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remonte celui du papier timbré. Le Duché de Breme eft tenu de payer le quart de tous les fubfides, qui fe levent dans le cercle de la baffe-Saxe. Les chevaux de la cavalerie font fournis par les Etats, à proportion des francs-fiefs, qu'ils poffedent. Le nombre a été sujet à des variations, felon le plus ou moins de diminutions de valeur de ces fortes de biens; il fut porté à 167 en 1645, mais il fe trouve réduit aujourd'hui à 137, & à un excédent de 19 & de clous. Les contribuables font au nombre de 255, qui ne font pas tous du corps de la Nobleffe; on compte un cheval par 98 rixdales de rente, clou par 39 rixdales 44 fchillings auffi de rente, & finalement 24 clous par cheval. Les Etats du Duché font tenus de fournir non-feulement les chevaux, mais même les cavaliers & leur équipement, & d'en rétablir ce qui manque le cas échéant. La répartition de cet impôt peut être arbitrée par celle qui fe fit en 1713, temps auquel la Cour de Danemarck le fixa à 33,750 rixdales.

Rixdales.

La Nobleffe se chargea de 8 & § de part, ce qui évalué en argent fit 16200
La ville de Stade de
Salle de Buxtehude de
Celle de Verden de

3

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3 &

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7200 3600 6750

Total 18 p. en argent 33750

La Nobleffe acquitte le parts, qu'elle eft tenue de payer, felon un rôle de fervice de chevaux qui en eft dreffé, & qui eft divisé en 6 diftricts. La cote du premier eft de 26 chevaux & de 15 clous; celle du fecond de 25 chevaux 22 clous; celle du troifieme de 11 chevaux 5 de clous; celle du quatrieme de 20 chevaux; celle du cinquieme de 9 chevaux, de deux & de clous, & celle du fixieme de 44 chevaux, & de 21 & de clous. Le premier diftrict s'étend par toute cette partie du pays, fituée entre la riviere d'Ofte & les frontieres de la Principauté de Lunebourg, à partir du Vieux-Pays jufqu'à la Principauté de Verden, le pays de Kehdingen feul excepté. Le fecond regne depuis le bailliage de Neuhaus jufques vers la ville de Bremervärde. Le troifieme traverse les bailliages de Bremervärde & de Bederkefa, ainsi que la Contrée de Beverftedt. Le quatrieme paffe au travers du bailliage de Hagen & des Sieges nobles de justice jufqu'aux rivieres de Hamme & de Wumme. Le cinquieme par la jurifdiction (Gohgericht) d'Achim, & va jufqu'au bailliage d'Ottersberg. Le fixieme enfin contient tout le pays de Kehdingen.

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BRESCIA, Ville d'Italie dans l'Etat de Venise.

BRESCIA renferme 10 à 60 mille ames; elle eft à 18 lieues de

Milan, & à 38 lieues de Venife; elle a environ une lieue de tour; fa latitude eft de 45°. 30' 22"., & fa longitude, 5' 30" à l'orient de Milan, ou de 28°. 22. 30". C'eft une ville riche, agréable, dans une heureufe fituation, & dont les environs font très-fertiles; l'on y arrive, en venant 'de Vérone, par un très-beau chemin bordé d'arbres & de ruiffe,ux, & fon. interieur répond à la beauté de l'avenue on peut la regarder, après Milan, comme la principale ville de la Gaule Cifalpine, & elle a été appellée long-temps Spofa di Venezia, quoique Vérone à cet égard lui difpute la préféance.

Les Auteurs qui ont embelli l'origine des villes d'Italie, ont donné jufqu'à fept opinions différentes fur la fondation de celle-ci; mais Hercule eft le plus grand de tous les héros qu'on lui donne pour fondateurs : elle fut rebâtie par Belovefe, chef des Gaulois Cénomans, ou fuivant Tite-Live, par Brennus, chef des Gaulois Sénonois, 391 ans avant J. C., & ce fut alors qu'on lui donna le nom de Brescia; elle étoit capitale des Cénomans. Dans le temps où les factions des Empereurs & des Papes déchiroient P'Italie, & où les maffacres des villes entieres étoient des chofes communes, Brescia ne fut pas exempte de ces terribles révolutions : vers le commencement du dixieme fiecle, on compte qu'en 28 ans elle changea fept fois de gouvernement; elle fut prife enfuite, & faccagée par l'Empereur Henri VI. Ezzelin s'étant rendu maître de Padoue, de Vicence & de Vérone, prit auffi Brefcia, & y exerça mille cruautés, l'an 1224; elle fut. prife l'an 1327, par Scaliger, Duc de Vérone, qui étoit du parti des. Guelfes; en 1335, par Azzo Vefconte ; & les Ducs de Milan la pofféderent quelque temps.

En 1426, Philippe-Marie Visconti, Duc de Milan, ayant vexé le peuple: de Brescia, à l'occafion des travaux qu'il faifoit faire à la petite riviere de Barzetta, l'affemblée générale de la ville délibéra d'envoyer des orateurs. à la République de Venife, pour lui offrir la fouveraineté du pays; les offres furent acceptées, & la citadelle fut prife.

Brescia eft environnée de murs, de foffès, & de remparts qui forment une promenade agréable; il y a cinq portes dont quelques-unes font décorées; on y compte dans la ville & les fauxbourgs 19 paroiffes & 37

Couvens.

Elle a un Podeftat qui eft toujours un noble Vénitien. La ville ne laiffe: pas d'avoir beaucoup de privileges & une adminiftration particuliere le confeil de ville eft compofé d'environ 600 perfonnes: il faut, pour y en-trer, avoir 30 ans accomplis, être d'une famille qui foit affez ancienne:

pour remonter al tempo delle forghe, c'eft-à-dire, qui ait plufieurs fiecles, avoir une certaine quantité de fonds de terre, & depuis 100 ans, n'avoir exercé aucun art méchanique : tous les deux ans, on balotte les membres de la nobleffe, & l'on exclut ceux qui peuvent mériter l'exclufion.

Il y a un petit confeil qui s'affemble tous les jours & qu'on appelle confeil de ville; il eft compofé de trois Députés, deux Syndics, un Avocat, un Abbé, & un Secrétaire; ils veillent à toutes les affaires de la ville; & lorfqu'il y a des chofes qui ne font pas entiérement de leur reffort, ils en conferent avec le représentant, & le prient d'affifter à leur confeil.

La ville entretient toujours à Venife un Député, nunzio, pour être informée des délibérations qui peuvent l'intéreffer, des impôts que l'on pourroit projetter, & pour prendre à temps les mefures convenables à fes

intérêts.

Parmi les privileges du Pays Breffan, il y en a un fort fingulier, mais fort utile; c'eft que les nobles Vénitiens nés hors du territoire, ne peuvent y acquérir ni pofféder des fonds; par-là les habitans, ou restent en poffeffion de leurs biens, ou ne les tranfmettent qu'à des parens & des perfonnes de leur pays.

Le peuple de Brefcia eft plus induftrieux, plus cultivé, moins fauvage que dans la plus grande partie de l'Italie; cependant les haines féroces & les jaloufies cruelles s'y trouvent encore bien fréquemment; il n'y a pas d'années qu'il ne fe faffe 200 affaffinats dans la ville ou dans le territoire, fur-tout dans la montagne : les affemblées des jours de fêtes font presque toujours marquées par quelque catastrophe préméditée, ou par quelque affaire de rencontre.

Les machines à filer la foie, qui font en très-grand nombre, vont par le moyen de l'eau, & font un objet de manufacture d'un million pour le pays on y compte plus de 30 papeteries; des marteaux pour travailler le fer & le cuivre; des meules de couteliers, qui vont par le moyen de l'eau; des moulins à fcier les planches; des pilons pour écorcer le riz; des machines à forer les canons de fufil; les manufactures de ces canons font établies à Gardone, qui eft à quatre lieues de Brescia.

Cette ville a toujours été célébre pour la fabrication des armes. Milan avoit eu d'abord à cet égard la plus grande réputation, comme on le voit dans Brantome; enfuite ce commerce paffa prefque tout entier à Brefcia; actuellement il y eft fort déchu. Les mines de fer & les grandes forges, font dans Val Camonica & Val Trompia; la mine de fer de Trompia fournit ordinairement 550 milliers de fer chaque année; on y emploie environ 300 ouvriers. Il y a auffi dans les vallées des environs, du cuivre, du jafpe, de l'albâtre & des pierres de touches, noires comme de l'ébene, & qui fe poliffent comme des miroirs.

Оп

On voit à Brescia plufieurs preffoirs pour l'huile de lin & pour l'huile de pepins de raifin. Cette huile eft l'objet d'un commerce affez confidérable à Brescia pour la faire, on commence à faire fécher le marc tiré des preffoirs; on le frappe, on le manie, on le crible, & l'on fépare ainfi les pepins; on les vanne en les jettant en l'air avec une pelle, & on les fait encore fécher à l'air fec pendant un mois; on les écrafe enfuite fous une pierre, on met cette efpece de farine dans une chaudiere fur le feu jufqu'à ce qu'elle fume & qu'elle foit rôtie; alors on l'enveloppe dans une piece de laine, & on la met fous le preffoir pour en exprimer

l'huile.

Le territoire de Brescia, ou le Comté de Breffe a environ 25 lieues de long fur 10 de large, & contient environ 500 mille habitans, & 272 paroiffes : le terrein y eft très-fertile; on y feme la même année du froment, & enfuite du lin, ou du millet.

On y engraiffe fouvent les terres, en femant des lupins au mois d'Août, dans les terres que l'on veut enfemencer on les laiffe pourrir, & ils tiennent lieu de fumier. Dans un pio de terrein (qui eft àpeu-près l'arpent de Paris, car il a 853 toifes de furface), on feme environ 112 livres de froment, & l'on y recueille communément sept à huit fois la femence.

La foie fait la principale branche du commerce de Brescia; elle rapporte chaque année deux millions & demi; le commerce du lin en rapporte 360 mille, & celui du fer 170 mille, monnoie de France; on y fait encore un commerce de laines & de toiles, qui eft affez confidérable; les habitans ont de l'économie, de l'induftrie, & ne font point pareffeux.

Le vin-fanto eft une des chofes remarquables du Comté de Brescia: c'eft un vin qui eft de couleur d'or, & d'une douceur très-agréable. Pour le faire, on conferve le raifin jufqu'au mois de Février; quand il fait froid, on le met fous le preffoir; on expofe ce vin quatre ou cinq jours au grand froid, pour qu'il fermente peu, & on l'enferme au bout de trois ou quatre ans il eft délicieux.

La pêche et un objet confidérable du Comté de Breffe; le lac d'Ifeo, & le lac de Garda, fourniffent des poiffons excellens le lac d'Ifeo donne de groffes truites, des brochets, de petites fardines, des tieches, &c. Il y a encore le peffe-perfico qui y eft, dit-on, nouvellement arrivé dans les crûes d'eau, ou qui a été du moins très-long-temps ignoré.

Le lac de Garda donne des carpioni qui font célébres, de groffes fardines, & beaucoup d'autres poiffons excellens.

Le temel, qui fe pêche dans l'Adda, eft auffi très-eftimé.

Mais l'Adda & l'Oglio ne donnent pas feulement du poiffon, on y trouve encore de l'or; ceux qui le recueillent en lavant le fable de ces rivieres, gagnent ordinairement 12 fols par jour; quelquefois même cela va jufqu'à so fols. Dans la vallée de Camonica qui eft au-deffus du lac d'I

Tome IX.

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seo, & où l'Oglio prend fa fource, on trouve des topafes & des grenats. On travaille dans le val-Camonica des pots de pierre qui font d'un trèsbon usage, & qui réfiftent très-bien au feu; d'un feul bloc on en tire un grand nombre; le plus petit fe tire du milieu du plus grand, & ainfi de fuite de plus en plus petit.

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On fait auffi à Brescia beaucoup de meules de moulin; les petites font: d'un gris-blanc, & d'une pierre tendre qui fe taille aifément, mais qui durcit à l'air; les plus grandes font d'une fubftance compofée, dans laquelle on voit des fites & granites roulés, & d'autres pierres blanchâtres. qui paroiffent être calcaires.

Il y a de grands pâturages dans le territoire de Brescia. Beaucoup d'habitans des environs de Bergame & de Lodi viennent dans le Comté de Breffe, vers le commencement de Novembre, & y amenent leurs troupeaux de vaches, pour y être nourris jufqu'à l'été, dans des écuries qu'on: leur amodie, & où ils font leurs fromages: chaque vache paffe pour exiger trois chars de foin, chacun du poids de 1500 livres, & du prix de 20 à 22 livres de France.

La fertilité de ce territoire vient principalement des eaux de l'Oglio & de la Fufa qui fe diftribuent avec beaucoup de foin; on les achete, on les amodie fort cher. La maison Gambara, l'une des premieres du pays, tire plus de 40 mille francs des eaux dont elle peut difpofer, & qui font partie de fes domaines.

On fait beaucoup de fromages dans le Comté de Breffe; 40 vaches. fourniffent tous les jours une forme d'environ 30 livres pendant toute l'année : ce fromage revient à 13 fols & demi la livre de France ; car il fe vend 16 fols la livre, argent & poids du pays, où les fols ne font que la moitié des nôtres, & la livre de poids environ trois cinquiemes de la nôtre. Ces vaches vont paître pendant l'été ; l'hyver elles ne fortent point on leur donne le marc de la graine de lin, après que l'huile eft exprimée, panello di linofa, & un peu de fel; on affure que l'exportation des fromages produit 130 mille livres au pays.

Enfin Brescia eft une des villes d'Italie, où l'on cultive avec le plus de fuccès les fciences & les arts. Voyez le Voyage de deux François en Italie, par M. de la Lande.

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