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que le sel gemme pur', ou mêlé à l'argile muriatifère, ne puisse être le dépôt d'une mer ancienne; mais tout annonce qu'il s'est formé dans un ordre de choses qui ne ressemble aucunement à celui dans lequel les mers actuelles, par une lente évaporation, déposent quelques parcelles de muriate de soude sur les sables de nos plages. De même que le soufre et les houilles appartiennent à des époques de formation très-éloignées les unes des autres, le sel gemme se trouve aussi, tantôt dans le gypse de transition3, tantôt dans. le calcaire alpin', tantôt dans une argile muriatifère couverte par le grès coquillier très-récent, tantôt enfin dans un gypse postérieur à la craie.

'Ceux de Wieliczka et du Pérou.

2 Celui de Hallein, Ischl et Zipaquira.

3 Uebergangsgyps, dans le schiste de transition de l'Allée blanche et entre le Grauwacke et le calcaire noir de transition, près de Bex, au-dessous de la Dent de Chamossaire, selon M. de Buch. 4 Hall en Tyrol.

5 Punta Araya.

6 Gypse de troisième formation parmi les gypses secondaires. La première formation renferme le gypse

La nouvelle saline d'Araya renferme cinq réservoirs ou vasets, dont les plus grands ont

dans lequel se trouvent les sources salées de la Thuringe, et qui est placé, soit dans le calcaire alpin ou zechstein, auquel il appartient essentiellement (Freiesleben, Geognost. Arbeiten, T. II, p. 121), soit entre le zechstein et le calcaire du Jura, soit entre le zechstein et le grès nouveau. C'est le gypse ancien de formation secondaire, de l'école de Werner (alterer Flözgyps), qu'on pourroit presque appeler de préférence gypse muriatifère. La seconde formation se compose du gypse fibreux placé soit dans la molasse ou grès nouveau, soit entre celui-ci et le calcaire supérieur. Elle abonde en argile commune qui diffère essentiellement du Salzthon ou argile muriatifère. La troisième formation de gypse est plus récente que la craie; `c'est elle qui renferme le gypse à ossemens de Paris, et, comme il paroit résulter des recherches de M. Steffens (Geogn. Aufsätsze, 1810, p. 142), le gypse du Segeberg, en Holstein, dans lequel le sel gemme est disséminé quelquefois en uids très-petits (Jenaer Litterat.Zeit, 1813, p. 100). Le gypse de Paris, placé entre une pierre calcaire à cérithes qui recouvre la craie et un grès sans coquilles, se distingue par des ossemens fossiles de quadrupèdes détruits, tandis que les gypses du Segeberg et de Lunebourg, dont le gisement est moins certain, sont caractérisés par les boracites qu'ils enveloppent. Deux autres formations, de beaucoup antérieures aux trois que nous venons

une forme régulière et deux mille trois cents toises carrées de surface. Leur profondeur moyenne est de huit pouces. On se sert à la fois des eaux de pluie, qui, par infiltration, se réunissent au point le plus bas de la plaine, et de l'eau de la mer que l'on fait entrer par des canaux ou martellières, lorsque le flot est poussé par le vent. La position de cette saline est moins avantageuse que celle de la Lagune. Les eaux qui se jettent dans celle-ci viennent par des pentes plus inclinées, et ont lessivé une plus grande étendue de terrain. Les indigènes se servent de pompes mues à bras d'hommes pour transporter l'eau de la mer

d'indiquer, sont le gypse de transition (Uebergangsgyps) d'Aigle, et le gypse primitif (Urgyps) de la vallée Canaria près d'Airolo. Je pense rendre service au petit nombre de géologues qui préfèrent la connoissance des faits positifs à des spéculations sur l'origine des choses, en leur fournissant des matériaux d'après lesquels ils pourront généraliser leurs idées sur le gisement des roches dans les deux hémisphères. L'ancienneté relative des formations est l'objet principal d'une science qui doit nous faire connoître la construction du globe, c'est-à-dire la nature et la superposition des couches pierreuses qui constituent la croûte extérieure de notre planète,

d'un réservoir principal dans les vasets. Il seroit cependant assez facile d'employer le vent comme moteur, la brise soufflant toujours avec force sur cette côte. On n'a jamais pensé ni à emporter les terres déjà lessivées, 'comme cela se pratique de temps en temps à l'île de la Marguerite, ni à creuser des puits dans l'argile muriatifere, pour trouver quelques couches plus riches en muriate de soude, Les saulniers se plaignent en général du manque de pluie; et, dans la nouvelle saline, il me paroît difficile de déterminer quelle est la quantité de sel qui est due uniquement à l'eau de la mer. Les indigènes l'évaluent à un sixième du produit total. L'évaporation est extrêmement forte et favorisée par le mouvement constant de l'air: aussi la récolte du sel se fait dix-huit à vingt jours après qu'on a rempli les bassins. Nous trouvâmes' la température de l'eau salée, dans les vasets, de 32°,5, tandis que l'air, à l'ombre, étoit de 27°,2, et le sable des côtes, à six pouces de profondeur, de 42o,5. Nous fumes surpris de voir que le thermomètre, plongé dans la mer,

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Le 19 août 1799, à trois heures après midi.

ne montoit qu'à 23o,1. Cette basse température' est peut-être due aux bas-fonds qui entourent la péninsule d'Araya et l'île de la Marguerite, et sur les accores desquels les couches d'eau inférieures se mêlent aux eaux de la surface.

Quoique le muriate de soude soit fabriqué avec moins de soin à la péninsule d'Araya que dans les salines d'Europe, il est cependant plus pur et renferme moins de muriates et de sulfates terreux, Nous ignorons si cette pureté doit être attribuée à la partie du sel qui est fournie par la mer; car, quoiqu'il soit extrêmement probable que la quantité des sels dissous dans les eaux de l'Océan est peu près la même sous toutes les zones,

à

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Voyez plus haut, p. 181.

2 A l'exception des mers méditerranées et des régions où se forment les glaces polaires. Voy. plus haut, T. I, p. 146,T. II, p. 158. Cette égalité de salure des eaux de la mer (de 0,024 à 0,028) rappelle l'uniformité beaucoup plus grande encore avec laquelle l'oxygène est répandu dans l'Océan aérien. Dans l'un et l'autre de ces élémens, les courans établissent et conservent l'équilibre entre les parties dissoutes ou mêlées entre elles (Bayly et Cook, Original Observ., p. 345).

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