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à l'Orotava et à Santa-Cruz. L'observation à la cime du volcan ayant été faite dans une saison où les variations barométriques s'élèvent rarement, sur les côtes de Ténériffe, dans l'espace de trois jours, au delà d'une ou de deux lignes, on peut, en calculant l'élévation du Pic, prendre pour base la hauteur du mercure observée le 31 juillet. En supposant 22o centésimaux pour la température de la côte, plusieurs heures avant le passage du soleil au méridien et 80 pour la température de l'air à la cime du volcan, ce qui est conforme à la loi du décroissement du calorique dans ces régions, je trouve, par la formule de M. La Place, 2025 toises ou 120 toises de plus que ne donne la mesure trigonométrique de M. de Borda. Quelque changement que l'on fasse à l'estime de la température et de la hauteur barométrique de l'Orotava, on trouvera toujours, et ce fait est bien remarquable, que la détermination barométrique de M. Verguin est de beaucoup plus exacte que l'opération géométrique du père Feuillée. L'erreur de la dernière, dans laquelle on a négligé le nivellement du terrain destiné à la mesure de la base, est presque trois fois plus

grande que l'erreur de la mesure barométrique que nous venons de rapporter.

li.

Les observations que le père Feuillée fit à la ville de la Laguna, indiquent à peu près la hauteur absolue de cet endroit si connu par son extrême fraîcheur1. En prenant les moyennes barométriques de deux mois, pendant lesquels les écarts extrêmes ne s'élèvent qu'à 4 ou 5 lignes, on trouve 25p. 11 , et, pour le port de l'Orotava, 27. 10. Or, en supposant les températures de ces deux stations de 15 et 20 degrés du thermomètre de Réaumur, j'obtiens, par la formule de La Place, pour la ville de la Laguna, 313 toises. Cette hauteur n'augmenteroit encore que de 66 toises ou d'un cinquième, si l'on prenoit 28p. 3li. pour la hauteur moyenne de la colonne de mercure au port de l'Orotava, quoique l'on sache que le baromètre de Feuillée, mal purgé d'air, étoit constamment trop bas de 6, 8 lignes, et même plus 2. M. Lichtenstein, qui a fait un voyage inté

1

Voyez plus haut, p. 223 du premier volume.

2 Barom. de Feuillée à la cime du Pic, 17 pouc. 5 lig; Barom. de Borda au même point, 18 pouc. o lig. Barom. de Lamanon, 18 pouc. 4 lig.

ressant dans l'intérieur de l'Afrique, évalue l'élévation absolue de la Laguna de deux à trois mille pieds au-dessus du niveau des côtes 1.

Adanson, dans son Voyage au Sénégal', rapporte « que le Pic de Teyde (en 1749) fut trouvé élevé de plus de 2000 toises. » Il est probable que ce résultat est fondé sur une base mesurée par le loch et sur une opération faite à la voile par M. Daprès de Mannevilette, commandant du vaisseau sur lequel Adanson étoit embarqué.

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Le docteur Heberden 3, dans la relation de son voyage à la cime du Pic en 1752, avoit trouvé l'élévation absolue du volcan, de 15396 pieds anglois ou 2408 toises. « Ce résultat, ajoute-t-il, a été confirmé par deux autres opérations que j'ai exécutées successivement:

1

1 Allgem, geogr. Ephemer., 1806, p. 51.

2 T. I, p. 8.

3 Phil. Trans., Vol. XLVII, p. 353. Cook's second Voyage round the World, Vol. II, p. 282. Dans l'Essai sur les îles Fortunées, p. 284, les résultats de la première mesure de Borda et de celles de Hebersden et d'Hernandez se trouvent confondus. Barrow, Voyage à la Cochinchine, T. I, p. 69.

il est de même entièrement conforme aux résultats de deux opérations trigonométriques faites long-temps avant par M. John Crosse, consul anglois à Santa-Cruz de Ténériffe. » Voilà cinq mesures qu'on dit s'accorder parfaitement entre elles, et dont les erreurs s'élèvent à plus de 500 toises, ou au quart de la hauteur totale du Pic. Le docteur Heberden avoit séjourné sept ans à l'Orotava; on doit regretter qu'il ne donne aucun détail ni sur la nature des instrumens employés par lui et M. Crosse, ni sur la valeur des angles, la longueur et le nivellement de la base sur laquelle les triangles ont été appuyés. Toutes ces opérations que nous venons de rapporter ne méritent pas plus de foi que celles de Don Manuel Hernandez' qui assure avoir trouvé, en 1742, par une mesure géométrique, la hauteur du volcan, de 2658 toises, et par conséquent de 200 toises plus élevé que le Mont-Blanc.

C'est à Borda que nous devons la connaissance de la véritable élévation du volcan de Ténériffe; cet excellent géomètre a obtenu

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Borda, Voyage de la Flore, T. I, p. 88.

un résultat exact, après avoir passé par une erreur qu'il attribue à la négligence d'un de ses coopérateurs. Il fit trois mesures du Pic, dont deux géométriques et une barométrique. La première mesure géométrique', exécutée en 1771, ne donna que 1742 toises; et, tant qu'on la considéra comme exacte, Borda et Pingré trouvèrent, par des opérations faites à la voile, la hauteur du Pic de 1701 toises 2. Heureusement Borda visita les îles Canaries une seconde fois, en 1776, conjointement avec M. de Chastenet-de-Puységur: il fit alors une opération trigonométrique plus exacte, dont il n'a publié le résultat que dans le Supplément du Voyage de la Flore3. On y trouve que la cause principale de l'erreur commise en 1771 avoit été l'indication d'un faux angle porté sur le registre comme étant de 33', tandis qu'il avoit été véritablement reconnu être de 55'. »

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Borda, Voyage de la Flore, T. I, p. 89.

2 << Toutes les parties de notre travail se soutenoient réciproquement, et concouroient à une même détermination. » Ibid., T. I, p. 120. Journ. de Phys., 1776, p. 66, et 1779, p. 129.

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