CHANT VI.' Tandis que tout conspire à la guerre sacrée, 2 3 Du fond de son désert entend les tristes cris Vierge, effroi des méchants, appui de mes autels, 1. Ce chant parut avec le Ve au mois de janvier 1683. (La Harpe.) Te spes et albo rara Fides colit Velata panno, nec comitem abnegat... (Od., I, 35.) 4. Il y aura toujours quelque chose d'étrange à voir la Foi, l'Espérance et la Charité aux pieds de Thémis. 5. Boileau, avant l'impression, avait mis: Déesse aux yeux couverts. Il a bien fait de corriger ce début. Cherchent à me ravir crosses, mitres, tiares! Dans les temps orageux de mon naissant empire, Fuyant des vanités la dangereuse amorce, Aux honneurs appelé, n'y montoit que par force. 2 Et, sans peur des travaux, sur mes traces divines Et, pour toutes vertus, fit, au dos d'un carrosse, 1. Voici comment Louis Racine peint le trône de l'Église naissante : Sur les degrés sanglants je ne vois que des morts; Les pasteurs espéroient des supplices plus grands. 2. Nous avons déjà vu que ce mot, employé au pluriel dans le sens de cœurs, était d'un usage constant au xviie siècle. Bossuet, dans l'Oraison funèbre du prince de Condé, nous montre ce héros calmant sur le champ de bataille « les courages émus. » A côté d'une mitre armorier sa crosse. Le besoin d'aimer Dieu passa pour nouveauté ; 2 3 Pour éviter l'affront de ces noirs attentats, 1. C'est là le texte de Boileau, d'autres éditions ont donné à tort aux pieds. 2. Allusion à la morale des casuistes que Boileau a attaqués dans l'épitre XII". 3. La Grande-Chartreuse est dans les Alpes dauphinoises à une hauteur où les neiges durent les trois quarts de l'année. C'est là le texte de Boileau. Brossette avait cru devoir remplacer je vins par j'allai. Boileau, de 1683 à 1713, avait écrit ainsi frimats. « M. Didot, sans en avertir, a mis, en 1788, selon l'orthographe actuelle, frimas, ce qui a été imité aussi par presque tous les éditeurs modernes. Mais avec ce changement, le vers ne rime plus, ni pour les yeux, ni pour l'oreille. » (BERRIAT-SAINT-Prix.) M'a d'un triste désastre apporté la nouvelle : J'apprends que, dans ce temple où le plus saint des rois1 Et signala pour moi sa pompeuse largesse, Ainsi parle à sa sœur cette vierge enflammée : Chère et divine sœur, dont les mains secourables 1. Saint Louis, fondateur de la Sainte-Chapelle. (BOILEAU, 1683-1713.) 2. Théâtre alors sanglant des plus mortels combats. 3. Absolvitque deos. (VOLTAIRE, Henriade, ch. I, v. 71.) (CLAUDIEN, in Rufinum, liv. I, v. 21.) Le trépas de Rufin vient d'absoudre les dieux. (FRANÇOIS DE NEUFCHATEAU.) Et jamais de l'enfer les noirs frémissements N'en sauroient ébranler les fermes fondements. 1 Au milieu des combats, des troubles, des querelles, Crois-moi, dans ce lieu même où l'on veut t'opprimer, 2 Je vais t'ouvrir, ma sœur, une route assurée. Et de clients soumis à toute heure entouré. 3 Là, sous le faix pompeux de ma pourpre honorable, Pour régler ma balance et dispenser mes lois. 1. Tu es Petrus et super hanc petram ædificabo Ecclesiam portæ inferi non prævalebunt adversus eam. v. 18.) meam, et 2. La Sainte-Chapelle. Voir dans la Correspondance une lettre à Brossette du 2 d'août 1703. « Où étoient vos lumières quand vous avez douté si ce temple fameux dont parle Thémis dans le Lutrin est Notre-Dame ou la Sainte-Chapelle? Est-il possible que vous n'ayez pas vu que ce temple qu'elle désigne à la Piété est ce même temple dont la Piété vient de lui parler quelques vers auparavant?... Comment voulez-vous que le lecteur aille songer à Notre-Dame, qui n'a point été bâtie par saint Louis, et qui est si éloignée du Palais, y ayant entre elle et le Palais plus de douze fameuses églises, et principalement la célèbre paroisse de Saint-Barthélemy, qui en est beaucoup plus proche? >> 3. L'hôtel du premier président, où fut depuis la préfecture de police et qui a été démoli au commencement de 1859 pour faire place à un nouvel hotel. (M. CHÉRON.) 4. M. de Lamoignon, premier président. (BOILEAU, 1713.) |