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et l'autre suivent à peu près une progression arithmétique, mais que sur mer il y a de fortes irrégularités au-dessous de 20 degrés de hauteur. Cette zone, voisine de l'horizon, offre des teintes extrêmement pâles, à cause des vapeurs qui reposent sur la surface de l'eau, et à travers lesquelles les rayons bleus nous sont transmis. C'est par la même raison que, près des côtes, à égale distance du zénith, la voûte du ciel paroît plus foncée du côté du continent que du côté de la mer.

La quantité de vapeurs qui modifient les nuances de l'atmosphère, en réfléchissant de la lumière blanche, change du matin au soir; et le cyanomètre, observé au zénith ou près de ce point, indique, avec assez de précision, les variations qui correspondent aux différentes heures du jour :

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13° 51′ 15° 16° 17° 17° 15°,8

Je n'ai pas voulu retrancher la dernière observation, celle du 8 juillet, quoique le

ciel, par une anomalie bizarre, ait paru, ce jour-là, aussi pâle qu'on le voit sur le continent, dans la zone tempérée. Le soleil étant à égales distances du méridien, les teintes sont plus foncées le soir que le matin, sans doute parce que le maximum de la température tombe entre une et deux heures. Je n'ai pas remarqué, comme M. de Saussure, que le cyanomètre fût régulièrement moins élevé à midi' que quelque temps avant le passage du soleil au méridien; mais aussi je pu me livrer, avec autant d'assiduité que lui, à ce genre de recherches.

n'ai

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Il ne faut pas confondre les mesures cyanométriques avec les expériences que Bouguer a tentées, au moyen de son lucimètre, sur l'intensité de la lumière diffuse ou réfléchie l'air. Cette intensité contribue sans doute à modifier la teinte plus ou moins azurée de la voûte céleste; mais les deux phénomènes ne dépendent pas directement des mêmes causes, et il y a un grand nombre de cir

par

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Observations cyanométriques de Genève :

VIh Xh Midi IIh V[h

14,7 22°,6 22°,5 20°,6 17

constances dans lesquelles l'intensité de la lumière aérienne est très - petite, tandis que le cyanomètre indique des teintes plus foncées. M. Leslie a observé, par exemple, à son photomètre, que la lumière diffuse est moins forte, lorsque le ciel est d'un bleu très-pur et très-foncé, que lorsqu'il est légèrement voilé par des vapeurs transparentes. De même, sur les montagnes où l'intensité de la lumière directe est la plus grande, la lumière aérienne est très-foible, parce que les rayons sont réfléchis par un air moins dense. Une teinte très-foncée y correspond à la foiblesse de la lumière diffuse, et l'aspect du ciel ressembleroit, sur les montagnes, à celui qu'offre la voûte céleste dans les plaines, lorsqu'elle est éclairée par la foible lumière de la lune, si l'état des vapeurs aqueuses ne produisoit pas une différence sensible dans la quantité de rayons blancs réfléchis vers les basses régions de la terre. C'est dans ces régions que les vapeurs se condensent après le coucher du

2

On Propagation of heat, p. 441.

2 La Place, Mécan. céleste, Tom. IV, p. 282. Exposition du Système du Monde, p. 96.

soleil, et que des courans descendans troublent l'équilibre de température qui s'est établi pendant le jour. Sur le dos des Cordillèrès, l'azur du ciel est moins mêlé de blanc, parce que l'air y est constamment d'une sécheressé extrême. L'atmosphère moins dense des montagnes, éclairée par la vive lumière du soleil, réfléchit presque aussi peu de rayons bleus que l'atmosphère plus dense des plaines éclairée par la foible lumière de la lune. Il résulte de ces considérations que l'on ne devroit pas dire, avec M. de Saussure et d'autres physiciens qui ont récemment traité cette matière, que l'intensité du bleu est plus grande sur le sommet des Alpes que dans les plaines; la couleur du ciel y est seulement plus foncée, moins mêlée de blanc.

Si l'on dirige le cyanomètre vers des parties du ciel très-voisines du soleil, l'instrument indique, près du zénith, des teintes aussi foibles que celles que l'on observe près de l'horizon. Les causes de cette pâleur sont très-différentes. Près du soleil, une lumière trop intense fatigue nos organes, et, l'œil ébloui par la quantité de blancs qu'il reçoit à la fois, devient presque insensible

rayons

à l'impression des rayons bleus. A l'horizon, au contraire, ce n'est pas l'intensité de la lumière aérienne qui fait pâlir la teinte azurée du ciel avant le coucher du soleil, ce phénomène est produit par la lumière blanche que réfléchissent les vapeurs condensées près de la surface de la terre.

Bouguer a fait l'observation curieuse que, le soleil étant à 15 ou 20 degrés de hauteur, il y a, sur un parallèle à l'horizon, deux parties du ciel éloignées de l'astre de 110 à 120 degrés, où l'intensité est à son minimum, tandis qu'on observe le maximum dans un point diamétralement opposé au soleil'. Nous pensons que cette circonstance influe peu sur l'exactitude des mesures cyanométriques faites dans la zone torride; car plus le soleil est élevé sur l'horizon, et plus il y a d'uniformité dans la distribution de la lumière aérienne ". Il paroît même qu'une partie du ciel peut réfléchir une quantité de lumière plus ou moins grande, sans que le cyanomètre indique une teinte plus ou moins foncée.

1

2

Bouguer, Traité d'Optique, p. 71 et 367.
Ibid., p. 74.

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