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Mais on parle beaucoup de la sagesse, de la raison des Grecs.
De là une étude spéciale sur l'anthropologie et la théodicée
De l'École Ionienne,

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De plus, on dit que le Christianisme a copié le platonisme et le stoïcisme. De là une étude (1) spéciale sur les successeurs de Platon, savoir :

Speusippe,

Xénocrate,

Crates,

Polemon,
Crantor,

M. Amand Neut a été pour nous d'une politesse, d'une bienveillance parfaite, et nous aimons à lui en témoigner publiquement notre reconnaissance. Mais on comprend que plus M. Neut a été bienveillant, plus nous avons dû être discret envers lui et ses lecteurs; en d'autres termes, plus nous avons dû éviter ici tout ce qui pourrait donner à une publication mensuelle, trop de sévérité scientifique.

(1) Mais comment faire complétement cette étude ? Le voici :

Loin du bruit des coteries, des journaux, des revues, de tout le charlatanisme des temps modernes, l'Université de France et les Universités d'Allemagne, de Hollande, etc., etc., ont fait connaître par des travaux solitaires et indépendants tous les penseurs de l'antiquité appartenant aux époques les moins connues, notamment aux temps qui séparent Platon et Zénon, du Christianisme. Elles ont fait pour ces époques ce qu'ont fait pour l'Asie les Auquetir Duperlon, les Stanislas Julien, les Pauthier, les Burnouf, les Loiseleur Deslongchamps, les Rosen, les Schlegel, les Mohl, etc., etc.; ce qu'ont fait tout récemment Messieurs Vacherot et M. Jules Simon, pour l'Ecole d'Alexandrie. On peut donc réaliser aujourd'hui dans le domaine de l'érudition, au profit des doctrines, ce qui était impossible au XVIIe siècle, ce qui était plus impossible encore au XVIIIe siècle, en dépit de Diderot; ce qui est resté longtemps impossible au nôtre. C'est à quoi aussi nous avons visé.

Arcésilas,

Lacyde,
Carnéade,

Clitomaque,

Philon, etc., etc., jusqu'au néoplatonisme inclusivement. Et sur les successeurs de Zénon, savoir :

Cléanthe,
Chrysippe,

Diogène de Babylonie,

Antipater de Tarse,

Panctius,

Posidonius.

Jusqu'à Antiochus d'Ascalon. De là aussi une étude sur :

Cicéron,
Sénèque.

La conclusion est, en mettant à part Pythagore, Platon et quelques rares disciples qui tiennent surtout de l'Orient, que pour les Grecs comme pour les Romains, l'homme n'est pas déchu.

Conséquences de la déchéance et de la non déchéance de l'homme, plus ou moins bien, ou plus ou moins mal comprise, dans les influences qui agissent le plus sur

La religion
La morale

La politique

La littérature

L'art

dans l'Asie, en Grèce (1) et à Rome.

La conclusion définitive de cette troisième partie est qu'il faut en revenir à l'anthropologie et à la théodicée chrétiennes, catholiques.

(1) En France, on n'étudie pas, ou du moins l'on étudie très-peu les Antiquités grecques et romaines, dans les classes. Nous n'en voulons d'autre preuve que les articles relatifs à tout ce qui regarde la constitution athénienne ou romaine dans les livres français les plus vantés. Nous pensons, nous, que celle étude est capitale; car c'est de toutes les fausses idées accréditées sur la Grèce et Rome, que viennent une foule de désordres intellectuels. C'est pour cela aussi que, suivant nous, il faut accorder à cette étude un soin tout particulier.

QUATRIÈME PARTIE.

Mais aujourd'hui il y a des préventions contre le Catholicisme.

Il faut donc vérifier si elles sont fondées.

Mais comment le vérifier? C'est en étudiant les antécédents intellectuels de ceux qui opposent le plus de préventions au Catholicisme, c'est-à-dire, les antécédents de la minorité lettrée. Qu'on ne s'y trompe pas en effet. En France, ce n'est pas la majorité de la nation qui résiste le plus au Catholicisme, c'est la minorité lettrée.

Et comment savoir où il faut étudier les antécédents qui ont contribué à former la minorité lettrée ? C'est en écoutant les hommes de notre époque qui passent pour résumer le mieux dans leur esprit, l'esprit de la minorité lettrée.

Nous n'avons donc rien de mieux à faire que de laisser la parole à un de ces hommes.

Dans la séance du 29 janvier 1848, c'est-à-dire, quelques jours avant la révolution de février, M. Guizot avait dit que « le grand intérêt, le grand » besoin de la France, c'était de réconcilier le Catholicisme avec la société >> moderne. » Deux jours après cette séance, un des orateurs qui représentaient alors les préventions les plus opiniâtres de la classe lettrée, répondait

en ces termes :

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.......

Oui, Messieurs, disait-il, quand la liberté se sera déve» loppée quelque part sans autre complicité de notre part que Montesquieu,

» Descartes, Pascal, ces sublimes agitateurs de la pensée humaine, sans >> autre complicité de notre part que la prise de la Bastille et la révo>>lution de Juillet; quand la révolution se sera ainsi développée, elle est » sacrée, Messieurs. (Applaudissements prolongés.) Elle est sacrée et per» sonne ne doit y toucher, personne; ce serait un attentat contre la nature » et l'humanité. (Sensation.) »

« Oui, poursuivait le même orateur, nous menons le monde depuis cinquante >> ans, depuis bien plus longtemps encore. Oui, nous sommes de grands >> criminels qui avons fondé avec Descartes la liberté de pensée, qui avec >> Bossuet avons fondé l'indépendance de l'Église, qui avec Montesquieu » avons fixé les droits éternels des peuples. Oui, nous sommes de grands » criminels.... Et nous ne sommes pas les seuls. L'Angleterre avec Bacon, » l'Allemagne avec Leibnitz ont commis leur crime aussi. Mais nous sommes >> les plus criminels. Et puissent d'autres encore partager bientôt cette cri>> minalité là ! »>

Ces paroles prononcées par un des hommes d'État les plus considérables de la France, applaudies par les représentants les plus élevés de la minorité lettrée ont une très-haute gravité. Elles annoncent dans la minorité lettrée l'opinion très décidée que le mouvement d'idées qui commence à Descartes mérite les sympathies, l'enthousiasme de tout ce qu'il y a de plus intelligent dans la nation, tandis que le Catholicisme ne conviendrait implicitement qu'à des esprits bornés, à des âmes étroites. Ce qu'il faut par conséquent, et il y a ici un grand intérêt, c'est de savoir non pas vaguement, mais de science certaine, ce que vaut réellement cette opinion: car cette opinion, bien qu'elle ne soit plus aujourd'hui celle de l'homme éminent qui l'exprimait, est encore l'opinion de la minorité lettrée, de cette minorité qui gouverne et va gouverner encore la France.

Mais suffit-il, comme cela s'est pratiqué jusqu'à ce jour, de connaître, à part, les philosophes comme Descartes; à part, les moralistes; à part, les littérateurs, etc., etc.? Évidemment non.

Pour nous, tout homme qui travaille par l'esprit, soit qu'il publie ou non le résultat de ses travaux, représente toujours une idée; et par cela même il est philosophe. Il peut être un détestable philosophe, mais il est certain qu'il est philosophe.

Ce que nous voulons par conséquent ici, c'est de juger toutes les idées qui ont le plus agi sur la minorité lettrée, sur la minorité hostile ou indifférente au Catholicisme, depuis qu'elle s'est séparée le plus ouvertementde cette doctrine, c'est-à-dire, depuis la fin du XVe siècle. Ce que nous voulons, en d'autres termes, c'est de juger la Philosophie de la minorité lettrée, depuis cette dernière époque, dans les idées dont elle s'autorise le plus, pour ne pas accepter la doctrine de la majorité.

Nous avons donc à faire encore ici tout autrement et beaucoup plus que l'enseignement philosophique, tel que la politique l'a imposé à l'instruction secondaire.

Cet enseignement en effet durant à peine une année, et au milieu des occupations les plus nombreuses et les plus diverses, comporte à peine quelques indications fugitives (1), de la part des professeurs, sur la philosophie française. Nous cherchons, nous, à donner à la jeunesse, et d'ensemble, la connaissance la plus approfondie possible de la pensée française, depuis la Renaissance jusqu'à nous, jusqu'à notre époque inclusivement; et en ceci nous croyons rendre à la jeunesse et par elle à la société tout entière un service de premier ordre (2).

Quelle est donc la première influence qui, dès la renaissance, commence à détacher la minorité lettrée, de la croyance de la majorité?

C'est l'érudition, l'élégance phraséologique, le goût. Budé peut nous édifier, à cet égard, dans l'ouvrage intitulé De Studio Litterarum rectè instituendo.

Il s'agit donc d'apprécier tout d'abord ce premier mouvenient en lui-même. Qu'a-t-il fait en réalité? Du subalterne. A quoi a-t-il abouti? A l'idolâtrie exclusive des mots, à un pédantisme aussi vain que ridicule.

On peut donc affirmer, sans crainte d'être démenti, que la première influence exercée sur la minorité lettrée de la France, au début de la renaissance, ne fut qu'une influence tout au plus secondaire pour la grandeur intellectuelle de ce pays. Cette influence en effet ne tendait à faire de cette minorité lettrée qu'une tribu de grammairiens, d'érudits et de faux savants; elle tendait purement et simplement à renouveler en France ce qui s'était passé, sous les Lagides, après l'épuisement du génie grec, jusqu'au néoplatonisme : elle agissait en définitive, sur cette minorité comme envers une race déjà vieille, déjà caduque, qui n'a plus rien à apprendre, plus rien à oublier en matière, d'idées; qui n'a plus qu'à périr sous le fer des Barbares. Qu'est-ce que des hommes en effet qui consument toute leur existence sur des mots, sur des racines et choses semblables?

(1) « Savez-vous, disait M. Cousin à la Chambre des Pairs, le 2 mai 1844, >> savez-vous quelle est la place qui a été faite à cette histoire abrégée des » opinions des philosophes (telle qu'elle est exigée des futurs bacheliers)? Elle » occupe tout au plus les deux ou trois dernières semaines du cours, et elle se > compose de dates illustres qu'il n'est pas permis d'ignorer. »

(Défense de l'Université, page 125.)

(2) Voici à quoi se réduit l'histoire des idées françaises pour l'examen du baccalauréat. Elle se réduit à deux questions que voici :

I. « En quoi consiste la méthode de Descartes?

» Discours de la méthode. »>

Donner une analyse du

II. « Faire connaître les principales Ecoles modernes depuis Bacon el Des

>> carles. »

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