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Le

mation du 45e cuirassiers. Le colonel de Saint-Sauveur.

général Vathier. L'armée russe et le général Bénigsen.

Danois.

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Le siége. Approvisionnement de l'armée. L'île de Willemsbourg. Attaque des Russes. Le colonel Pierre. - Le capitaine de Bousy. Fourrages enlevés à l'ennemi. Service de la cavalerie sur les digues. Luttes continuelles. Incendies des villages. —Louis XVIII monte sur le trône de France. - Accusations injustes contre le maréchal Davoust. Le général Gérard. · RePopulations allemandes et

tour en France. populations belges.

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Le général Guiton.

Hambourg faisait partie du corps d'armée commandé par le maréchal Davoust, et mon escadron contribua à la formation d'un nouveau régiment de cuirassiers dont les premiers éléments, déjà arrivés, avaient été fournis par les 2o, 3o et 4o de cuirassiers. Deux autres régiments de même arme, composés d'escadrons fournis par les autres régiments, étaient aussi en état de formation à Hambourg. Celui dont je faisais partie n'ayant point reçu d'officier supérieur pour le commander, je fus, en ma qualité du plus ancien capitaine, investi de ce commandement. Jusque-là les trois escadrons, arrivés avant moi, avaient agi chacun à sa guise, et il fallait commencer par mettre de l'unité. Nous étions sous les ordres immédiats du général Dubois dont l'héroïque conduite pendant la retraite de Russie avait motivé un décret spécial mis à l'ordre de l'armée pour sa nomination de général de brigade. Je le connaissais de réputation : c'était un

homme probe, mais dur et généralement reconnu pour un mauvais coucheur. J'allai naturellement lui faire ma visite d'arrivée avec mes officiers. Il me fit une réception froide. Je m'y attendais, sachant que tout ce qui appartenait à l'ancienne noblesse était mal vu par lui. Il me parla en termes très-peu flatteurs des trois escadrons arrivés avant moi, et de la nécessité de faire de ces quatre parties diverses un tout homogène, puisqu'il était prévenu que ce régiment provisoire devait être constitué définitivement et prendre le numéro 15.

Je me mis à l'oeuvre je réunis les officiers et leur parlai le mieux que je pus. Je n'en connaissais que deux, tous deux capitaines au 4o de cuirassiers; c'était ce qu'il y avait de mieux. Je donnai un ordre médité avec soin et que je tâchai de rédiger clairement. Chaque escadron étant venu séparément et n'ayant que le nombre d'officiers réglementaire, il n'y avait pas d'état-major. Il fallut en créer un et chercher dans les éléments à ma disposition ce qui pouvait convenir aux différents postes à faire. Van den Berg était actif, intelligent et pouvait être un bon adjudant-major, mais il n'était que souslieutenant. J'obtins sa nomination au grade de lieutenant, et dès le lendemain je demandai qu'il fût adjudant-major, ce qu'on m'accorda. Cette faveur fit ouvrir de grands yeux à quelques lieutenants, mais je l'avais sollicitée avec la conscience qu'excepté un lieutenant du se régiment nommé Baudot, que je fis aussi nommer adjudant-major, aucun des autres ne réunissait les conditions indispensables. Il fallut encore nommer un trẻsorier et remplir les places que ces diverses nominations rendaient vacantes; tout cela se fit sur ma présentation, ce qui contribua à me donner beaucoup d'autorité. Je n'avais pas encore trente ans et la plupart des sous-lieutenants, qui sortaient presque tous de la gendarmeric, étaient plus àgés que moi. Quant aux capitaines, à l'ex

ception de deux, ils approchaient de l'âge de la retraite. En fait de soldats nous n'avions que des recrues, et j'ai déjà expliqué comme quoi ce ne pouvait être l'élite de celles que les dernières levées avaient fournies. L'escadron du 4 régiment faisait cependant exception en ce qu'il avait quelques anciens soldats, et que presque tous ses sous-officiers et brigadiers avaient déjà fait la guerre.

La centralisation de la comptabilité me donna beaucoup de peine; celle particulière à chaque escadron était loin d'être en ordre. Il fallut faire constater les erreurs et établir une coupure qui empêchât la nouvelle administration d'en être responsable. Le temps que j'avais passé à Metz, comme commandant de corps et par conséquent comme président du conseil d'administration, m'avait mis au fait de ce qu'il y avait à faire dans la position où je me trouvais, et cela me fut fort utile. Comme il n'était pas encore question de nous envoyer des chevaux, je pressai l'instruction à pied et le maniement des armes, car on nous avait donné des carabines. Je dois faire observer ici que cette idée d'armer les cuirassiers de carabines portées au crochet avec le fourniment de la cavalerie légère n'avait pas le sens commun. A cheval et avec la cuirasse, il était impossible de s'en servir; mais on avait adopté l'idée d'un faiseur, sans préalablement faire un essai qui aurait démontré cette impossibilité. Plus tard, un autre faiseur, le colonel Voisin, imagina de faire aussi donner des carabines aux lanciers; son idée fut admise sans examen, et après avoir fait la dépense qu'entraîna son exécution, on fut obligé de retirer les carabines. En France, cela se pratique toujours ainsi. Les novȧteurs, quels qu'ils soient, sont à peu près sûrs d'être crus d'abord sur parole, car il y a toujours des gens auxquels les innovations profitent. Mais, pour en revenir à ce qui nous concernait, n'ayant pas de

chevaux, il était possible que, enfermés dans une place qui pouvait être investie, assiégée, les cuirassiers fussent appelés à faire le service à pied, ce qui arriva effectivement, même après que nous eûmes reçu des chevaux.

Au bout de deux mois, le régiment avait pris toute l'homogénéité désirable. Les officiers avaient compris qu'ils faisaient partie d'un tout qui ne devait plus se désunir, et l'esprit de corps faisait chaque jour des progrès qu'il m'était facile de constater. J'étais ponctuellement obéi et les cas de répression presque nuls. La comptabilité, soumise au contrôle de l'intendant militaire, se trouvait régulière et à jour; l'instruction à pied avait marché de telle façon que pour l'exercice et le maniement des armes nous pouvions le disputer à l'infanterie.

Les choses en étaient là, lorsqu'un beau matin je reçus l'ordre d'assister à une réception de cent vingt chevaux qui devait avoir lieu une heure après, et en même temps de faire prendre dans les magasins de l'État le nombre de harnachements nécessaires pour équiper ces chevaux, et de monter ainsi le premier escadron qui devait se mettre en route le lendemain à six heures du matin pour aller faire le service aux avantpostes sur la Steckenitz, petite rivière qui séparait notre armée de l'armée russe et qui est à peu près à dix lieues de Hambourg, communiquant d'un côté à la Baltique près Lubeck, et de l'autre à l'Elbe. Cette rivière, qui ne porte qu'un nom, aurait le droit d'en avoir deux, car elle a deux cours bien distincts, l'un vers le NordEst, l'autre vers le Sud-Ouest. Sur quelques cartes, la partie qui court vers l'Elbe est désignée par un nom différent, mais je n'ai jamais entendu les habitants la nommer autrement que la Steckenitz. Les deux bras partent d'une source commune qui est un marais impraticable; on voit par là que cette ligne qui a vingt lieues d'étendue est d'une facile défense et ne peut être tournée. L'armée

russe avait, disait-on, cent vingt mille hommes; nous en avions quarante mille, y compris dix mille Danois, nos alliés alors. Cette force de l'armée russe s'explique par le grand intérêt qu'avaient nos ennemis à s'emparer de Hambourg dont Napoléon avait fait son grand magasin, et qui contenait un immense approvisionnement en vivres et munitions, ainsi qu'une nombreuse artillerie de campagne outre l'armement de la place qui avait un trèsgrand développement, et celui de Harbourg que nous conservions sur la rive gauche de l'Elbe.

C'était donc sur la Steckenitz, dont je me suis un peu écarté, que devait se rendre l'escadron qui allait être monté. Cet escadron était celui que j'avais amené de France et qui portait le numéro premier. L'idée de le laisser partir sans moi ne me vint pas, quoique ma qualité de commandant de régiment et les ordres du général Dubois m'y autorisassent. Mais rester lorsque cet escadron allait à l'ennemi m'aurait été insupportable, et j'insistai tellement pour partir que j'obtins la permission de remettre le commandement du régiment au plus ancien capitaine.

Les cent vingt chevaux qui me furent donnés après avoir été reçus par le général Dubois, très-bon connaisseur et très-difficile en ces sortes de choses, étaient excellents sous tous les rapports, mais n'avaient jamais été montés, ni voire même sellés, et aucun n'avait probablement encore eu dans la bouche d'autre mors que celui d'un bridon. C'étaient ces chevaux qu'il fallait organiser en moins de vingt heures, et faire marcher, montés par des hommes dont les neuf dixièmes n'avaient jamais touché un cheval ni porté la cuirasse, autrement que dans les revues passées à pied. C'était un problème presque insoluble à résoudre. Le maréchal Davoust, qui était sur la Steckenitz, n'aurait admis aucune observation; le général Vathier, poule mouillée toujours trem

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