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l'espace vu à travers un milieu dont la transparence est troublée par des vapeurs ; ils pourroient étendre cette explication à la teinte bleue de l'Océan.

Tout ce qui a rapport à la couleur de l'eau est extrêmement problématique. La nuance verte des eaux de neige qui sortent des glaciers des Alpes, et qui contiennent très-peu d'air dissous, pourroit faire croire que cette couleur est propre à l'eau dans sa plus grande pureté. C'est en vain qu'on s'adresseroit à la chimie pour expliquer ce phénomène ou la couleur bleue du Rhône près de Genève. Rien ne prouve jusqu'ici qu'il existe des eaux plus ou moins hydrogénées; et le refroidissement des mers dans les tempêtes est beaucoup trop foible, pour que l'on puisse attribuer au simple changement de densité la réflexion de rayons diversement colorés. Il n'est aucunement probable que la couleur verte des eaux soit due au mélange des rayons jaunes du fond et des rayons bleus réfléchis par l'eau '; car la mer est souvent verte au large, où elle a plus de

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Soo toises de profondeur. Peut-être, à de certaines heures du jour, la lumière jaune et rouge du soleil contribue-t-elle à la coloration en vert'. Les vagues, semblables à des miroirs mobiles et inclinés, réflètent progressivement les nuages et les teintes aériennes, depuis le zénith jusqu'à l'horizon. Le mouvement de la surface de l'eau modifie la quantité de lumière qui pénètre vers les couches inférieures, et l'on conçoit que ces changemens rapides de transmission, qui agissent pour ainsi dire comme des changemens d'opacité, peuvent, lorsqu'ils se réunissent à d'autres causes qui nous sont inconnues, altérer la teinte de l'Océan.

INCLINAISON DE L'AIGUILLE AIMANTÉE. INTENSITÉ DES FORCES MAGNÉTIques.

Les variations du magnétisme terrestre appartiennent à un genre de phénomènes dont je me suis occupé, avec une prédilection particulière, pendant le cours de mes

1 La belle couleur bleu-verdâtre qu'offre la glace, lorsqu'on la voit en grande masse, est un phénomène bien digne de recherches, et connu de tous les physicicns qui ont visité les glaciers des Alpes.

voyages et dans les années subséquentes. Les objets vers lesquels j'ai dirigé mes recherches. ont été, 1.o l'inclinaison de l'aiguille aimantée; 2.o la déclinaison ou l'angle que fait le méridien magnétique avec le méridien du lieu; 3.o les variations horaires de la déclinaison; 4.o l'intensité des forces magnétiques mesurée par la durée des oscillations d'une aiguille horizontale ou verticale '. L'étendue de la surface du globe, dans laquelle j'ai pu déterminer les phénomènes magnétiques avec les mêmes instrumens et en employant des

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Quand on mesure l'intensité par les oscillations d'une aiguille, dans un plan horizontal, il faut corriger les résultats par l'inclinaison observée dans le même lieu. Cette correction devient inutile lorsqu'on emploie une aiguille d'inclinaison qui fait des oscillations dans le plan du méridien magnétique. D'ailleurs le nombre de ces oscillations, comparé au nombre de celles que fait la même aiguille dans un plan perpendiculaire au méridien magnétique, détermine l'inclinaison du lieu. Cette méthode de trouver l'inclinaison par un instrument sans limbe divisé, offre plus de précision près de l'équateur magnétique que dans les régions boréales; elle a servi à vérifier l'exactitude d'une partie de mes observations publiées, avant mon retour en Europe, par M. de Lalande. (Journal de Phys., Tom LIX, p. 429.)

méthodes analogues, est de 115° en longitude; elle est comprise entre 52o de latitude boréale et 12o de latitude australe. Cette vaste région offre d'autant plus d'intérêt qu'elle est traversée par l'équateur magnétique; de sorte que, le point où l'inclinaison est zéro, ayant été déterminé à terre, et par des moyens astronomiques, on peut, pour les deux Amériques, convertir, avec précision, les latitudes terrestres en latitudes magnétiques. Cette conversion, indispensable pour l'étude des lois compliquées du magnétisme, est au contraire très-hasardée, lorsqu'on compare des observations d'inclinaison faites sur des méridiens très-éloignés les uns des autres, et lorsque l'on regarde l'équateur magnétique comme un grand cercle sans inflexion et sans irrégularité de courbure.

Malgré le perfectionnement considérable que Mitchelle et Nairne avoient apporté dans la construction des boussoles d'inclinaison, ces instrumens, avant l'année 1791, n'étoient point encore parvenus à ce degré de préci sion qu'ils ont atteint aujourd'hui. Si La Caille, Dalrymple, Cook, Bayly et lord Mulgrave, sont parvenus à obtenir d'excellens

résultats, c'est qu'en habiles observateurs, ils ont multiplié les vérifications et pris des moyennes d'un grand nombre d'expériences. Les boussoles de l'expédition de Lapérouse étoient celles dont le 'capitaine Cook s'étoit servi dans son dernier voyage autour du monde. On doit croire que ces instrumens étoient dérangés ou d'un usage assez difficile; car les inclinaisons observées à bord de l'Astrolabe, different souvent de 5, 6 et 8 degrés de celles que l'on a obtenues le même jour à bord de la Boussole. C'est cette incertitude qui avoit engagé le célèbre Borda à s'occuper, conjointement avec M. Le Noir, du perfectionnement des boussoles d'inclinaison. Ce géomètre, auquel l'astronomie est redevable de l'usage des cercles répétiteurs, est aussi celui qui a facilité aux voyageurs les moyens de faire des observations précises sur l'inclinaison magnétique. La boussole de Borda a été employée avec succès dans l'expédition du contre-amiral d'Entrecasteaux, dans celle du capitaine Baudin, et dans les excursions. de M. Nouet en Égypte. Si l'on ajoute les résultats obtenus dans ces différens voyages à ceux que j'ai réunis, pendant sept ans, dans

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