Mon bras seul, sans latin, saura le renverser. Que m'importe qu'Arnauld me condamne ou m'approuve? Ce discours, que soutient l'embonpoint du visage, Mais le chantre surtout en paroît rassuré. Oui, dit-il, le pupitre a déjà trop duré : Par ces mots attirants sent redoubler son zèle. 1. Il y a dans la peinture de ce personnage plus d'un trait de ressemblance avec le frère Jean des Entommeures, de Rabelais. « Je n'estudie point de ma part; en nostre abbaye nous n'estudions jamais de peur des auripeaux (mal d'oreilles). Nostre feu abbé disoit que c'est chose monstrueuse veoir ung moyne sçavant. » (M. CH. AUBERTIN. Edit. classiq. E. Belin.) 2. « Autrefois œuvre était masculin au singulier quand il signifiait livre; il était encore masculin dans le style soutenu, pour des œuvres dont on voulait rehausser le mérite, et l'Académie, dans son Dictionnaire, donne encore un si grand œuvre, ce saint œuvre, un œuvre de génie. Les exemples abondent : Il faut faire de même un œuvre entreprenant. (RÉGNIER, sat. I.) Vous voyez en sa mort un œuvre de sa main. (ROTROU, Ant., III, 4.) Quelle morale puis-je inférer de ce fait? Sans cela toute fable est un œuvre imparfait. (LA FONTAINE, Fables, XII, 11.) Cet emploi est tombé en désuétude; tout au plus pourrait-on essayer de s'en servir dans la poésie en quelques cas choisis. » (E. LITTRÉ, Dict. de la langue française.) A ce terrible objet aucun d'eux ne consulte: 1. Illa usque minatur Et tremefacta comam concusso vertice nutat. (VIRGILE, Éneide, liv. II, v. 628-631.) Sternitur, exanimisque tremens, procumbit humi bos. VIRGILF, Eneide, liv. V, v. 481.) 2. Peuples de Sarmatie, voisins du Borysthène. (BOILEAU, 1713.) CHANT V.' L'Aurore cependant, d'un juste effroi troublée, 1. Publié avec le chant VI, en 1683, non vers le mois de septembre, comme le disent Brossette et d'autres éditeurs, mais au mois de janvier. (B.-S.-P.) — Desmarets disait sur le dernier vers du chant IV: « On voit par ce dernier vers que ce n'est ici que la moitié de l'ouvrage, puisque la victoire du prélat et de l'horloger (du perruquier), qui est le héros du poëme héroïque, doit en faire la catastrophe. Le poëte n'en a voulu donner que ces quatre chants, ayant dit dans la préface de son Lutrin qu'il eût bien voulu donner au public cette pièce achevée; mais, dit-il, des raisons très-secrètes, et dont le lecteur trouvera bon que je ne l'instruise pas, m'avoient empéché. Et l'auteur trouvera bon aussi que l'on croie que ces scules raisons, très-secrètes, sont qu'il n'a pu achever cet ouvrage, n'étant pas capable de faire jamais un corps qui ait toutes ses parties, ni de faire une conclusion. }}- Au dire de Saint-Marc, ce sont ces reproches qui sont cause que nous avons le Lutrin achevé. Il regrette, pour la gloire de Boileau, qu'il ait cédé aux excitations de Desmarets. Le Lutrin lui semble, en effet, un tout mal assorti, une ombre d'épopée. Voilà des raisons et des jugements qu'un lecteur sensé n'admettra jamais. Brossette avait expliqué les raisons secrètes de Boileau par cette note: « Ces raisons très-secrètes sont que le poëme n'étoit pas encore achevé. » Suivant Brossette, la veille que M. Colbert mourut (6 septembre 1683), l'abbé Gallois lui lut les deux derniers chants du Lutrin, et ce ministre, tout malade qu'il était, ne laissa pas de rire du combat imaginaire des chantres et des chanoines. Berriat-Saint-Prix croit cette anecdote suspecte. La date seule de cette lecture semble attaquée par son observation. 2. Qu'elle n'a jamais vus est de la grâce la plus riante et un des hémistiches les plus heureux de Boileau. (LE BRUN.)-Cette grâce en excuse la maligne exagération. (AMAR.)-S'il est permis de juger des chanoines riches du xvII siècle par ceux que nous avons connus au xvII", Boileau n'est coupable ni de malignité ni d'exagération. (B.-S. - P.) - Ceux qui liront le Voyage littéraire de deux religieux bénédictins de la congrégation de Saint Chez Sidrac aussitôt Brontin d'un pied fidèle Le vieillard de ses soins bénit l'heureux succès, Il veut partir à jeun. Il se peigne, il s'apprête; 4 Et deux fois de sa main le buis tombe en morceaux : Maur, publié en 1717, sauront que ce n'était ni chez les chanoines ni chez les chanoinesses qu'il fallait aller chercher ces exemples de vigilance et d'austérité qu'on trouvait dans d'autres ordres religieux. 1. N'oublions pas qu'au chant Ier, vers 190, Sidrac a dit : « ... Plaidons : c'est là notre partage. » Son humeur querelleuse est donc ici peinte à merveille. C'est ainsi que Chicaneau s'écrie dans les Plaideurs (scène dernière): Je vois qu'on m'a surpris; mais j'en aurai raison : Du plus de vingt procès ceci sera la source. 2. Vers bien fait où chaque mot a sa valeur. 3. Terme précieux et habilement employé ici. « Je mouille, je humette, je boy, et tout, de paour de mourir. » (RABELAIS, Gargantua, I, 5.) — Horace, Odes, IV, v, 39: Sicci mane die, dicimus uvidi, Cum sol Oceano subest. Seu quis capit acria fortis Pocula, seu modicis uvescit lætius... (Liv. II, sat. VI, v. 69.) 4. Dans les éditions de 1683 à 1698 il y a bouis. De 1701 à 1713, le bouys. Le Dictionnaire de l'Académie de 1694 admet qu'on dise bouis ou buis, Richelet donne aussi les deux, mais au mot Bouis. — Voici ce que dit Ménage dans ses Observations sur la langue françoise (1672) : « On dit buis dans les provinces et Ronsard parle toujours de la sorte. Mais à Paris Tel Hercule filant rompoit tous les fuseaux.1 Il voit de saints guerriers une ardente cohorte, Et subissons la loi qu'elle nous va dicter. Il dit à ce conseil, où la raison domine, : Sur ses pas au barreau la troupe s'achemine, Et bientôt, dans le temple, entend, non sans frémir, Entre ces vieux appuis dont l'affreuse grand'salle et à la cour on dit bouis. C'est donc comme il faut parler. » -M. Littré fait remarquer que c'est aujourd'hui tout le contraire. (Dict. de la langue française, au mot Buis.) 1. Ah! quoties digitis dum torques stamina duris, Prævalidæ fusos comminuere manus! (OVIDE, héroïde IX, Dejanira ad Herculem, v. 79-80.) 2. Ecce autem primi, sub lumine solis et ortus, Sub pedibus mugire solum... Adventante dea. (VIRGILE, Énéide, liv. VI, v. 256-259.) Talibus ex adyto dictis Cumaa Sibylla Horrendas canit ambages, antroque remugit. (Ibid., v. 97-98.) 3. Le pilier des consultations. (Boileau, 1713.)—C'est le premier de la grand'salle du côté de la chapelle du Palais. Les anciens avocats s'assem blent près de ce pilier où l'on vient les consulter. Il y a aussi une chambre des consultations vis-à-vis du pilier, à côté de la même chapelle. (BROSSETTE.)-C'est un usage qui a cessé vers le milieu du xvIIIe siècle. |