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pas la suite que ce coëfficient ne donnoit des hauteurs exactes, en a substitué un autre fourni par les excellentes observations de M. Ramond. En examinant la relation manuscrite du voyage de Borda, on ne peut deviner la source d'une erreur qui paroît excéder de beaucoup celle de la mesure barométrique du Mont-Blanc par Saussure. Le baromètre correspondant a été observé, à l'Orotava, de quart d'heure en quart d'heure; ses plus grandes variations, en vingt-quatre heures, ont été de quelques dixièmes de ligne. On a vérifié avec soin les échelles; on a tenu compte de l'accumulation du mercure dans la cuvette 1. Les thermomètres ont été observés à l'ombre; les moindres circonstances se trouvent indiquées dans les journaux de MM. de Borda et Varela. Ces voyageurs sont même les seuls qui aient porté deux baromètres à la cime du Piton. Les deux instrumens s'accordoient à 3 ou 4 dixièmes de ligne, et l'on prenoit constamment la moyenne entre les deux. Si l'on ne connoissoit pas avec assez de précision la véritable hauteur du Pic, on

*Elle étoit de 0,9 de ligne au bord du cratère,

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devroit penser que la mesure barométrique faite en 1776 ne pourroit être en erreur de..., tandis qu'elle l'est probablement au delà de ... Il suffit de comparer les indications du baromètre et du thermomètre de Borda avec les indications de ces mêmes instrumens dans les voyages de Lamanon et de M. Cordier, pour reconnoître que, dans la matinée du 1.er octobre 1776, sur le sommet du Piton, la pression de l'air a éprouvé une modification extraordinaire et très-problématique. Voici les élémens de cette comparaison :

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les

On est frappé de voir dans ce tableau que M. de Borda a trouvé ses baromètres, au sommet du Pic, 4 lignes plus bas que d'autres observateurs, et sans que les indications du thermomètre servent à expliquer une si énorme différence dans la pression atmosphérique'. On pourroit croire que les instrumens se soient dérangés pendant la nuit que voyageurs ont passée à la station des Rochers; mais on trouve marqué tout exprès, dans les journaux de MM. de Borda et Varela, que, le lendemain du voyage, la différence entre le baromètre de M. Pasley, à l'Orotava, et ceux qui avoient servi à la mesure du Piton, étoit restée la même à deux dixièmes de ligne près. Le volcan de Ténériffe, comme tous les Pics trèsélancés, est sans doute peu propre à essayer

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L'erreur d'un degré dans l'indication de la température de l'air ne changeroit encore la hauteur du Pic qu'à peu près de 3 tois. Un grand nombre de bonnes observations, faites à la cime du Saint-Bernard, prouve que les élévations totales calculées sont trop grandes ou trop petites chaque fois que les températures sont au-dessus ou au-dessous de la température moyenne des deux stations, Journal de Physique, T. LXXI, p. 10.

l'erreur des coëfficiens barométriques. Il se forme des vents obliques sur la pente rapide de la montagne, et il est à supposer que, lors de la mesure de M. de Borda, un vent ascendant très-violent, ou quelque autre cause perturbatrice inconnue, ont fait baisser le baromètre. Le temps avoit été pluvieux la veille; le décroissement du calorique étoit d'une extrême lenteur, et vraisemblablement très-peu uniforme, ce qui met en défaut toutes les formules: malgré ces circonstances, sans le témoignage d'un observateur aussi exact que M. de Borda, on auroit de la peine à croire que la pression barométrique pût changer de quatre lignes à une hauteur de plus de 1900 toises et aux limites de la zone torride. Il en est d'une mesure barométrique isolée comme d'une longitude déterminée par le simple transport du temps. L'une et l'autre, exécutées avec de bons instrumens et dans des circonstances favorables, sont susceptibles d'une grande exactitude; mais, lorsque les variations météorologiques ou le retard du chronomètre ne suivent pas une marche régulière et uniforme, il est impossible de fixer la limite des erreurs, comme on le fait avec succès, en

discutant une opération géométrique, ou le résultat d'une série de distances lunaires.

Après avoir exclu la mesure barométrique de Borda, il nous en reste deux autres qui inspirent une grande confiance et dont l'une paroît pécher un peu par défaut, comme l'autre par excès. Nous avons déjà fait remarquer que leur résultat moyen ne differe pas de 0,003 de la mesure géométrique, et nous ne donnerons pas la préférence aux observations barométriques de Lamanon sur celles de M. Cordier, parce que nous croyons avoir prouvé que le résultat même de la triangulation pourroit bien être trop petit de quelques toises, et que M. Cordier a fait son voyage par un temps très-beau et très-constant. Ce savant pense que sa mesure doit donner un résultat très-approchant de la vérité, à cause des précautions nombreuses qu'il a prises pour éviter les erreurs'. L'observation a été faite le matin, et l'on sait que, pour cette époque du jour, la formule de M. La Place donne des hauteurs trop foibles, parce que son coefficient a été déterminé par des observations faites à

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