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Une partie de ces observations ont servi de base aux théories et aux calculs de MM. Löwenörn, Biot et Kraft'; elles donnent la direction de l'équateur ou des parallèles magnétiques avec d'autant plus de précision, que j'ai employé le même soin à la recherche de l'inclinaison et à celle de la position géographique du vaisseau. Les observations les plus exactes sur la variation de l'aiguille, sur son inclinaison et sur l'intensité des forces magnétiques, offriroient peu d'intérêt, si le voyageur n'étoit pas muni des instrumens nécessaires pour fixer astronomiquement la latitude et la longitude du lieu où les divers phénomènes du magnétisme terrestre ont été observés.

Je ne rapporterai pas les essais que j'ai faits pendant la traversée pour déterminer les courbes de déclinaison magnétique. Les résultats obtenus sur mer par les meilleures boussoles azimutales, sont si incertains que,

1 Danske Vid. Selskabs Skrivter, 1802, p. 295. Journ. de Phys., Tom. LIX, p. 287. Mém. de Pétersbourg, 1809, Tom. I, p. 248. (Voyez aussi Mollweide, Essai pour généraliser les théories d'Euler et de Mayer, dans Gilbert, Annalen, Tom. XXIX, p. 1 et 251.)

les deux Amériques, en Espagne, en France, en Italie, en Suisse et en Allemagne, on aura une grande masse d'observations comparables entre elles, et dignes d'exercer la sagacité des géomètres.

I

Les observations d'inclinaison faites par MM. de Rossel, Freycinet, Nouet, Gay-Lussac et moi sont d'autant plus comparables qu'elles embrassent une période de temps assez courte. Le Monnier (Lois du magnétisme, p. 57) et lord Mulgrave (Voyage to the North Pole, p. 68) admettoient encore l'invariabilité de l'inclinaison magnétique; mais MM. Gilpin et Cavendish ont prouvé, en 1806, par des expériences directes, que l'inclinaison de l'aiguille est soumise, comme la déclinaison, à des variations annuelles, quoique extrêmement lentes. Les villes de Londres et de Paris sont jusqu'ici les seuls lieux où l'on connoisse l'étendue de ces variations. L'inclinaison a été, à Londres, en 1775, de 72° 30', et, en 1805, de 70o 21'. (Philos. Trans., Tom. LXVI, P. 1, p. 401.) Nous ne saurions admettre avec M. Cotte (Journ. de Phys., Tom. LXVI, p. 277) qu'avant l'année 1808, on ne connoissoit pas avec précision l'inclinaison de l'aiguille aimantée à Paris. Je l'avois déterminée avec beaucoup de soin, conjointement avec M. de Borda, en 1798, peu de temps avant mon départ pour l'Espagne. Elle étoit alors de 69° 51'. M. Gay-Lussac la trouva, en 1806, de 69° 12′. Le 7 octobre 1810,

Quoique notre traversée de la Corogne à Cumana ait duré trente-sept jours, je n'ai pu recueillir, pendant cet espace de temps,

que

douze bonnes observations d'inclinaison magnétique. J'avois fait ajouter à la boussole de Borda, par un artiste habile de Madrid, M. Megnié, une suspension à double anneau mobile, semblable à celle qui est connue sous le nom de suspension de Cardan. Par ce moyen, l'instrument pouvoit être attaché par une corde très longue à un endroit de la

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l'inclinaison étoit à Paris de 68° 50', et, le 10 novembre 1812, de 68° 42'. La première de ces deux expériences a été faite par M. Arago et moi; la scconde, par M. Arago seul. Les observations partielles n'ont pas différé de trois à quatre minutes. Les pôles de l'aiguille ont été changés plusieurs fois, et l'on a employé, dans l'usage de la boussole de Borda, toutes les précautions imaginables pour éviter les erreurs. Il résulte de ces observations que, de 1775 à 1805, l'inclinaison a diminué à Londres de 4' 18" par an: Paris, la diminution annuelle a été, depuis 1798 jusqu'en 1812, de 4' 54". Il me paroîtroit hasardé de remonter à des époques antérieures où les instrumens étoient trop imparfaits, et où les observateurs apportoient trop peu de précision dans leurs expériences magnétiques.

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d'après le témoignage des navigateurs les plus expérimentés, les erreurs s'élèvent souvent à deux et trois degrés. En ne les supposant même que d'un seul degré, cette incertitude, augmentée par le changement lent de la variation sur différens méridiens, jeteroit encore beaucoup de doute sur la véritable position des courbes que l'on essaie de tracer sur les cartes magnétiques *.

En comparant les observations faites pendant plusieurs traversées, il paroît que nous avions coupé la courbe sans déclinaison par les 15o de latitude et les 53 et 55 degrés de

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Voyage de Vancouver, Tom. I, p. 40 et 99. De Rossel, dans le Voyage de d'Entrecasteaux, Tom. II, p. 172. Cook's sec. Voyage, Tom. I, p. xxiv.

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L'incertitude des observations de déclinaison faites en mer ne provient pas uniquement du roulis et du tangage ou de l'imperfection des boussoles azimutales; elle est causée en grande partie par les masses de fer répandues dans le vaisseau et agissant inégalement, selon la direction dans laquelle on gouverne. Löwernörn, dans les Nye Samling of Danske Vil. Selsk. Skr., Tom. III, p. 117, et Tom. V, p. 299. Zach, Mon. Cor., 1800, p. 529. Flinders, dans les Phil. Trans., 1805, p. 187

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longitude occidentale : cette courbe se prolonge aujourd'hui vers le cap Hateras et vers un point situé dans le Canada, par les 33° 27′ de latitude et les 70° 44′ de longitude. Avant le premier voyage de Christophe Colomb, en 1460, la variation étoit zéro près de l'île Corvo; mais la marche de la courbe sans déclinaison vers l'ouest, n'est pas la même dans toutes ses parties, et elle est quelquefois ralentie par l'influence locale des continens et des îles qui forment autant de systèmes particuliers de forces magnétiques. C'est ainsi qu'elle a paru arrêtée pendant quelque temps par l'extrémité australe de la Nouvelle-Hollande, et qu'à la Jamaïque et à la Barbade, la déclinaison n'a pas éprouvé de changemens sensibles dépuis cent qua

rante ans '.

L'intensité des forces magnétiques est un autre phénomène très-important dont trèspeu de physiciens se sont occupés jusqu'ici. Déjà Graham et Muschenbroek avoient tenté

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Thomson, Hist. of the Royal Soc., p. 461. Phil. Trans., Vol. L, p. 330 et 349. (The Oriental Navigator, 1801, p. 650.)

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