Page images
PDF
EPUB
[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

(Vous serez berné.) Maynard a imité cette expression dans ces vers :

Jamais sot ne mérita mieux D'être poussé d'un coup de berne Jusqu'à moitié chemin des cieux. BERNEMENT, s. m. action de berner. Molière l'a employé au figuré : « Pour vous mettre au-dessus de tous les bernemens. >>>

BERNEUR, s. m. « Le berné n'a jamais manqué à aucun de ses devoirs envers son héros berneur. » VOLTAIRE, au Maréch. de Richelieu.

BERNIESQUE, et plus communément BERNESQUE, adj. style agréable et facétieux qui se rapproche du burlesque, mais qui est inoins trivial et moins négligé. Il tire son nom de Berni ou Bernia, poète italien du seizième siècle, qui mit l'Orlando dans ce style. Il s'emploie aussi substantivement. « Le berniesque, dit Domergue, dans son Manuel des étrangers, pag. 64,

|

ne doit pas être confondu avec le burlesque.

[ocr errors]

BESACE, s. f. (bis saccus, double sac). Béroald de Verville appelle : «<excuses à l'usage de besace » les formules banales dont usent les mendians, les frères quêteurs, etc.

BESACIER, S. m. qui porte la besace :

Le fabricateur souverain
Nous créa besaciers tous de même manière.
LA FONTAINE

BESANT, s. m. pièce de monnaie ainsi nommée parce qu'on les fabriqua à Bysance, en latin Bysantium. On trouve dans Muratori (rerum italicarum Scriptores) tom. vii, p. 616: « Rex Guidoni Cypricum tradidit regnum viginti Bysantiorum millibus emptum » (Le roi céda à Guidon le royaume de Chypre, acheté vingt mille besants); et dans Baldricus, évêque de Dol, liv. 1 de son Hist. de Jérusalem: « Direxerunt itaque legationem Constantinopolim quæ vocabulo antiquiori Bysantium dicta fuit, undè et adhuc moneta civitatis illius Bysanteos vocamus. » Sur quoi il est bon de remarquer que sous la seconde race des rois de France, les monnaies du Levant avaient grand cours dans le royaume, que cela a duré encore long-temps depuis, mais que le bezant a souvent varié de poids et de valeur; du temps de saint Louis, il valait dix sous de notre monnaie.

BESICLES, s. f. pl. espèce de lunettes. Ce mot vient, dit M. Morin, dans son Diction. étymologiq. des mots franç dériv. du grec, du latin bis (doublement) et du grec xúxdog (kuklos) cercle, qu'on prononce en latin cyclos et en français cycle, comme qui dirait bicycles, becycles.

Costar, écrivant à Voiture, lui dit: « Je suis de votre avis que bigle (louche) se dit quasi binus oculus; mais ne croyez-vous pas aussi que besicles, que l'on prend quelquefois à Paris pour des lunettes, sont dites quasi bis oculi, c'est-à-dire doubles ou seconds yeux? C'était le sentiment d'Estienne Pasquier qui le dérive de bis oculi ( deux yeux );

mais par allusion aux deux verres de forme ronde dont ces lunettes sont composées.

BESOGNE, s. m. occupation, tra

vail.

BESOGNER, BESOIGNER, BESONGNER, v. ont été dits pour travailler; il nous reste le substantif besogne que nos pères ont aussi écrit besoigne et besongne. Tous ces mots semblent dérivés de soin, qu'on écrivit d'abord soing, tel qu'on le voit dans le Roman du Renard et dans le Codicille de Jean de Meung, d'où le verbe soigner, qui a signifié non-sculement cure, souci, mais même toutes sortes de travail d'esprit ou de corps : Faut besongner

Pour eslongner (éloigner)
Oisiveté.

Blason des Faulses Amours.

Je connais qui besongne ou chomme.
VILLON, Ime ballade.

« Elle (Catherine de Médicis) passait son temps, les après-disnées à besogner après ses ouvrages de soie, etc. » BRANTOME, les Dames illustres, pag. 47, in-18, Leyde, 1699.

La Fontaine s'en est servi dans un de ses contes :

Si cet enfant avait plusieurs oreilles,
Ce ne serait à vous bien besogné.

Le Faiseur d'oreilles.

De besogner sont dérivés les vieux mots embesognement et embesogner, dont le participe embesogné pour occupé se dit encore dans le style familier.

EMBESOGNEMENT, s. m. « Le soing de dresser et nourrir les enfans est plein d'embesognement et de crainte. » MONTAIGNE, liv. 1, ch. 25. « Le principal effect de la grandeur et de l'éminence, c'est de vous jetter en butte à l'importunité et embesognement des affaires d'aultrui. » Ibid. « Je hay quasi à pareille mesure une oysiveté croupie et endormie, comme un embesongnement espineux et pénible: l'un me pince, l'autre m'assoupit. >> Ibid. liv. 1, ch. 5. « Ils ne cherchent la besongne que pour embesongnement. » Ibid. liv. 111, ch. 10.

[blocks in formation]

les choses. » MONTAIGNE, liv. 1, ch. 24. « Ce qui adviendra icy, quand je n'y seray plus. Les choses présentes m'embesognent assez. » Ibid. « Ce n'est pas à dire que ce ne soit une belle et bonne chose que le bien dire, mais non pas si bonne qu'on la fait, et suis despité de quoy nostre vie s'embesoigne toute à cela. » Ibid. « La gendarmerie romaine ayant perdu toute occasion d'embesoigner ailleurs sa jeune bouillonnante fureur..... » C. d'Eutr. tom. 1. « Le roy, d'autre part, pour rompre ce mariage, estoit très embesogne. » COMINES, liv. m, ch. 8.

BESOIGNEUX, EUSE, adj. De besoin qu'on trouve écrit besoing, dans le Codicille de Jean de Meung, dans Cl. Marot, etc. on a dérivé besoigner (voy. BESOGNER) et besoigneux. « Il prit les douze besans si les départit as gens). » SAINT GRÉGOIRE, Dial. liv. 1. besonious (aux besoigneux, indi«Si devint si larges besongneux et sosfraiteus de plusieurs coses. » Rom. des sept Sages de Rome. Beaumarchais a voulu faire revivre ce mot: « Friponneau, besoigneux, à genoux devant un écu. » Le Barbier de Seville, act. 1, sc. 6.

BÈTE, s. f. qu'on écrivait d'abord beste, du latin bestia ( bête sauvage, féroce), a donné les diminutifs bestelette et bestiole qui se trouvent dans les Epithètes de De la Porte; bételotte s'est dit aussi :

Le pauvre bestion tous les jours déménage. LA FONTAINE, la Goutte et l'Araignée, fable. Notre fabuliste paraît avoir emprunté ce mot de l'italien; mais d'un augmentatif il a fait un diminutif. Le mot bete est un terme injurieux, comme quand on dit tu es une bête, une mauvaise bete, et cette expression se trouve dans Plaute : mala tu es bestia (tu es une mauvaise bête).

BÉTAIL et BESTIAUX ont la même origine. On a dit autrefois bestial. M. de Vaugelas, dans ses Remarques sur la langue française, dit même que bestail et bestial sont tous deux bons, quoique bétail soit beaucoup meilleur; de cet ancien singulier bestial est dérivé le pluriel bestiaux encore en usage.

Bestaille pour bétail se trouve dans une pièce de vers composée vers l'an 1290, intitulée le Dit du Lendit rimé.

BÈTERIE, S. f.« Tout leur savoir n'étoit que besterie, » dit Rabelais, en parlant des premiers instituteurs de Gargantua.

S.

BEUGLEMENT, m. BEUGLER, v. cri du taureau, du bœuf, de la vache, mugir comme les taureaux. Ménage dérive ce mot de baculare, à bacula; mais c'est une onomatopée qui est également dans le latin boare, d'où bos a été tiré. Bauf, est le nom d'un animal qui | beugle.

Boa, est celui d'un serpent énorme dont le cri ressemble au beuglement des taureaux.

Meuglement, Meugler, qui se prononcent sur la même touche avec une bien légère modification, s'emploient indistinctement. On a même dit muglement en vieux langage, comme dans ce passage d'Amadis : « La blanche biche qui, en la forest craintive, eslevoit ses muglements contre le ciel, sera retirée et rappelée. » CHARLES NODIER, Dict. des Onomatopées françaises. Mme de Sévigné a donné un sens actif à ce verbe : « Ce chanteur nous a beugle

l'Inconstant. »

BEURRE, s. m. Montaigne, liv. 11, ch. 18, dit modestement de ses Essais : J'empescheray peut-estre que quelque coin de beurre ne se fonde au marché. »

BEUVREAU, s. m. Sat. Mén. Pctit buveur, « qui fait le scrupuleux quand il faut payer chopine. »>

BIAIS, AISE, adj. gaulois, bihan (de travers). « Les fois s'assortissent à chacun de nos affaires par une interprétation destournée, contrainte et biaise.» MONT. liv. III, ch. 13. De la est formé le verbe

BIAISER. « Il y a des hommes qu'il ne faut prendre qu'en biaisant. »> MOLIÈRE, TAvare, act. 1, sc. 5.

BIBLIOMANIE, s. f. du grec Bixio (biblion) livre, et pavía (mania) manie, passion. Passion d'avoir des livres. Ce mot est de la façon de

|

[blocks in formation]

Bibliothécaire en dérive.

Cicéron disoit de sa bibliothèque : Mens addita videtur meis ædibus. On a dit d'un savant dont le savoir était mal digéré, que « c'était une bibliothèque de livres dépareillés. » Nicole appelle les bibliothèques, « le magasin des fantaisies des hommes. » Quelques auteurs ont donné par extension et par métaphore le nom de bibliothèque à certains recueils qu'ils ont faits, ou à certaines compilations d'ouvrages, telles sont la Bibliothèque rabbinique, la Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, Bibliotheca patrum, la Bibliothèque germanique, etc. On disait autrefois librairie pour bibliothèque.

BICÈTRE, s. m. Ce château, qui avait d'abord été nommé la Grange aux Queux (coqui, cuisiniers) fut dans la suite possédé par un évèque de Winchester, d'où lui est venu le nom de Maison de Winchestre, et par corruption celui de Vicestre ou Bicestre, aujourd'hui Bicétre. « Lesdits seigneurs du parti du duc d'Orleans se tenoient à Vicestre. » ALAIN-CHARTIER, Histoire de Charles VII. « Vicestre, chastel et dongeon » est-il dit dans le Petit Testament de F. Villon.

BICESTRE OU BICÈTRE s'est dit dans la signification de malheur par corruption de bissexte, parce que la superstition faisait autrefois regarder comme malheureuses les années bissextiles, et qu'on croyait qu'il y avait un mauvais sort attaché au jour nommé bissexte, qu'on ajoute au mois de février dans les années bissextiles.

Marchez avant, roy qui portez le ceptre
De tout François sans doubler le bicestre
Du grand dieu Mars, ne des Napolitains.
Le Verger d'honneur, folio 20.
Dans leur doubtée, vipercuse menestre
Leur tour de maistre leur polite bicestre
N'est plus en estre.
Ibid. fol. 37.
Hé bien, ne voilà pas mon enragé de maître?
Il va nous faire encor quelque nouveau bicêtre.
MOLIÈRE, l'Etourdi, act. 5, sc. 7.

BICHOF ou BISKOP, s. m. Ce mot, emprunté à la langue allemande, où il signifie évéque, s'est introduit dans la nôtre depuis plusieurs années, pour signifier une boisson froide composée d'eau, de vin, de sucre et d'orange.

BICHONS, s. m. Les bichons, dont nous avons fait le mot bichonner, sont de petits chiens au nez court et aux longues soies. Il se dit par abréviation pour barbichon, diminutif de barbet. Un bichon contre un dogue a peine à se défendre.

[blocks in formation]
[blocks in formation]

LA FONTAINE.

BIEN-ÊTRE, s. m. La langue est peut-être redevable de ce mot à M. d'Urfé, qui s'en est servi dans son épître au roi Henri iv, auquel il a dédié la première partie de son ouvrage. « Vous savez qu'on souffre tout, hors le bien-étre. » sév. Mot profond, applicable à ceux dont on a dit qu'ils avaient le mal-aise du bien-être.

BIEN-FAIRE, s. m. « La contrariété et diversité roidit, resserre en soy le bien-faire et l'enflamme par la jalousie de l'opposition et par la gloire.» MONT. liv. 1, ch. 9.

BIENFAISANCE. Ce mot, a-t-on dit, est de la création de l'abbé de Saint-Pierre, et ne remonte guère plus haut que 1727. Le lourd abbé Desfontaines le réprouve dans son Dict. néologique; mais Voltaire l'a célébré dans ces vers, qu'on retrouvera sans doute ici avec plaisir : Certain législateur, dont la plume féconde Fit tant de vains projets pour le bien de ce monde, Et qui depuis trente ans écrit pour des ingrats, Vient de créer un mot qui manque à Vaugelas : Ce mot est bienfaisance, il me plaît, il rassemble, Si le cœur en est cru, bien des vertus ensemble. Petits grammairiens, grands précepteurs des sots, Qui pesez la parole et mesurez les mots, Pareille expression vous paraît hasardée, Mais l'univers entier doit en chérir l'idée.

L'auteur d'un Eloge de Gresset en a fait honneur à son héros; mais on voit que cette assertion n'est pas fondée. Balzac avait crée ce mot

avant l'abbé de Saint-Pierre et Gresset. En 1759, année où parut la derniere édition de Richelet, cette expression n'était pas encore généralement reçue. M. Sablier, dans son Essai sur les langues (1777), nous apprend à ce sujet une anecdote dramatique peu connue c'est qu'en 1756, ce mot étonna les comédiens français à la lecture d'une pièce de La Chaussée, « J'ai entendu, dit M. Thomas, un grammairien célèbre, l'abbé d'Olivet, dire, il y a quelques années, que le mot de bienfaisance n'étoit pas français; mais la nation cut moins de rigueur; elle fut contente de pouvoir exprimer dans un seul mot, un devoir, une vertu et un plaisir. Ce mot, proscrit par l'abbé d'Olivet, fut dans tous les écrits,

comme dans toutes les bouches. »

BIENHEURER, v. vieux mot qui avait de la grâce. On le trouve dans la Sat. Mén. dans Regnier, Sat. XIV. N'avoir crainte de rien et ne rien espérer, Amis, c'est ce qui peut les hommes bienheurer. Dans Et. Pasquier, liv. vi, let. 5: « Cette Dame Raison dont Dieu a voulu bienheurer les hommes; » et dans son fils Nicolas, 1. vi, lett. 15: « Cette tant haute et bienheurée en

treprise. » On trouve beneuré pour bienheureux dans le Roman de la Rose, vers 17386, et beneurée pour bienheureuse, vers 8389.

BIENHEURETÉ, S. f. bonheur, qu'on trouve écrit beneureté dans le Roman de la Rose, vers 5076. « Ce grand flot de bienheuretés qui l'ont suivi jusqu'ici.» NIC. PASQUIER, 1. V, lett. 14.

BIENSÉANCE, s. f. « Les femmes choisissent bien souvent la dévotion comme une bienséance de l'àge. » LA BRUYÈRE.

« La bienséance est la pudeur du vice, lorsqu'elle n'est pas la modestie de la vertu. » Le duc DE LÉVIS.

BIENVIENNER, v. féliciter quelqu'un sur son heureuse arrivée. Ce mot qui se trouve dans Montaigne, était très-commode. On l'a laissé perdre sans en mettre un autre à la place. Scarron a dit bienveigner :

Jupiter rien n'en témoigna,

Et le voyant le bienveigna.

Gigantomachie.

BIGARREMENT, s. m. d'opinions. ET. PASQUIER, liv. x, lett. 12.

BIGARRER, v que quelques-uns dérivent du latin bis variare (varier deux fois, doublement), mélanger de différentes couleurs, et BIGARRE, part. qu'on dérive alors du latin bis variatus. Ne viendrait-il pas d'une autre source? Sévère Sulpice, dans la Vie de saint Martin, dit que l'archidiacre de ce saint ne se pouvant plus dédire de faire l'aumône à un pauvre morfondu, qui lui avait été recommandé par son prélat, lui acheta bigerrigam vestem (un vêtement bigarré); et il est noté en marge que les Gaulois appelaient ainsi en leur langue vestem diversis coloribus variegatam. Bigarré pourrait donc être d'origine gauloise.

BIGOT, OTE, adj. faux dévot. Selon Cambden, ce nom fut d'abord donné aux Normands, et voici comment: Raoul, leur duc, recevant en mariage la fille de Charles-le-Simple, et avec elle l'investiture du duché de Normandie, refusa de baiser les pieds du roi, à moins que le monarque ne l'aidât lui-même à lui rendre cet hommage, et répondit à toutes les instances: No, by God. De là Charles prit occasion de l'appeler Bigod, ou Bigot, nom qui passa ensuite à ses sujets. Voici, selon Scarron, Virg. trav. liv. vi, quelle est la punition des Bigotes dans les enfers :

Les mangeuses de patenôtres,
Toujours en effroi pour les autres,
Pour elles en tranquillité,
Qui médisent par charité,
Disant que c'est blâmer le vice,
Endurent la pour tout supplice
D'être sans cesse à marmoter,
Saus qu'aucun les puisse noter;
Et ce tourment de n'être en vue,

Mille fois pour une, les tue.

BIHORE, terme, dit Cotgrave dans son Dictionnaire, dont se servent les charretiers, pour hâter leurs chevaux. « Nous avons beau crier bihore, dit Mont. liv. 11, ch. 37, en parlant de l'ordre de la nature, c'est bien pour nous enrouer, mais non pour l'avancer. » Coste approuve l'usage de ce mot. « Montaigne nous apprend ici, dit-il, qu'il n'y a point de termes qu'un homme d'esprit ne puisse mettre à quelque usage. Ils sont tous bons

« PreviousContinue »