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Les diverses régions de l'arrondissement de Nogent-surSeine et celles de la partie ouest de celui de Troyes, contrées où il existe de fortes dépressions de terrain, et où le silex se trouve naturellement, ont dû être habitées à une époque plus éloignée que les pays de plaines, et les habitants devaient être bien plus nombreux. Il n'en est pas moins vrai que ces derniers pays ont été habités tout au moins à la fin de la période quaternaire; car on y trouve des haches du type dit de Saint-Acheul, et des pièces du type du Moustier, c'est-àdire contemporaines des animaux dont les espèces sont éteintes.

Les instruments de l'époque de la pierre polie sont naturellement plus nombreux que ceux des époques précédentes. Un assez grand nombre ont déjà été recueillis sur plusieurs points du département de l'Aube, et parmi ceux-ci, on peut remarquer des pièces fort caractérisées, telles que : pointes de flèches avec ou sans ailerons, grattoirs et autres pièces admirablement retouchées.

Le musée de Troyes renferme une série assez complète de silex taillés que M. Jules Ray a fait recueillir sur différentes communes de l'Aube; mais malgré toutes les recherches, l'on n'a pas encore trouvé de polissoirs dans d'autres pays que dans ceux des arrondissements de Troyes et de Nogentsur-Seine, c'est-à-dire dans les contrées où se rencontrent naturellement les blocs de grès dur.

Les objets en silex, taillés à éclats ou polis, que l'on rencontre là où le silex n'existe pas dans le sol, ont dù certainement être apportés tout taillés; les signes caractéristiques qui s'observent sur chaque spécimen que l'on trouve, l'absence presque complète d'éclats informes ou de déchets tels que ceux que l'on rencontre en si grand nombre dans la contrée d'Othe, et le manque de polissoirs démontrent assez clairement que les outils étaient taillés à l'endroit même où l'on extrayait le silex.

Depuis quelques années, M. Jules Ray et M. Camille Journé

cherchent à rassembler des matériaux sur les monuments mégalithiques de l'Aube. Ayant eu, plusieurs fois, occasion de faire des excursions pour contribuer et aider à ces recherches, nous avons parcouru, avec un grand intérêt, des pays qui seront longtemps encore curieux, par la présence de vestiges que le temps ne peut détruire, et que les hommes apprendront enfin à respecter; c'est là du moins nos souhaits. et nos espérances.

Puissent les lecteurs de cette courte notice comprendre et sentir quels intéressants souvenirs se rattachent aux monuments mégalithiques, legs précieux des générations de ces âges si reculés.

Troyes, le 12 Novembre 1880.

Après avoir terminé cette petite notice, nous apprenons que M. Rondineau, Préfet de l'Aube, auquel M. Jules Ray avait écrit pour le prier de vouloir bien s'intéresser à la conservation du polissoir d'Ossey-les-Trois-Maisons, vient de donner une réponse des plus satisfaisantes. Le Conseil municipal d'Ossey, s'associant avec empressement au désir qui lui était exprimé par M. le Préfet, a bien voulu faire don au Musée de Troyes de cet intéressant monument mégalithique.

On est heureux de pouvoir compter sur le concours du premier magistrat de notre département, pour la conservation des antiques monuments de l'Aube. M. le Préfet, qui a administré le département du Morbihan, si riche en monuments préhistoriques, connaît, en effet, l'intérêt scientifique qui s'y attache.

Nous avons connaissance d'un nouveau Polissoir que nous nous empressons de signaler.

M. Amand Horiot, membre de la Société Académique de l'Aube, à Nogent-sur-Seine, qui depuis plusieurs années donne à M. Jules Ray le concours le plus empressé pour un inventaire des monuments mégalithiques de l'Aube, vient de découvrir ce nouveau polissoir sur le territoire d'Avant-lesMarcilly. Voici les principaux renseignements que nous puisons dans une lettre de M. Horiot, que M. Jules Ray a bien voulu nous communiquer :

Il existe un polissoir sur le finage d'Avant-les-Marcilly, dans la contrée dite Moizat, sur un terrain appartenant à M. Elie Guillot, propriétaire à Fontenay-le-Pierreux, commune de Soligny-les-Etangs. Cette pierre mesure 1m 70, sur 1m 25, et a une épaisseur de 50 à 60 centimètres; elle porte 7 rainures de différentes dimensions. Son poids approximatif est de 2,500 kilos.

Troyes, le 31 décembre 1880.

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TOURELLE D'UNE MAISON DE LA RUE JUVENAL DES URSINS A TROYES.

Dessinée d'après nature. Août 1880.

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