Œuvres de Denis Diderot, Volume 13

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Chez Desray ... et Deterville, 1798 - Philosophy
 

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Page 375 - M.es pensées bizarres sur le dessin. jLàA. nature ne fait rien d'incorrect. Toute forme , belle ou laide , a sa cause ; et , de tous les êtres qui existent , il n'y en a pas un qui ne soit comme il doit être.
Page 268 - Les uns assassinés dans les places publiques, Les autres dans le sein de leurs dieux domestiques; Le méchant par le prix au crime encouragé, Le mari par sa femme en son lit égorgé ; Le fils tout dégouttant du meurtre de son père, Et, sa tête à la main, demandant son salaire, Sans pouvoir exprimer par tant d'horribles traits Qu'un crayon imparfait de leur sanglante paix.
Page 320 - Elle garde encore dans la volupté je ne sais quoi de recherché, de rare, d'exquis, qui m'annonce que son travail est long, pénible, difficile, et que, s'il est permis de prendre le pinceau pour attacher à la toile une idée frivole qu'on peut créer en un instant et effacer d'un souffle, il n'en est pas ainsi du ciseau, qui, déposant la pensée de l'artiste sur une matière dure, rebelle, et d'une éternelle durée, doit, avoir fait un choix réfléchi, original et peu commun.
Page 418 - Dans chaque partie du monde, chaque contrée; dans une même contrée, chaque province ; dans une province, chaque ville ; dans une ville, chaque famille ; dans une famille, chaque individu ; dans un individu chaque instant a sa physionomie, son expression. L'homme entre en colère, il est attentif, il est curieux, il aime, il hait, il méprise, il dédaigne, il admire ; et chacun des mouvements de son âme vient se peindre sur son visage en caractères clairs, évidents, auxquels nous ne nous méprenons...
Page 272 - ... par les prêtres, et répondu affectueusement par une infinité de voix d'hommes, de femmes, de jeunes filles et d'enfants, sans que mes entrailles ne s'en soient émues , n'en aient tressailli , et que les larmes ne m'en soient venues aux yeux.
Page 210 - Malgré le secours dont le fils aîné de la maison peut être à son vieux père, à sa mère et à ses frères, il s'est enrôlé ; mais il ne s'en ira point sans avoir mis à contribution ces malheureux. Il vient avec un vieux soldat ; il a fait sa demande. Son père en est indigné ; il n'épargne pas les mots durs à cet enfant dénaturé qui ne connaît plus ni père, ni mère, ni devoirs, et qui lui rend injures pour reproches.
Page 213 - L'autre, les bras en l'air et les doigts écartés, semble concevoir les premières idées de la mort. La cadette, placée entre la fenêtre et le lit, ne saurait se persuader qu'elle n'a plus de père : elle est penchée vers lui ; elle semble chercher ses derniers regards; elle soulève un de ses bras, et sa bouche entr'ouverte crie : « Mon père, mon père! est-ce que vous ne m'entendez plus?
Page 189 - Je hais toutes ces petites bassesses, qui ne montrent qu'une âme abjecte; mais je ne hais pas les grands crimes : premièrement, parce qu'on en fait de beaux tableaux et de belles tragédies ; et puis, c'est que les grandes et sublimes actions et les grands crimes portent le même caractère d'énergie.
Page 206 - Les esquisses ont communément un feu que le tableau n'a pas. C'est le moment de chaleur de l'artiste, la verve pure, sans aucun mélange de l'apprêt que la réflexion met à tout ; c'est l'âme du peintre qui se répand librement sur la toile.
Page 4 - J'ai connu la couleur ; j'ai acquis le sentiment de la chair* ; seul, j'ai médité ce que j'ai vu et entendu ; et ces termes de l'art, unité, variété, contraste, symétrie, ordonnance, composition, caractères, expression, si familiers dans ma bouche, si vagues dans mon esprit, se sont circonscrits et fixés.

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