIAM. NULLI. SECUNDUS

OBIIT

XIII. MART. MDCCXI

EXEQUIARUM. SOLEMNIA INSTAURATA
XIV. JVL. MDCCCXIX

CURANTE. UBBIS. PRÆFECTO
PARENTANTIBUS. SUO. QUONDAM
REGIA. UTRAQUE

TUM. GALLICE. LINGUÆ

TUM. INSCRIPTIONUM

HUMANIORUMQ. LITTERARUM

ACADEMIA

'M. Alexandre Lenoir, aujourd'hui conservateur des monuments de l'église royale de Saint-Denis.

L'AGE AUQUEL IL Les a composées, et l'année ou il les a pubLIÉES '.

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* S'il faut en croire l'éditeur de 1713, ce catalogue fut composé par Boileau.

I. PRÉFACE

POUR LES ÉDITIONS DE 1666 A 1669.

LE LIBRAIRE AU LECTEUR.

Ces satires dont on fait part au public n'auraient jamais couru le hasard de l'impression, si l'on eût laissé faire leur auteur. Quelques applaudissements qu'un assez grand nombre de personnes amoureuses de ces sortes d'ouvrages ait donnés aux siens, sa modestie lui persuadait que, de les faire imprimer, ce serait augmenter le nombre des méchants livres, qu'il blame en tant de rencontres, et se rendre par là digne lui-même, en quelque façon, d'avoir place dans ces satires. C'est ce qui lui a fait souffrir fort longtemps, avec une patience qui tient quelque chose de l'héroïque dans un auteur, les mauvaises copies qui ont couru de ses ouvrages, sans être tenté pour cela de les faire mettre sous la pressc. Mais enfin toute sa constance l'a abandonné à la vue de cette monstrueuse édition qui en a paru depuis peu. Sa tendresse de père s'est réveillée à l'aspect de ses enfants ainsi défigurés et mis en pièces, surtout lorsqu'il les a vus accompagnés de cette prose fade et insipide que tout le sel de ses vers ne pourrait pas relever je veux dire de ce Jugement sur les SCIENCES3, qu'on a cousu si peu judicieusement à la fin de son livre. Il a eu peur que ces satires n'achevassent de se gåter en une si méchante compagnie : et il a cru enfin que, puisqu'un ouvrage, tôt ou tard, doit passer par les mains de l'imprimeur, il valait mieux subir le joug de bonne grâce, et faire de lui-même ce qu'on avait déjà fait malgré lui. Joint que ce galant homme, qui a pris le soin de la première édi

2

:

1 L'édition des OEuvres de Boileau donnée par M. Berriat-Saint-Prix (Paris, 1830-1834, 4 vol. in-8°) est, sans aucun doute, la meilleure que l'on ait; aussi c'est le texte de cette édition que nous avons reproduit.

2 A Rouen, en 1665.

3 Petit Discours de Saint-Évremond, qui se trouve joint aux OEuvres de Despréaux dans l'édition de 1668.

tion, y a mělé les noms de quelques personnes que l'auteur honore, et devant qui il est bien aise de se justifier. Toutes ces considérations, dis-je, l'ont obligé à me confier les véritables orginaux de ses pièces, augmentées encore de deux autres ', pour lesquelles il appréhendait le même sort. Mais en même temps il m'a laissé la charge de faire ses excuses aux auteurs qui pourront être choqués de la liberté qu'il s'est donnée de parler de leurs ouvrages en quelques endroits de ses écrits. Il les prie donc de considérer que le Parnasse fut de tout temps un pays de liberté ; que le plus habile y est tous les jours exposé à la censure du plus ignorant; que le sentiment d'un seul homme ne fait point de loi; et qu'au pis aller, s'ils se persuadent qu'il ait fait du tort à leurs ouvrages, ils s'en peuvent venger sur les siens, dont il leur abandonne jusqu'aux points et aux virgules. Que si cela ne les satisfait pas encore, il leur conseille d'avoir recours à cette bienheureuse tranquillité des grands hommes comme eux, qui ne manquent jamais de se consoler d'une semblable disgrâce par quelque exemple fameux, pris des plus célèbres auteurs de l'antiquité, dont ils se font l'application tout seuls. En un mot, il les supplie de faire réflexion que, si leurs ouvrages sont mauvais, ils méritent d'ètre censurés; et que, s'ils sont bons, tout ce qu'on dira contre eux ne les fera pas trouver mauvais 2. Au reste, comme la malignité de ses ennemis s'efforce depuis peu de donner un sens coupable à ses pensées même les plus innocentes, il prie les honnêtes gens de ne se pas laisser surprendre aux subtilités raffinées de ces petits esprits qui ne savent se venger que par des voies lâches, et qui lui veulent souvent faire un crime affreux d'une élégance poćtique.

J'ai charge encore d'avertir ceux qui voudront faire des satires contre les satires, de ne se point cacher. Je leur réponds que l'auteur ne les citera point devant d'autre tribunal que celui des Muses; parce que, si ce sont des injures grossières, les bourrières lui en feront raison; et, si c'est une raillerie délicate, il n'est pas assez ignorant dans les lois pour ne pas savoir qu'il doit porter la peine du talion. Qu'ils écrivent donc librement: comme ils contribueront sans doute à rendre l'auteur plus illustre, ils feront le profit

▲ Les satires III et v, qui paraissaient alors pour la première fois. Tout ce qui suit fut ajouté dans la preface de 1668.

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du libraire ; et cela me regarde. Quelque intérêt pourtant que j'y trouve, je leur conseille d'attendre quelque temps, et de laisser mûrir leur mauvaise humeur. On ne fait rien qui vaille dans la colère. Vous avez beau vomir des injures sales et odieuses, cela marque la bassesse de votre âme, sans rabaisser la gloire de celui que vous attaquez; et le lecteur qui est de sens froid' n'épouse point les sottes passions d'un rimeur emporté. Il y aurait aussi plusieurs choses à dire touchant le reproche qu'on fait à l'auteur d'avoir pris ses pensées dans Juvénal et dans Horace : mais, tout bien considéré, il trouve l'objection si honorable pour lui, qu'il croirait se faire tort d'y répondre.

II. PRÉFACE

POUR LES ÉDITIONS DE 1674 ET 1675.

AU LECTEUR.

J'avais médité une assez longue préface, où, suivant la coutume reçue parmi les écrivains de ce temps, j'espérais rendre un compte fort exact de mes ouvrages, et justifier les libertés que j'y ai prises; mais, depuis, j'ai fait réflexion que ces sortes d'avant-propos ne servaient ordinairement qu'à mettre en jour la vanité de l'auteur, et, au lieu d'excuser ses fautes, fournissaient souvent de nouvelles armes contre lui. D'ailleurs je ne crois point mes ouvrages assez bons pour mériter des éloges, ni assez criminels pour avoir besoin d'apologie. Je ne me louerai donc ici, ni ne me justifierai de rien. Le lecteur saura seulement que je lui donne une édition de mes satires plus correcte que les précédentes, deux épitres nouvelles, l'Art poétique en vers, et quatre chants du Lutrin 3. J'y ai ajouté aussi la traduction du Traité que le rhéteur Longin a composé du Sublime ou du merveilleux dans le discours. J'ai fait originairement cette traduction pour m'instruire, plutôt que dans le dessein de la donner au public; mais j'ai cru qu'on ne serait pas fâché de la voir ici à la suite de la Poétique, avec laquelle ce traité a quelque rapport, et où j'ai même inséré plusieurs

1 Brossette a mis de sang-froid; mais les éditions de 1667 à 1672 portent sens froid.

a Les épitres II et III.

3 Les deux derniers ne parurent qu'en 1665.

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