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pourvu, qu'on les employe à propos. »

BILAN, s. m. du latin bilanx (balance). « L'état du parquet est de peser, comparer les raisons des deux parties, et d'établir cette espèce de bilan, avec toutes les grâces et les fleurs de l'éloquence, sans que les juges sachent de quel coté l'avocat-général sera avant qu'il ait commencé à conclure. » SAINT-SIMON, Hommes illus tres. Cette définition est un peu surannée; aussi ne la met-on ici que pour mémoire.

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BILL, s. s. m. mot anglais qui est devenu français par l'usage que le zetier en fit pour la première fois dans la gazette du mois de juin de l'année 1685. Il signifie un papier contenant les propositions qu'on veut faire passer par les chambres du parlement d'Angleterre, pour les présenter au roi, et en faire un acte, c'est-à-dire un règlement ou une loi.

BILLE, s. f. « Ménage fait venir ce mot de pila, balle à jouer, boule. Roquefort, qui pense de même, ajoute qu'en bas latin billus avait la même signification. Cette étymologie parait si évidente que je n'ose émettre mon opinion; cependant qu'on me permette de faire observer que les enfans du peuple disent aussi gobille pour bille quelle raison auraient-ils cue pour ajouter cette syll yllabe initiale go? Ce qui me fait croire que bille peut avoir deux origines, celle qu'ont donnée Ménage et Roquefort, et celle-ci que je hasarde bille dérive de gobille, par aphérèse, ou retranchement de la syllabe initiale; gobille vient de globille, diminutif de globe, par le retranchement de l'l. Čependant on pourrait m'objecter, avec quelque raison, que globe est la racine de 50bille, mot reçu dans le langage du peuple; mais que de ce mot on n'a point formé bille qui a une autre origine; d'où il suivrait que bille et gobille auraient deux origines différentes, ce que je n'oserai contester. A. BONIFACE. Manuel des Amat. de la lung. franç. 2 ann. n° x, pag. 301.

De bille est dérivé billard, et de billard, billarder, pousser les deux billes à la fois.

BILLEBAUDE, s. f. confusion, désordre. C'est une billebaude que tout ce ménage-là. L'Académie prévient qu'il est familier. Mad. de Sévigné a dit : « c'est une billebaude qui n'est point agréable. »

BILLET, s. m. parait être un diminutif de l'anglais bill. Voy. ce mot.

Ninon tristement vertueuse
Pour son siècle n'eût rien été ;
Ninon philosophe est fameuse,
Ει passa à la postérité :

De ses talents sois idolâtre,
Promets toujours, toujours trahis,
Ει que tes billets soient écrits
Comme le billet à la Châtre.

M. DOIGNY, Epitre à une femme de 18 ans, pièce
insérée dans l'Alm, des Muses, annn. 1785.

Billet à la Châtre. Cette expression, devenue proverbiale, tient à une de la Châtre, avant de partir pour un anecdote assez piquante: le marquis quelque temps de Ninon sa maitresse, voyage qui devait le séparer pendant exigea qu'elle lui remit un billet où elle s'engageait à lui être fidèle pendant son absence. M. de la Châtre obtint le billet; mais l'inconstante Ninon, pour charmer les ennuis de l'absence, fit une nouvelle conquête et dans un moment d'abandon, s'écria : ah! le bon billet qu'a la Chatre.

BILLETER, V. C'est attacher aux différentes marchandises des étiquettes qui indiquent leurs qualités et leurs prix : « Ah! si l'on pouvait ainsi billeter les hommes. » La Promenade curieuse.

BILLEVESÉE, s. f. discours frivole, sottise, vaines imaginatious. « Veze, dit de La Monnoye, dans son Gloss. des Noëls Bourguignons, est une espèce de musette. Ce mot Poitevins, et c'est de veze que vient est souvent répété dans les Noëls billevesée, petite balle pleine de vent comme celle dont parle Verville dan s son Moyen de parvenir, c. vII. Veze pourrait bien venir de vesica, parce qu'on y fait entrer le vent, comme dans une vessie qu'on veut enfler. » Scarron les personnifie et les place dans les enfers : « Quantité de billevesées, monstres aujourd'hui fort fréAyez en révérence le cerveau caséiforme (dont la cervelle ressemble à du fromage mou, comme

quens. »> «

T'explique Le Duchat) qui vous paist de ces belles bille-vezées. » RABELAIS, Prologue du 1er liv. pag. 46, tom. 1, in-8°, 1732.

Bille-vezée. Bille, c'est une balle, et vezer s'est dit pour souffler, de veze dans la signification de musette. De là billeyesée, comme l'explique fort Lien Furetière, pour balle soufflée, pleine de vent. De là gros vezé, dans Monet, pour gros boursoufflé. Veze est un mot fait par onomatopée. Le Duchat, note au bas de la page 46 du prologue du 1 er liv. de Rabelais, tom. 1, édit. in-8°, 1732.

BIRIBI, &. m. Ce jeu et son nom nous viennent de l'Italie.

Il est au monde une aveugle déesse
Dont la police a brisé les autels :
C'est du Hocca la fille enchanteresse,
Qui sous l'appât d'une feinte caresse,
Va séduisant tous les cœurs des mortels.
De cent couleurs bizarrement ornée.
L'argent en main, elle marche la nuit ;
Au fond d'un sae, elle a la destinée
De ses suivans que l'intérêt séduit.
La froide crainte et l'espérance avide,
A ses côtés marchent d'un pas timide;
Le repentir à chaque instant la suit,
Mordant ses doigts et grondant la perfide.
Belle Philis, que votre aimable cour,
A nos regards offre de différence!
Les vrais plaisirs brillent dans ce séjour,
Et pour jamais bannissent l'espérance;
Toujours vos yeux y font réguer l'amour.
Du biribi, la déesse infidèle,

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BIS, BISE, adj. Le P. Labbe a remarqué, dans sa 2me partie des Etymologies françoises, que l'adverbe latin bis a fourni à notre langue l'expression pain bis lequel est secundus, sive secundarius panis. En effet le pain his est la deuxième sorte de pain, le pain noir étant la première. Mon doux ami, je vous apprends Que ce n'est point une sottise, En fuit de certains appétits, De changer son pain blanc en bis.

LA FONTAINE, le Pâté d'anguilles. BISAÏEUL, s. m. du lat. bis avus, deux fois grand-père, grand-père pour la deuxième fois, père de l'aïcul. Abave et abayeul, du latin abavus, se trouvent dans nos anciens auteurs. Bisante pour grand'tante et bisoncle pour grand-oncle, dans d'Argentré, Cout. de Bretagne, pag. 1927 et 1980.

BISCUIT, s. m. du latin bis (deux fois) et coctus (cuit), pain qui a reçu une double cuisson; d'où lui vient son nom, et dont on fait provision pour les voyages sur mer.

S'embarquer sans biscuit, au figuré, commencer une entreprise sans avoir pris ses précautions. Cette métaphore est empruntée des marins, qui, avant de s'embarquer, se munissent de la quantité de biscuit nécessaire pour le trajet qu'ils ont à parcourir. « Sachez que je suis homme qui ne s'embarque point sans biscuit, » c'est-à-dire que je n'entreprends jamais rien que je ne sois assuré d'y réussir. SCARRON, le Roman comique, tom. 1, pag. 11, Paris, 1757.

BISQUE, s. f. du latin bis (deux fois) et cocta (cuite), parce que la bisque se faisant de plusieurs béatilles, il en faut faire plusieurs cuissons séparées.

Qu'est devenu ce teint dont la couleur fleurie
Semblait d'ortolans seuls et de bisque nourrie?

BOILEAU.

On dit figurément et familièrement prendre sa bisque, pour dire prendre son parti. Ce mot a alors une autre étymologie, et cette locution parait empruntée du jeu de paume. On en a donné cette autre origine qui pa rait un peu forcée. Du temps de

Charles ix, un colonel d'infanterie ayant à tenir avec son régiment contre de la cavalerie, avait, entr'autres armes, une pique de Biscaye à la main. C'est de cette arme qu'on ne devait prendre qu'à propos, qu'est venue cette façon de parler.

Et! croyez-moi, le quart des filles de votre âge,
Qui, d'un jeune imposteur séduite bien souvent,
Ont choisi par dépit l'asile du couvent,
Enragent d'avoir pris trop promptement leurs
[bisques.

DESTOUCHES, Coméd, du Capricieux. BISSEXTE, s. m. da lat. bis sexto (deux fois six). J. César, dit M. Bouillet, Dict. d'Ant. ordonna que l'année serait de 365 jours 6 heures; et comine ces six heures quatre fois répétées forment un jour, il fut ordonué que ce jour serait intercalé tous les quatre ans dans le mois de février, qui était de 28 jours, et qui se trouverait alors de 29. Ce jour se plaçait après le 6e des calendes de mars (qui ré

pond au 24 février), et pour ne rien déranger au nom des autres jours, on comptait deux fois (bis) le 6e (sextus) jour des calendes; ce qui fit nommer ces années bissextiles.

BISTOURNER, v. On disait autrefois bestourner.

Trop croire fisique (médecine) est folie,
En l'an maint en perdent la vie :
Pour ung que fisique en retorne,
Je crois que deux elle bestorne.

BLAFARD, DE, adj. « Et le sort fit ce mariage, pour voir ce que produirait une union si blaffarde. » HAM. Mém. de Gram.

BLANC, s. m. monnoie ancienne, ainsi nommée par opposition aux sols qu'on appeloit noirets, et par altération nérets, à cause de leur couleur qui tiroit sur le cuivre. Remarques de l'édition des Euvres de F. Villon, tom. 1, pag. 16, édit. de La Haye, 1742. De là on disait encore six blancs pour deux sous et demi ou trente deniers, avant la révolution; mais on trouve quatre blancs, dans le Petit Testament de F. Villon, qui est de 1456. « L'accordement........... entre gens lais est de quatre blancs qui valent vingt deniers tournois pour livre. » LA THAUMASSIÈRE, Coutume de Berri, pag. 286, c. 124.

La toison

Me cousta à la Magdelaine

Huit blancs, par mon serment, de laine Que je souloye (j'avais coutume) avoir pour quatre. La Farce de maistre Patelin.

BLANC-MANGER, s. m. C'est une sorte de manger délicieux qui est véritablement blanc, composé d'amandes et de gelées faites du suc de fort bonnes viandes, et d'autres excellentes choses. «M. Nicole met trop de belles paroles dans son style; cela fatigue et fait mal à la fin; c'est comme qui mangerait trop de blanc-manger. » Le marquis DE SÉVIGNÉ.

BLANDICES, s. f. plur. du latin blanditia (caresses, cajoleries). Par son parler, par sa blandice

Le trouve si mol et si nice.

EUST. DESCHAMPS.

Il se trouve aussi dans Montaigne et dans les Epithètes de De la Porte; dans ce dernier on lit blandices et blandissement.

BLANDIR, v. du lat. blandiri (flatter).
Tant l'a blandi, tant l'a proié (prié),

Qu'Ysengrin li (lui) donne congie.

Roman du Renard, vers 7857 (13e siècle). BLANDISSANT, ANTE, adj. de l'ancien verbe blandir, se trouve plusieurs fois dans les Epithètes de De la Porte, Paris, 1571, dans le sens de flatteur, cajoleur, agréable. « Afin que fortune blandissante ne luy jouast quelque mauvais tour. » NIC. PASQUIER, 1. 111, lett. 7. Pourquoi avoir perdu ce joli verbe et son participe?

BLANQUE, s. f. de l'italien bianca (blanche). Cette dénomination parait venir de l'ancien usage de tirer dans un livre dont une partie des pages est chiffrée, et l'autre blanche, c'est-àdire, sans chiffres, et par conséquent n'apportant aucun lot. C'est une espèce de jeu de hasard en forme de liens. Etienne Pasquier, dans ses Reloterie que nous avons reçu des Itacherches sur la France, 1. vIII, c. 49, après avoir expliqué en quoi consistait ce jeu, rapporte le sonnet suivant qu'il composa dans sa jeunesse : Comme celui qui d'une blanque pense Tirer tel heur qu'il s'est en soi promis, Entre les mains de l'aveugle a remis Tout le succès de sa douteuse chance; Ainsi au sort d'une noble puissance Dessous l'amour, aveugle, j'ai soumis Et sous les ans, le meilleur qu'avoit mis Le ciel en moi dès ma folle naissance. Jamais d'amour je ne tirai butin, Quoiqu'un et un et autre buletin, De mon meilleur dans sa trousse je misse Mais toi, ô cours d'une postérité! Si ma clameur ne te rend irrité, Fais-moi trouver dans tes ans bénéfice.

Notre fortune enfloit au gré de nos caprices,
Et c'étoit une blanque à de bons bénéfices.

CORN. Epitre à Ariste.

On appelait bénéfices à ce jeu les billets portant désignation des bijoux échus, par opposition aux billets blancs ou mauvais billets. De là cette locution figurée Trouver blanque, pour dire ne pas trouver dans un endroit ce qu'on croyait y devoir être. Est-il un financier, noble depuis un mois, Qui n'ait son dîner sur chez madame Guerbois? Ει que de vieux barons pour le leur trouvent { blanque. BOURSAULT, les Mots à la mode, sc. 8.

* C'était un aveugle qui tirait les devises renfermées dans des urnes.

BLASER, v. du grec ßλ¿5e» ( blazein), être stupide, hébêté. « Ce terme, particulier d'abord à quelques provinces de France, et qui n'était que patois, pour dire brûler, dessécher, est devenu avec le temps trèsusité, d'un très-bon usage, et trèssignificatif au figuré comme au propre. On se blase par les excès; on se blase sur les plaisirs. » L'Improvisateur françois.

BLASON, s. m. science des armoirics, l'art héraldique. Blason, est-il dit, dans le Dict. de Moréri, au mot blason, est un mot allemand qui signifie sonner du cor ou de la trompe, et on a pris de là le nom qu'on a donné à la description des armoiries, parce qu'anciennement ceux qui se présentoient aux lices pour les tournois, sonnoient du cor pour faire savoir leur venue. Les hérauts, après avoir reconnu s'ils étoient gentilshommes, sonnoient aussi de la trompe; ils crioient à haute voix, et décrivoient les armoiries de ceux qui se présentoient. Lorsqu'on avoit paru deux fois dans ces tournois solennels qui se faisoient, en Allemagne, de trois en trois ans, la noblesse étoit suffisamment reconnue et blasonnée, c'est-àdire annoncée à son de trompe par les hérauts.

nes petites pièces de poésie contenant l'éloge ou le blame de la personne ou de la chose qui en était l'objet. « Le blason, dit Ch. Fontaine, Abréviation de l'art poétique, pag. 255, Lyon, 1576, est une composition contenant la louange ou vitupère d'autrui. Il est composé de dix vers ou moins; le plus abrégé est le meilleur. » A ce témoignage ajoutons celui de Sebilet, en son Art poétique franç. « Le blason, dit-il, est une perpétuelle louange ou vitupère de ce qu'on s'est proposé de blasonner. Je dy en l'une et en l'autre partie de louange et de vitupère, car autant bien se blasonne le laid comme le beau, et le mauvais comme le bon tesmoin Marot en ses Blasons du beau et du laid Tetin: et sortent les deux d'une même source, comme

:

louanges et invectives, et comme le peintre et le poète sont cousins germains par la règle : Pictoribus atque poetis, etc. (il est permis aux poètes et aux peintres de tout feindre), me faudroit peu pousser pour croire que le blason des couleurs aux armoiries, nous eût esté origine de peindre en poésie (ou de faire le blason de quelqu'un).

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BLASONNEMENT, action de blasonner, et BLASONNEUR, celui qui blasonne, qui blâme, qui diffame, se trouvent dans nos anciens auteurs.

BLÊCHE, adj. des 2 genr. homme sans caractère, qui n'a pas la force d'exécuter ce qu'il a promis. Suivant les auteurs du Dict. de Trévoux, on

» Le mot blason s'est pris anciennement en France pour toute sorte de description, quelquefois pour éloge, et quelquefois pour blâme et médisance. Blasen est l'origine de toutes ces significations, parce dans les tour-appelle ainsi en Normandie un homme nois on décrivoit les pièces de l'écu, on louoit, on blâmoit les chevaliers. » Extrait du Nouveau Dict. des origines, Paris, 1827.

De blason on a dérivé blasonner dans ces différentes acceptions; nous remarquerons que blasonner dans le sens de blåmer, critiquer, qui aujourd'hui est familier, s'employait autrefois dans le style soutenu.

En donnant l'ordre de chevalerie, on recommandait aux chevaliers de ne pas ouïr blazonner les dames et de ne pas le souffrir.

BLASON, s. m. C'est encore de ce nom que nos pères nommaient certai

de mauvaise foi. « On dit bleche pour blaque; c'est ainsi qu'on appeloit autrefois les Valaques. Froissart dit que les Valaques sont de fort mauvaises

gens.» HUET.

Je ne sais ce que c'est que de faire le blèche.
Th. ital. de Ghérardi, t. I, p. 147, Paris, 1741.
C'est un mot trivial, qui n'est guère
usité aujourd'hui que parmi les ou-
vriers imprimeurs. De bleche on a
dérivé bléchir.

BLÉCHIR, V. se dédire, se dégager au moment qu'il faut tenir sa parole. Ce mot peut passer tout au plus dans une lettre ou en conversation.

BLÊMIR, v. Quel dommage que

nous ayons laissé perdre ce mot expressif, qui semble plus poétique que palir.

Qui porte un cœur de sang dessous un front

་་

[blesmy. REGNIER, Sat. vu. BLEMISSEMENT, s. m. Ce mot ne ferait-il pas un bel effet dans cette phrase? Lorsqu'on annonça cette funeste nouvelle, il se fit un silence d'effroi, au milieu de cette grande assemblée, et le blemissement devint général. »

BLESSER, du ย. grec πλήσσειν (plessein), frapper; d'où on a dérivé blessure. C'est à l'exemple des Latins que nous employons le mot blessure dans un sens figuré. Tacite a dit dans la Vie d'Agricola : Sequens annus gravi vulnere animum domumque ejus adflixit» (L'année suivante, une grave blessure fut faite à son cœur et à toute sa famille). Morbleu! ce sont pour moi de mortelles blessures De voir qu'avec le vice on garde des mesures.

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se dore

En filets blondissans, est semblable à l'aurore,
Quand toute échevelée, à nos yeux souriant,
Elle émaille de fleurs les portes d'orient.

BLONDOYER, v. tirer sur le blond. Voilà encore un joli mot que nous avons laissé perdre.

BLUTER, v. du latin volutare, fréquentatif de volvere ( rouler, mouvoir rapidement), c'est passer la farine par le bluteau.

Blüter un sujet, une question, l'examiner. Cette expression est de Montaigne, liv. 11, c. 12, qui écrit beluter. Rabelais l'a écrit de même.

BOCAGE, s. m. qu'on écrivait d'abord boscage, de l'italien bosco (bosquet, petit bois); de là sont dérivés :

BOCAGER, ERE, adj. qui appartient aux bois, qui hante les bois, les bo

cages. MOLIÈRE, Misanthrope.

BLETTE, adj. f. se dit d'une poire molle et presque pourrie, du grec Ba (blax), mou. « A Paris, on disait blosse pour blette, du temps de Henri Etienne. Les Normands disent bleque. » MORIN, Dict. des mots franç dérivés du grec.

BLONDELET, ETTE, adj. dimi

nutif de blond.

Une bien jeune et toute blondelette
Conceut ung fils éthiopien sans père.

RABELAIS, liv. v, c. 13.

Cet adjectif, qui se trouve aussi dans Marot, méritait bien d'être conservé.

BLONDERIE, S. ƒ. « Cette lettre fatale, où il ne lui parlait que de sa blonderie. » HAM. Mém. de Gramont.

BLONDIR. v. En se récriant sur le goût bizarre de ceux qui auraient pu rebuter ce verbe, Marmontel ajoute : « Si l'on disait :

Les épis ondoyans commençaient à blondir, ne serait-on pas entendu? ne le seraiton pas même avec le plaisir qu'on éprouve à retrouver des biens que l'on croyait perdus? » De l'autorité de l'usage sur la langue (1785).

BLONDISSANT, E, adj. Régnier le satirique introduit dans un dialogue

Telle aux monts bocagers Fuit à l'aspect du loup la biche aux pieds légers.

DESAINTANCE.

Le Léthé baigne en paix ces rives bocagères

DELILLE.

Diane au carquois d'or, déesse bocagère.

DE FONTANES.

L'Académie, édit. de Montardier, 1802, dit que ce mot a vicilli, et les auteurs du Dict. de Trévoux, édit. de 1743, avaient déjà fait cette remarque; mais les exemples rapportés contredisent cette assertion. On lit dans le Gradus français: «Il serait malheureux de se priver d'un terme si utile, lorsqu'il s'agit de peindre les mœurs des habitans de la campagne on de présenter des tableaux champêtres.

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EUSE, adj. dont nos poètes ont à regretter la perte. Et le paisible et frais ombrage D'an verd bocageux arbrissean.

JAC. TAHUREAU.

BOCANE, s. f. ancienne danse grave et figurée, ainsi nommée de Bocan, maitre à danser de la reine Anne d'Autriche, qui en fut l'inven

teur.

BOIRE, v. qu'on trouve écrit boivre dans le Roman du Renard et dans

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