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ment pour elle, mais pour sa famille, et pour l'enfant qu'elle allaitait en ce moment; oppose à cette affreuse perspective la sûreté d'être sauvée à la faveur d'un ordre du roi qui la mettra à l'abri de toute poursuite judiciaire. Enfin il excite adroitement ses craintes, ses remords et sa sensibilité. Cette malheureuse femme est également frappée et attendrie de la bonté de son juge. Elle cède, se jette à ses pieds fondant en larmes, convient de son crime, du motif qui l'y a portée, et avoue que le projetant depuis sept ans, elle avait toujours eu du poison dans sa poche pour saisir l'occasion de l'employer. A ces mots, M. Lenoir jette un cri d'indignation qui témoigne toute l'horreur que lui inspire un forfait tellement prémédité. « Ah! monsieur, lui dit« elle, vous ne savez donc pas ce que c'est « que les passions, et surtout celles de l'amour « et de la jalousie dans une tête créole »!

Madame de Sainte-Hélène ne sortit de la police que pour être renfermée dans un couvent, où il y eut défense de lui laisser recevoir qui que ce fût. Son mari fut instruit aussitôt de cet ordre du roi : mais on crut devoir ménager sa sensibilité, en lui en cachant le véritable motif, que ses amis et ses connais

sances lui laissèrent également ignorer, quoique l'aventure fût publique dans Paris. On le voyait avec la plus grande peine multiplier des démarches inutiles auprès des ministres, pour solliciter la grâce de sa femme, qu'il ne croyait coupable que de quelqu'imprudence envers le gouvernement, et qui sans doute fut rendue à la liberté quatre ans après, par le désordre de la révolution, qui brisa toutes les barrières de l'autorité.

Un Américain a pris la peine d'employer trois ans de suite, à huit heures de travail par jour, pour apprendre exactement le nombre des versets, des mots et des lettres employés dans la Bible. Il a trouvé qu'elle contenait 31,173 versets, 773,692 mots, et 3,566,480 lettres. Le nom de Jehova se trouve dans la Bible 6,855 fois, et la particule et 46,227 fois. Le chapitre qui forme le milieu de la Bible, est le 117me, psaume.

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MADAME de G.... avait pour amant le comte de L...., capitaine aux Gardes. Un des soldats de ce régiment, désirant avoir so

congé, crut ne pouvoir se procurer une meilleure protection pour l'obtenir, que celle de madame de G....; malheureusement il prit mal son temps, et vint présenter sa requête lorsque le mari était présent. Madame de G...., très-piquée de cette indiscrétion, reçut fort mal le soldat, et lui demanda d'un ton fier et dédaigneux, quel motif pouvait l'avoir engagé à lui adresser une pareille demande : le pauvre soldat ne sachant que répondre, se retirait tout confus, lorsque M. de G...., qui était très au fait de l'aventure, l'arrêtant par le bras: « Mon ami, lui dit-il, va dire de ma «part à ton capitaine, que s'il ne te donne « pas ton congé sur-le-champ, moi je lui « donnerai le sien ».

M. DE MIROMESNIL, garde des sceaux, obligé par son éminente place d'avoir une maison pour ainsi dire ouverte à la haute magistrature, fut averti par son maître-d'hôtel qu'on volait très-souvent à sa table des couverts d'argent, et que les soupçons ne pouvaient se porter que sur quelqu'un des con-vives. Il fit part de son embarras à cet égard à M. Lenoir, qui lui promit de découvrir le

filou, à condition qu'il garderait à dîner un espion adroit qu'il lui enverrait sous le déguisement d'un homme de qualité nouvellement arrivé de sa province. L'espion se présenta en effet, et fut accueilli comme on en était convenu. Il dit à M. le garde des sceaux, après le repas, qu'il croyait avoir des soupçons bien fondés; mais que n'ayant pas des certitudes positives, il demandait une seconde épreuve, et le priait de lui donner encore une fois à dîner avec une partie des mêmes personnes, qu'il nomma en assez grand nombre pour qu'on ne pût asseoir aucun doute injurieux. Après ce second dîner, il passa dans le cabinet de M. de Miromesnil, et lui apprit, à son grand étonnement, et comme fait positif, qu'un homme de qualité, M. de G............, maître des requêtes, était le voleur, l'assurant qu'à ce même repas il avait pris une cuillère et une fourchette, et les avait dans sa poche. M. de Miromesnil appelle sur-le-champ M. de G...., et lui reproche sa bassesse. Mais celui-ci, se voyant découvert, ne se déconcerta point, avoua le fait; et croyant se tircr d'affaire par une sotte plaisanterie, répondit que M. le garde des sceaux lui ayant annoncé qu'il y aurait toujours à sa table un couvert

pour lui, il avait cru pouvoir s'en emparer sans indiscrétion. Le chef de la magistrature ne goûta point ce plat badinage; il lui ordonna de se défaire de sa charge dans la quinzaine, et ne crut pas devoir ménager un homme aussi vil, dont l'aventure fut bientôt connue dans tout Paris.

Monsieur T....., connu par son flegme et son sang-froid, avait vu plusieurs fois chez sa femme un homme dont les assiduités lui déplaisaient; il avait souvent prié sa femme de ne plus le recevoir, la menaçant de lui faire une scène s'il le rencontrait encore chez lui. Les entrevues n'en furent pas moins fréquentes; M. T.... poussé à bout, va trouver sa femme: Madame, lui dit-il, j'ai promis de vous faire une scène, je vous la fais. Et

il sort.

Le président d'Ormesson de Noiseau, digne héritier d'un nom illustré par tant de vertus, ayant été obligé par des circonstances particulières de se séparer de sa femme, qui lur avait apporté une fortune considérable, n'a

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