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chandelles. Cette promenade souterraine n'est pas aussi. effrayante qu'on est porté à le croire dès l'abord, bien que de tous côtés l'on soit entouré d'une muraille dont l'épaisseur échappe à tout calcul.

Le puits peut avoit 4 pieds par 12 pieds d'ouverture. Les galeries, creusées de hauteur d'homme, ont de 6 à 12. pieds de largeur.

La veine va de haut en bas, suit la coupe du rocher et varie de un pouce à six pieds d'épaisseur.

Le minerai donne un rendement d'à peu près $30 à $40 la tonne.

J'ai vu, à distance, une mine d'où l'on retire, paraît-il, pour $100,000 de minerai par mois.

Les mineurs sont de braves gens qui vivent dans des maisonnettes construites à proximité des mines où ils travaillent.

Nous avons bien eu un peu de pluie et de froid d'automne, ces jours derniers, mais nous jouissons mainte-nant d'une température d'août.

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CHARLES GUERIN

ROMAN DE MŒURS CANADIENNES

ILLUSTRATIONS DE J.-B. LAGACÉ.

(Suite)

Au premier coup d'archet Jules de Lamilletière se mit en place avec Clorinde, Louise avec un des militaires fit leur vis-à-vis. Charles se tint près du quadrille et par

un effort de hardiesse et d'habileté trouva le moyen d'engager Mlle Wagnaër pour le troisième. Elle l'était déjà pour le second avec l'autre militaire.

L'entrain de la danse, la musique assez bonne, l'éclat de la fête ne tardèrent pas à animer tous les invités d'une gaieté bruyante qui effaça bientôt les distinctions les plus désagréables. Le bal fut ravissant.

Clorinde, après

avoir dansé avec Charles, refusa tout autre cavalier, sous le prétexte que lui offrait son rôle de maîtresse de maison. Elle fit avec Louise et son frère le tour des appartements et du jardin pour voir si tout était bien.

En passant près des peupliers du jardin, Charles aperçut son ami Voisin qui s'était adossé à un de ces arbres et paraissait chercher dans la contemplation de la voûte étoilée, une compensation à sa solitude et à son ennui. Il eut pitié de lui et l'indiquant à Clorinde qui ne put s'empêcher de sourire, il prit congé d'elle et fut le rejoindre.

Comme pour remercier son ami, Henri ne tarit pas en éloges sur Louise et sur Clorinde. Il le félicita d'avoir dans une de ces charmantes personnes, une sœur chérie, et dans l'autre....bientôt, peut-être, plus qu'une sœur.

Il est juste de dire qu'il y avait encore plus de vérité que de flatterie dans ces paroles. Mlle Wagnaër et Mlle Guérin étaient bien certainement les deux reines du bal, quoique belles chacune à sa manière. Clorinde, un peu brune, avait un de ces teints animés et transparents qui ont le velouté de la pêche. Elle avait de grands yeux noirs tempérés dans leur éclat par la mélancolie que projetaient sur leurs regards les longs cils qui les recouvraient, un profil grec assez correct, des lèvres un peu plus épaisses qu'un peintre ne l'aurait désiré, mais pleines de fraîcheur et de volupté dans leurs contours. Son expression un peu sévère devenait gracieuse lorsqu'elle causait; elle avait quelque chose de compliqué qui manquait à la blonde et naïve figure de Louise.

Les charmes de cette jeune fille, son amour qu'elle ne lui dissimulait guères, les magnificences de la soirée et, pour tout dire, quelques verres d'un vin généreux que Charles s'était versé au buffet en compagnie de son ami, tout cela lui avait monté la tête à un degré difficile à décrire. Il se livrait à une splendide improvisation dans laquelle il construisait des châteaux et organisait des fêtes dignes des Mille et une nuits, lorsqu'un domestique vint annoncer aux deux jeunes gens, que M. Wagnaër désirait les entretenir un moment. Ils le suivirent et trouvèrent leur hôte qui les attendait dans une petite chambre voisine de

son magasin, dans la seule partie de la maison qui ne fût pas envahie par la foule des invités. Il avait avec lui Guillot son commis et un jeune homme inconnu.

-Je vous demande mille pardons, dit-il, de vous avoir enlevés à vos amusements, surtout pour vous parler d'affaires. Je vous tiendrai ici le moins longtemps possible, et comme je n'y vais point par quatre chemins, ce sera bientôt fait. Monsieur Jean Bernard, que je vous présente, est le fils d'un de mes amis. Il se propose de fonder un établissement de commerce dans le district de Gaspé. Il y a beaucoup à faire dans ces endroits, et je crois qu'avec un peu d'encouragement il réussira. J'aime à favoriser les jeunes gens, et surtout les jeunes Canadiens. Après cela, vous me direz que c'est bien juste, puisque j'ai fait ma fortune ici....Il faudrait à M. Bernard deux mille louis pour faire partir ses affaires. Hum! deux mille louis, par le temps qui court, M. Bernard, savez-vous bien que ça ne se trouve point dans le pas d'un cheval! Mais, comme je vous le disais, il y a un instant, je crois que nous en viendrons à bout. Sept cent cinquante louis que Monsieur a par lui-même, et sept cent cinquante louis que je viens de lui prêter, cela fait bien quinze cents louis. Il est vrai qu'après cela je me trouve épuisé, mais il reste mon crédit, qui est bon, Dieu merci. En partant avec M. Bernard demain matin pour Québec, je trouverai là des amis qui nous endosseront des billets et j'aurai aisément quelques cents louis aux banques. La seule objection, c'est qu'un voyage à Québec dans ce moment-ci me contrarierait beaucoup. Je suis au plus fort de mes affaires ....J'étais très embarrassé, lorsque Guillot, qui a de bonnes idées, m'a fait penser à vous, Messieurs. Vos noms sont assez connus. Placés avec le mien, pour la forme, sur le dos d'un billet, ils feraient l'affaire sans aucune difficulté. J'ai pensé que vous aimeriez à vous joindre à une bonne action, et à rendre service à un jeune compatriote.

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J'ai préparé deux billets de cent cinquante louis chacun. Vous n'avez qu'à dire si cela vous convient. Si ça vous gênait le moins du monde, nous n'en serions pas pires amis.

Après quelques observations, Henri Voisin, sans trop hésiter, endossa l'un des billets, fait à son ordre par Jean Bernard. Charles Guérin suivit son exemple et mit son nom sur l'autre billet.

M. Wagnaër écrivit le sien au-dessous.

Et l'on rentra dans la salle du bal, et le bal dura jusqu'au jour.

FIN DE LA SECONDE PARTIE.

TROISIÈME PARTIE.

I

SOUS LES SAPINS

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U bout de la terre de Jacques Lebrun, sur la lisière du bois se trouvait une longue suite de grosses roches, recouvertes, pour la plupart, de mousses épaisses et de lichens, et entre lesquelles s'élevaient plusieurs sapins à la sombre verdure. pied des sapins, à travers les cailloux, un ruisseau qui, dans les grandes eaux, devenait un torrent, précipitait une onde fraîche et écumante.

Au

C'était une des plus chaudes journées de l'été. Un soleil ardent desséchait l'herbe des

NOVEMBRE.-1898.

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