les corps que par insti que la question abstraite et spéculative des Causes occasionnelles fût en droit d'exciter des passions et des tempêtes dans le coeur humain : quand serions-nous donc de sang-froid ? Quelquefois, en voyant nos grands hommes disputer avec tant d'aigreur, et, qui pis est, avec si peu de bonne foi , j'admire leurs raisonne mens, et j'ai pitié de leur raison. Ils parlent de philosophie, mais ils ne parlent pas en philosophes. Vous prétendez que j'ai supposé ce qui était en question. Je ne répondrai point précisément à toutes vos paroles : cela commencerait une dispute où le public n'entendrait rien, et où peutêtre nous ne nous entendrions pas nous-mêmes. Il vaut mieux que je remette dans une nouvelle forme qui prévienne votre difficulté, l'argument que vous trouvez faux dans le livre des Doules. Puisque , selon le P. Malebranche et vous, n'ont nulle force de faire passer les uns dans les autres, par le choc, les mouvemens qu'ils ont reçus de Dieu , et qu'il a fallu que Dieu ait établi une Cause occasionnelle de la communication des mouvëmens , il a pu établir pour Cause occasionnelle quelque au tre chose que le choc : car rien ne peut être de sa nature Cause occasionnelle de quoi que ce soit ; ce ne peut être tution. Je veux donc que Dieu , au lieu d'établir le choc Cause occasionnelle de la communication des mouvemens , en ait établi Cause occasionnelle le passage de deux corps à une certaine distance l'un de l'autre ; par exemple, à une ligne qui sera moyenne proportionnelle entre leurs diamètres. Tout l'ordre de l'univers matériel roulerait sur ce nouveau principe. Alors quand je viendrais à examiner la question des Causes occasionnelles selon la méthode que j'ai tenue dans le troisième chapitre des Doutes, je dirais : Le passage de deux corps à cette distance supposée est-il véritablement la Cause occasionnelle de la communication de leurs mouvemens ? Et pour le découvrir, je supposerais qu'avant que Dieu eût fait le décret qui établirait ce passage prétendu Cause occasionnelle de la communication des mouvemens , il voulât simplement mouvoir les deux corps A et B, tant que rien pris hors de lui ne s'y opposerait. Je trouverais que corps A et B seraient mûs toute l'éternité sans nul changement; et j'aurais beau les concevoir passant à une distance l'un de l'autre, qui serait moyenne proportionnelle entre leurs diamètres , je ne concevrais jamais que passage eût aucune liaison naturelle et nécessaire avec le changement de leurs mouvemens. Je concluerais : Ce passage est donc une vraie Cause occasionnelle de la communication des mouyemens, puisqu'avant que ce Dieu lui ait donné cette qualité , qui n'est que d'institution , il n'avait de lui-même nulle liaison avec la communication des mouvemens. Appliquez ce raisonnement au choc, vous trouverez tout le contraire. Dieu , avant que d'avoir établi le choc Cause occasionnelle de la communication., veut mouvoir les deux corps A et B dans les circonstances que j'ai marquées ; et ce que je n'ai pas assez marqué, il les veut mouvoir tant que rien pris hors de lui ne s'y opposera. Remarquez bien , s'il vous plaît , qu'on peut supposer que Dieu ait fait un décret sur le mouvement de deux corps , sans en avoir fait un sur la communication de leurs mouvemens, parce que la première de ces deux choses n'enferme point la seconde. A et B viennent à se choquer. Jusqu'ici tout s'est pu faire par le simple décret qui a mis A et B en mouvement. Mais ici , au point du choc , je vois qu'il faut de nécessité absolue qu'il arrive un changement, quel qu'il soit. Et la nécessité de ce changement est prise , non de la volonté de Dieu, car , selon l'hypothèse , il remuerait enore A et B de la même façon , si rien pris hors de lui ne s'y opposait : mais elle est prise de la nature des corps et de leur impénétrabilité, qui s'oppose absolument à la continuation du mouvement de A et de B, tel qu'il était. Il y a donc une liaison nécessaire entre la nature de A et de B, et un changement, quel qu'il soit. La nature des corps, ou le choc , ce qui revient au même, sera donc Cause véritable, et non pas Cause occasionnelle de ce changement. Voilà le raisonnement que j'avais fait dans les doutes; mais rendu plus clair et plus sensible par le parallele que j'ai imaginé du choc et du passage à une ligne, etc. Attachez-vous , je vous prie, à ce parallèle d'opposition, et examinez attentivement d'ou naît la différence. Je vous prie de mettre dans le même journal où vous insérerez tout ceci , la réponse que vous y ferez, et de me marquer bien précisément le point où je me serai trompé. Est-il possible que jamais, à force de dispute , on ne conviendra de rien ? Je voudrais avoir vu cela arriver une fois en ma vie , fût-ce à mes dépens. CONTENUES DANS CE VOLUME. I 2 18 Préface de l'Histoire de l'académie des sciences, depuis 1666 jusqu'en 1699. Page 1 Préface de l’Analyse des Infiniment petits, du marquis de l'Hôpital. Préface des Élémens de la Géométrie de l'Infini. Discours prononcé par Fontenelle à l'acad. des sciences, etc. 29 PRÉFACE sur l'utilité des mathématiques et de la physique, etc. 31 Histoire du renouvellement de l'académie royale des sciences en 1669. 39 RÉGLEMENT ordonné par le roi pour l'académie royale des sciences. 40 Éloges des Académiciens de l'académie royale des sciences, morts depuis 1699. 49 Éloge de Bourdelin. 51 Éloge de Rolle. 285 de Tauvry. 52 290 de Tuillier. 53 du marquis de Dangeau. 304 de Viviani. 54 de l'abbé des Billettes. 309 du marquis de l'Hôpital. de d'Argenson. 311 de Bernoulli, de Couplet. 321 de Amontons. de Mery. 324 de du Hamel. de Varignon. 330 de Regis. du Czar Pierre I'r. 338 du maréchal de Vauban. de Littre. 356 de l'abbé Gallois. 103 de Hartsoeker, 107 374 de Tournefort. de Malezieu. 382 de Tsehirnhaus. 124 de Newton. de Poupart. 132 du Père Reyneau. de Chazelles. 135 du maréchal de Tallard. 406 de Guglielmini. 141 du P. Sébastien Truchet. 409 de Carré. de Bianchini. de Bourdelin. 156 de Maraldi. de Berger. 159 de Valincourt. de Cassini, 160 de du Verney de Blondin. 177 du comte Marsigli. de Poli. 179 de Geoffroy. 182 454 de Lemery. du président de Maisons. 261 de Homberg. 193 de Chirac. 463 du Père Malebranche. de Louville. de Sauveur. 216 de Lagny. de Parent. de Ressons. 481 de Leibnitz, 226 484 de Ozanam. 252 492 501 de la Faye, 267 512 521 308 523 361 116 387 403 152 415 430 426 434 440 201 471 475 222 Discours prononcé par Fontenelle pour sa réception à l'aca- 526 COMPLIMENT fait au Roi sur son sacre , par Fontenelle. COMPLIMENT fait au Roi sur la mort de MADAME.. COMPLIMENT au duc d'Orléans sur le même sujet. RÉPONSE de Fontenelle au cardinal Dubois lorsqu'il fut reçu RÉPONSE de Fontenelle à Néricault Destouches lorsqu'il fut RÉPONSE de Fontenelle à la réception des députés de l'aca- RÉPONSE de Fontenelle à M. de Mirabaud. RÉPONSE de Fontenelle à M. l'évêque de Luçon. Discours prononcé par Fontenelle à l'ouverture de l'assem- blée publique du 25 août 1741. Discours lu dans l'assemblée publique du 25 août 1749. 555 Réponse de Fontenelle à M. l'évêque de Rennes. THÉORIE DES TOURBILLONS CARTÉSIENS. Section I". Suppositions et Idées préliminaires. Section II. De la Force centrifuge. SECTION III. De la circulation des Solides et des Fluides. Section IV. Considération plus particulière du Tourbillon solaire, 574 SECTION V. Du Corps solide dans un Tourbillon. SECTION VI. Du Tourbillon dans un Tourbillon. SECTION VII. Détails plus particuliers du Tourbillon Solaire. SECTION VIII. Du Tourbillon environné par d'autres Tourbillons. 593 Section IX. Sur les Atmosphères des Corps célestes. RÉFLEXIOns sur la Théorie précédente. Doutes sur le système physique des Causes occasionnelles. 615 CHAPITRE 1er. Occasion de l'Ouvrage. CHAPITRE II. Histoire des Causes occasionnelles. CHAPITRE III. Qu'il semble que les corps ne sont point Causes occa- sionnelles, mais Causes véritables de mouvemens les uns à l'égard des CHAPITRE IV, Qu'il semble que, dans le système des Causes occa- 623 CHAPITRE- V. Qu'il semble que dans le système des Causes occasion- nelles , Dieu n'agit point par des lois générales. CHAPITRE VI. Qu'il semble que le système des Causes occasionnelles Dieu plus souverain, que le système commun de la force FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. |