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Evêques de France, & des plus grands Ecrivains de fon fiécle. Plein d'Amour pour Dieu, & de zéle pour le falut du prochain, fa piété & fa vafte érudition fe font admirer dans ce grand nombre d'Ouvrages qui nous reftent de lui. Če font des Traités de Controverfe, de Morale, de Piété, des Sermons, des Lettres, des Hiftoires, des Romans pieux, où le profane fe trouve mêlé avec le facré. L'Auteur, qui écrivoit avec une facilité merveilleufe fur toutes fortes de fujets, écrivoit trop pour le faire avec exactitude. Son ftyle, furchargé de métaphores hardies, & plein d'images frappantes, étoit goûté de fon tems. Ce pieux Evêque, touché des maux que caufoit la lecture des Romans, crut y remédier en profitant de la manie même que l'on avoit pour la fiction, & il compofa plufieurs Hiftoires Romanefques, où, par les charmes de la Fable, il conduifoit fon lecteur à quelque chofe d'utile & de folide : tels font, fa Dorothée, Alcime, Daphnide, l'Hyacinthe, Hermiante, &c. Šes autres Ouvrages font des Traités contre les Moines, plufieurs volumes d'Homélies, les Diverfités, 10 vol. in-80 ; les Livres de Controverfe, & ceux de Morale.

Religieux. Leurs excès irritoient fon zéle,& il ne ceffoit de déclamer contr'eux, foit dans ses Ecrits, foit dans fes Sermons. Enfin il les pourfuivit avec tant de chaleur, qu'ils furent obligés d'implorer la médiation du Cardinal de Richelieu, qui tira parole du Prélat, qu'il les laifferoit en repos. Je ne connois en vous, lui dit le Cardinal, d'autre défaut, que cet horrible achar nement contre les Moines; & fans cela, je vous canoniferois. Plût à Dieu, iui répondit le faint Evêque, qui avoit la répartie agréable, que cela pût arriver, nous aurions l'un & l'autre ce que nous fouhaitons; vous feriez Pape, & je ferois Saint! On prétend, en effet, que la vie fainte & pénitente de ce pieux Evêque lui auroit mérité la canonifation, s'il ne s'étoit pas déclaré fi ouvertement contre les Religieux. Après avoir travaillé pendant 20 ans à la fanctification du Peuple confié à fes foins, il se démit de fon Evêché, pour ne plus penfer qu'à fon falut; & après avoir travaillé encore quelque tems dans le Diocéfe de Rouen, en qualité de Vicaire Général, il se retira, pour toujours, à l'Hôpital des Incurables, où il mourut en 1652, âgé de 70 ans, avant que d'avoir reçu les Bulles de l'Evêché d'Arras, auquel le Roi l'avoit nommé en 1651. Pierre Camus fut un des plus faints

CAMUS (Etienne ) né à Paris, en 1632, d'une famille

diftinguée dans la Robe, prit le Bonnet de Docteur, en 1650, dans la Faculté de Théologie; & après avoir été Aumônier du Roi pendant plufieurs années, il fut nommé à l'Evêché de Grenoble en 1671, & élevé au Cardinalat par Innocent XI, en 1686, en confidération de fa vertu. LAbbé le Camus avoit été fort diffipé pendant le féjour qu'il fit à la Cour, comme Aumônier du Roi. Il aima le monde, & en fut aimé; mais il penfoit très-férieufement à un profonde retraite, lorfqu'il apprit que Louis XIV l'avoit nommé à l'Evêché de Grenoble. Il eût remercié Sa Majefté, pour vivre le reste de fes jours dans la pénitence, fi fes amis ne lui euffent repréfenté, avec force, qu'en s'acquit, tant bien des devoirs de l'Epifcopat, il trouveroit des contradictions qui feroient pour lui une pénitence fort laborieufe. Le grand Arnaud acheva de le décider, & ce fut fur les confeils de cet illuftre Docteur qu'il régla la vie qu'il fe propofoit de mener dans fon Diocéfe. Il les paffà même de bien loin; car il joignit aux travaux les plus pénibles du Ministére les plus grandes auftérités. Il étoit toujours couvert d'un. cilice; il ne couchoit que fur la paille, fe relevoit, fouvent, plufieurs fois la nuit, pour gémir devant Dieu, ne

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mangeoit que des légumes, & jeûnoit felon la Régle de S. Benoît, quoiqu'il ne fe fûr pas aftreint, par un vœu, ce genre de vie; mais cette vie rigoureufe étoit la moindre partie de fa pénitence. Les contradictions & les travaux qu'il eut à effuyer pour réformer un Diocéfe où il ne trouvoit qu'ignorance & défordre, lui caufoient les plus vives inquiétudes. On en peut voir les preuves dans fes Lettres au grand Arnaud, qu'il ne manquoit jamais de confulter dans fes peines. On y voit fur-tout ce qu'il eut à fouffrir de la part des Jéfui

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qui s'oppofoient sans ceffe au bien qu'il vouloit faire, & qui le réduifirent plufieurs fois à fouhaiter de quitter fon Siége. Les Jé

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fuites, dit-il, m'ont tous >> promis d'être fidéles aux » » Régles de S. Charles, &

pas un ne s'en acquitte com» meil doit. »Dans la même Lettre il fe plaint d'un Pére Breffon, Jéfuite, qui avoit confeffé, fans pouvoir, le jour de la Touffaint, à Grenoble, pendant sept heures, fans, difoit-il, avoir trouvé aucun péché mortel, » Un » P. Chappuis, Jéfuite, dit-il, » dans une autre Lettre, au » même Docteur, qui avoit > foutenu en cette Cour (de

Turin ) que j'étois Hé, » rétique, y a reçu toute la » confufion qu'il méritoit » quoique je l'aye épargné

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» autant que j'ai pu..... J'ai » écrit au Roi pour lui expofer toutes les raifons que »j'ai de m'opposer à l'éta» bliffement de la Théologie » morale (des Jéfuites,) qui » fera le renversement de la » piété dans cette Eglife. Je puis dire avec vérité, con»tinue ce Prélat, que, fans »les Confeffeurs, cette Ville >> feroit maintenant toute >> fainte. » C'étoit là le grand objet qu'il ne perdoit jamais de vue. Tous les ans il employoit trois mois à vifiter une partie de fon Diocéfe, & le plus fouvent à pied. Ce fut par fon ordre que M. Genet, Evêque de Vaifon compofa le célébre Ouvrage connu fous le nom de Théologie Morale de Grenoble. On a de lui plufieurs Lettres à fes Curés; un excellent Recueil d'Ordonnances Synodales, imprimé à Paris en 1690; une Differtation pour foutenir la virginité de la Ste Vierge, contre un téméraire qui avoit ofé la nier. Il a fait un grand nombre de fondations, & entr'autres, celle de deux Séminaires. Il mourut en 1707 ; & les pauvres, qu'il avoit tant aimés pendant fa vie, furent fes héritiers après fa mort. On a imprimé 8 Lettres de ce Prélat, adreffées à M. Arnaud, à la fuite du tome ge des Lettres de cet illuftre Docteur, en 1743, à Rouen.

CAMUSAT (Nicolas)

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Chanoine de Troyes Champagne mourut fort âgé, en 1655. Il est Auteur d'un excellent Recueil, fous le titre Promptuarium facrarum Antiquitatum Tricaf fina Diœcefis, in-80, 1610, Ouvrage utile à ceux qui s'appliquent à la difcipline Eccléfiaftique; & d'un autre intitulé Mifcellanea, qui eft un Recueil d'Actes, Traites, Lettres, depuis 1390 jufqu'en 1580, fort curieux & fort eftimé pour la nature des Piéces qu'il contient. Un Ecrivain habile, & bien intentionné, vient de donner une fuite du Promptuarium, fous le titre de Mémoires pour fervir de fuite aux Antiquités Ecclefiaftiques du Diocese de Troyes. Ce recueil intéreffant contient un récit dé-· taillé de toutes les tentatives que les Jéfuites ont faites pour s'emparer de Troyes, & de la vigoureuse résistance que les Troyens ont toujours oppofée au torrent qui a inondé toute l'Europe. On y voit l'artifice, le manége, l'intrigue & tous les refforts de la politique profonde des uns,

venir échouer contre la bonhommie des autres. Il y a encore de ce ce nom, 10. un célébre Imprimeur, Jean Camufat, mort en 1639, homme de bon fens, & très-habile dans fa Profeffion. L'Académie Françoise le choisit pour fon Imprimeur, & elle honora fa mémoire en lui fai

fant un Service. 20. DenisFrançois Camufat, petit neveu du Chanoine de Troyes, né à Besançon, en 1697, montra de bonne heure fon goût pour les Lettres, & fit imprimer, à 23 ans, un Effai de l'Hiftoire des Journaux imprimés en France, où il y a beaucoup de recherches, écrit d'un ftyle vif, mais dur & fans aménité. Etant venu à Paris, peu de tems après, il travailla aux Mémoires Hiftoriques & Critiques; & étant allé en Hollande, pour le Maréchal d'Ef trées, dont il étoit Bibliotéh caire, il fit les quatre premiers volumes du Journal, intitulé Hiftoire Littéraire de la France. De retour à Pa ris, il eut l'imprudence de quitter fon pofte, celle de fe marier, & se vit obligé de composer, pour vivre. Il publia donc des Mélanges de Littérature, &c. tirés des Lettres manufcrites de Chap. in12; & la Critique de la Charlatanerie auffi in 12. Il entreprit un nouveau Journal fous le titre de Bibliothèque des Livres nouveaux ; mais arrêté par des ordres fupérieurs, il n'en donna que a volumes. Il publia des Editions de plufieurs Auteurs, & alla mourir à Amfterdam en 1732, âgé de près de 40

ans.

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CANGE (voyez FRESNE.) CANGIAGE, ou CAMBIASI (Lucas) né à Monaglia, dans les Etats de Géne,

en 1527, eût pour Maître dans la Peinture, fon père qui ne l'habilloitqu'à moitié, pour l'obliger de garder la maifon, & de travailler. II avoit de fi heureuses difpofitions, qu'à l'âge de 15 ans il fit des Tableaux de fa compofition. On l'employa, à 17 ans, à plusieurs grands Ouvrages publics; il avoit une facilité prodigieufe, peignoir des deux mains, & expédioit plus, lui feul, que n'auroient fait beaucoup de Peintres enfemble. Ce Maître avoit une imagination vive & féconde. Il excelloit fur-tout dans les raccourcis. Les graces de la compofition, la légèreté de la touche, le beau choix ne caractérifent point, pour l'ordinaire, fes Ouvrages: il a encore fculpté plufieurs Ouvrages de marbre. Il mourut à l'Escurial en Espagne, l'an 1685.

CANISIUS (Pierre) de Nimégue, Provincial des Jéfuites, fe fit eftimer par fon érudition & par fa piété. Il fit éclater l'une & l'autre au Concile de Trente. Il a laiffé plufieurs Ouvrages, dont les principaux, font: Summa Doctrina Chriftianæ, in-fol. Inftitutiones Chriftianæ. II mourut en 1597. "Henri CANISIUS, fon neveu, ne s'eft pas moins diftingué par fa fcience & fa Littérature. Il eft Auteur d'un grand nombre d'Ecrits: on estime sur-tout, Summa juris Canonici;antiquæ Lectiones: Recueil,de diverfes

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Pièces curieufes fur l'Hiftoire du moyen âge, & fur la Chronologie, réimprimé chez les Wefteins, & enrichi de notes utiles, par Jacques Bafnage en 7 tomes, qui font 4 vol. in-fol. avec le texte Grec joint aux Ouvrages, dont Canifius n'avoit donné que des Traductions Latines.

CANITZ ( le Baron de) d'une famille illuftre de Brandebourg, s'eft fait, en imitant Horace, la réputation du Poëte le plus élégant & le plus correct de l'Allemagne. Ses Poëfies font en petit nombre.

CANTEMIR (Démétrius) d'une famille illuftre de Tartarie, eut pour pére Conftantin, Gouverneur de 3 Cantons de Moldavie , que la Porte fit Prince de Moldavie, en 1684. Démétrius, né en 1673, fut envoyé en ôtage à Conftantinople, où il demeura jufqu'en 1691 ; & pendant fon féjour, dans cette Ville, il s'appliqua à la Langue & à la Mufique des Turcs, dans lefquelles il fit beaucoup de progrès. Il croyoit fuccéder à fon pére dans la Principauté de Moldavie, & les Nobles de ce pays l'avoient élû; mais l'argent d'un concurrent lui fit donner l'exclufion par la Porte,& ce ne fut qu'en 1710, que la guerre déclarée aux Turcs par le Czar Pierre, détermina à envoyer dans cette Province, le Prince Démétrius, comme feul ca

pable de la défendre contre l'irruption des Mofcovites. Il partit donc pour Jaffi, Capitale de la Moldavie, & à peine fut-il arrivé dans ses Etats, que la dureté avec laquelle il traitoit fes peuples, & la perfidie de la Cour Ottomane, à fon égard, lui firent naître la penfée de fe fouftraire à sa tyrannie. Il l'exécuta & conclut, avec Pierre le Grand,un Traité, par lequel la Moldavie fut mise fous la protection de la Ruffie; mais la malheureuse affaire de Pruth, fi fatale aux troupes Ruffiennes, fit évanouir les efpérances que Démétrius avoit conçues de fa nouvelle alliance. Il perdit la Moldavie, & n'auroit pas échappé lui-même aux recherches de fes ennemis, fans la générofité de fon Allié, qui ne vou lut jamais confentir à livrer ce Prince, quoique les Turcs exigeaffent cette condition, comme un Préliminaire du Traité, qu'il étoit forcé de faire avec eux. Démétrius resta caché dans le Caroffe de la Czarine, laquelle réuffit enfin à faire croire au Vifir que le Prince de Moldavie n'étoit pas au Camp, & adoucir ce Ministre par le don de ses pierreries. L'infortuné Démétrius fuivit en Ruffie, Pierre le Grand, qui, pour le dédommager de la perte de fes Etats, le créa Prince de l'Empire, lui donna des terres & des Domaines, & lui

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