Tableau littéraire du XVIIIe. siècle, ou, Essai sur les grands écrivains de ce siècle, et les progrès de l'esprit humain en France: suivi de L'Éloge de la Bruyère : avec des notes at des dissertations : ouvrages qui ont remporté les prix d'éloquence décernés par la classe de la langue et de la littérature françaises de l'institut, dans sa séance du 4 Avril 1810

Front Cover
Michaud frères, 1810 - French literature - 297 pages

From inside the book

Selected pages

Common terms and phrases

Popular passages

Page 227 - L'on voit * certains animaux farouches , des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs , livides, et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu'ils fouillent et qu'ils remuent avec une opiniâtreté invincible : ils ont comme une voix articulée ; et quand ils se lèvent sur leurs pieds , ils montrent une face humaine , et en effet ils sont des hommes.
Page 227 - ... montrent une face humaine, et en effet ils sont des hommes. Ils se retirent la nuit dans des tanières où ils vivent de pain noir, d'eau et de racines ; ils épargnent aux autres hommes la peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, et méritent ainsi de ne pas manquer de ce pain qu'ils ont semé.
Page 277 - Il n'ya point d'ouvrage si accompli qui ne fondît tout entier au milieu de la critique, si son auteur voulait en croire tous les censeurs , qui ôtent chacun l'endroit qui leur plaît le moins.
Page 274 - Être avec des gens qu'on aime, cela suffit : rêver, leur parler, ne leur parler point, penser à eux, penser à des choses plus indifférentes, mais auprès d'eux, tout est égal.
Page 280 - Tout est étranger dans l'humeur, les mœurs et les manières de la plupart des hommes. Tel a vécu pendant toute sa vie chagrin, emporté, avare, rampant, soumis, laborieux , intéressé , qui était né gai , paisible , paresseux , magnifique, d'un courage fier, et éloigné de toute bassesse : les besoins de la vie, la situation où l'on se trouve, la loi de la nécessité, forcent la nature et y causent ces grands changements.
Page 241 - Le manieur d'argent, l'homme d'affaires est un ours qu'on ne saurait apprivoiser; on ne le voit dans sa loge qu'avec peine: que dis-je? on ne le voit point; car d'abord on ne le voit pas encore, et bientôt on ne le voit plus.
Page 276 - Le sage guérit de l'ambition par l'ambition même ; il tend à de si grandes choses , qu'il ne peut se borner à ce qu'on appelle des trésors , des postes , la fortune , et la faveur.
Page 276 - Un honnête homme se paye par ses mains de l'application qu'il a à son devoir par le plaisir qu'il sent à le faire , et se désintéresse sur les éloges , l'estime et la reconnaissance , qui lui manquent quelquefois.
Page 276 - ... choses , qu'il ne peut se borner à ce qu'on appelle des trésors , des postes , la fortune , et la faveur. Il ne voit rien dans de si faibles avantages qui soit assez bon et assez solide pour remplir son cœur, et pour mériter ses soins et ses désirs; il a même besoin d'efforts pour ne les pas trop dédaigner.
Page 269 - ... convient; si vous voulez qu'il le soit, il le sera sans que je le veuille et le désire ; que votre royaume arrive ou n'arrive pas, cela m'est indifférent. Je ne vous demande pas aussi que votre volonté soit faite en la terre comme au ciel, elle le sera malgré que j'en aie. C'est à moi à m'y résigner. Donnez-nous à tous notre pain de tous les jours, qui est votre grâce, ou ne nous...

Bibliographic information