Page images
PDF
EPUB

table de France, fur lequel il fut confifqué par le Roi François I, & réuni à la couronne. Il en fut détaché en 1651, par Louis XIV, pour le donner en échange du Duché d'Albret, & d'autres pays au Prince Louis II, de Bourbon-Condé, aux hoirs duquel il eft demeuré jufqu'à préfent.

Cette Province dépend, pour le fpirituel, des Evêchés d'Autun, Bourges, Clermont & Nevers; pour les finances, des généralités de Moulins & de Bourges; pour le civil, du Parlement de Paris; & l'on y compte un bailliage & une fénéchauffée, un préfidial, dix-neuf châtellenies royales &c. où la juftice eft adminiftrée conformément à la coutume de Bourbonnois rédigée en 1520. C'eft le Roi qui pourvoit à toutes ces charges; mais c'eft le Prince de Condé qui en a la nomination, fans cependant qu'aucun officier foit à lui. Il y a pour le militaire, enfin, un Gouverneur-Général, un Lieutenant-Général pour le Roi, deux Lieutenans-de-Roi de la Province, un Lieutenant des Maréchaux de France; un Prévôt-Général & deux Lieutenans de Maréchauffée &c.

BOURDEAUX, Ville de France, Capitale de la Guienne & du Bourdelois.

BOURDEAUX étoit une ville puiffante dès le temps des Romains.

Dans le partage de l'Aquitaine en plufieurs Provinces, elle fut élevée à la dignité de Métropole de l'Aquitaine feconde. Il y avoit à Bourdeaux un amphithéâtre dont M. le Baron de la Baftie nous a donné la defcription. Bourdeaux a cela de commun avec toutes les anciennes villes, d'avoir effuyé de grandes révolutions. Les Sarrafins la ravagerent du temps du Duc Eudes, l'an 732, lorfqu'ils s'avancerent jufqu'à Poitiers. Elle fut détruite par les Normands dans le fiecle fuivant. Ayant été quelque temps déferte & abandonnée, elle fut rétablie vers l'an 900, fous le regne de Charles-le-Simple, enfuite le Comte Raimond en fut Seigneur abfolu, & laiffa ce Comté à fon fils Guillaume, furnommé le Bon, qui fonda l'Abbaye de Sainte Croix. Ce Comte ayant été pris prisonnier par ses ennemis, & délivré par Sanche Duc de Gascogne, il donna par reconnoiffance fon Comté au fils du Duc de Sanche, nommé Guillaume, qui unit le Comté à fon Duché fous le regne du Roi Lothaire. Les fucceffeurs de Guillaume jouirent de Bourdeaux jufques à l'extinction de leur race, après quoi le Duché de Gascogne fut uni à celui d'Aquitaine par les Comtes de

Poitiers.

L'Archevêché de Bourdeaux eft fort ancien : il y en a qui prétendent que Saint Gilbert en a été le premier Evêque, & qu'il vivoit dans le premier fiecle il n'eft pas fort néceffaire d'adhérer à ce fentiment: mais il eft conftant que ce fiege avoit des Prélats vers l'an 300. Auriental, Evêque

de Bourdeaux, affifta avec Favien fon diacre, au premier concile d'Arles.. qui fut tenu contre les Donatiftes en 314. On ne fait pas précisément le temps que cet Evêché fut érigé en Archevêché. Les Archevêques de Bourdeaux prennent la qualité de Primats d'Aquitaine, quoiqu'elle leur foit difputée par les Archevêques de Bourges. Il y a quatre cents cinquante paroiffes dans l'étendue du diocefe de Bourdeaux, & environ cinquante annexes, ce qui fait cinq cents clochers. Les terres de Montravel, de Belvez, de Bigaroque, & autres qui font en Perigord, appartiennent en propre à l'Archevêché, quoiqu'elles foient dans le diocefe de Perigueux, & dans

celui de Sarlat.

Le parlement de Bourdeaux fut établi par le Roi Louis XI, en 1462; & ce même Prince, ayant donné la Guienne en apanage à fon frere en 1469, le parlement fut transféré à Poitiers, où il tint fes féances jufqu'en 1472, que Charles étant mort, cette cour fut rétablie à Bourdeaux. Là généralité de Bourdeaux, la Saintonge, le Limoufin, font du reffort de ce parlement. La Soulle en étoit auffi; mais elle en fut diftraite, vers la fin du fiecle, pour l'unir au parlement de Pau. Le parlement de Bourdeaux n'étoit d'abord compofé que d'un petit nombre d'Officiers; mais on a fait depuis tant de créations de charges, qu'à préfent il y a au moins cent treize Officiers; favoir, un premier Préfident, neuf Préfidens à mortier, dont cinq fervent à la grand'chambre, & quatre font envoyés tous les ans à la tournelle; quatre-vingt-dix Confeillers, dont trente fervent à la grand'chambre, & trente dans chacune des chambres des enquêtes. De ceux de la grand'chambre on en envoie dix tous les ans à la tournelle, & cinq de chaque chambre des enquêtes. Ces dernieres ont chacune deux Préfidens,

outre leur commiffion de Président font obligés d'avoir une charge de Confeiller. Outre ces chambres, il y a une chambre des requêtes du palais qui juge en premiere inftance les caufes de ceux qui ont droit de Committimus, & dont les appellations font portées au parlement. Cette chambre eft compofée de deux Préfidens, & de huit Confeillers. Ces charges n'ont été créées que pour fervir dans cette chambre; & les Confeillers qui veulent pofféder des charges dans le parlement, & conferver leur rang de Confeiller dans la chambre des requêtes, font obligés de s'en faire pourvoir dans cinq ans, après lefquels s'ils entrent dans les charges du parlement, ils n'ont rang que du jour de leur réception. Il y a un ProcureurGénéral, & deux Avocats-Généraux.

Le Sénéchal de Bourdeaux prend la qualité de Grand-Sénéchal de Guienne. Sa charge eft d'épée, & périt par mort. Les jugemens qui fe donnent au fiege du Sénéchal font, prononcés en fon nom, & les fentences s'expédient auffi en fon nom. La fonction de ce Sénéchal eft d'affembler la nobleffe, lorfqu'il en reçoit l'ordre du Roi, & de la commander. Il a auffi le droit de confirmer les maires qui font faits tous les deux ans dans les villes de Libourne, Blaye, Bourg, & Saint-Emilion, pour raifon de quoi il a un

droit de rétribution de dix-fept écus d'or pour Libourne, autant pour Blaye, de dix pour Bourg, & de pareille fomme pour Saint-Emilion. Il y a d'ailleurs fix cents trente livres de gages affignés fur le convoi de Bourdeaux.

[ocr errors]

L'univerfité de Bourdeaux fut établie en 1441. Le Pape Eugene IV lui accorda plufieurs privileges, qui furent enfuite augmentés par le Roi Louis XI. Il y a dans cette univerfité des Profeffeurs pour la théologie, le droit, la médecine & les arts. On enfeigne auffi la théologie dans plufieurs couvens de Bourdeaux; & les Profefleurs affiftent aux affemblées de l'univerfité.

Il n'y a point de ville dans le Royaume de France dont la magnificence & la perfpective, en entrant par la riviere du côté de la mer, donne une fi haute idée de la puiffance du Monarque à qui elle appartient, & de l'induftrie de la nation qui l'habite.

Cette ville a trois principaux objets de commerce la vente de fes vins & eaux-de-vie, les armemens qu'elle fait pour les Colonies Françoifes, & enfin la pêche de la baleine & de la morue. Les principales nations qui viennent acheter ses vins font les Anglois, les Hollandois, les Suédois & les Danois. Ces différentes nations achetent encore à Bordeaux du vinaigre, des prunes, de la réfinée, de la térébenthine, du papier, du liege, du miel, &c. Elles y apportent des étoffes de laine, de l'étain, du plomb, du charbon de terre, du hareng, des cuirs de toutes fortes, du bœuf falé, des fuifs, des drogues pour la teinture, du bourdillon, des planches, des mâts de navires, du chanvre, du goudron, du cuivre, &c. Les navires qui vont de Bourdeaux à Quebec partent dans les mois d'Avril & de Mai, & leurs cargaisons confiftent ordinairement en vins, draperies, toiles, chapeaux, ferrailles, clinquailleries & outils de toutes fortes. Ceux qui partent pour l'Amérique font chargés à-peu-près comme ceux de Quebec, & on met en outre plufieurs formes ou pots de terre pour terrer les fucres, & environ 400 barriques en bottes avec les cercles & ofier pour les relier. Les principales marchandises qu'on en rapporte font les fucres blancs & brutes, le coton, le gingembre, l'indigo, le rocou, le cacao, &c. Les navires qui vont à la pêche de la morue partent dans les mois de Janvier & Février, & font leurs retours ordinairement à Bourdeaux, Nantes, la Rochelle & Bayonne.

[ocr errors]

Il fe tient deux foires confidérables par année à Bourdeaux, elles durent quinze jours chacune; leurs franchises confiftent dans l'exemption du droit de comptablie. La premiere de ces deux foires, nommée foire de Mars, commence le premier jour du mois de Mars.

g

La feconde, nommée foire d'Odobre, commence le 15 du même mois.. Les lettres & billets payables en foires, & qui ne font pas payés, doivent être proteftés le dernier jour de la foire.

Les lettres & les billets qui font payables à un jour fixe de la foire,

doivent être payés le jour même; à défaut être proteftés le même jour. Il eft cependant d'ufage de garder les protêts jufqu'à la fin de la foire.

Les lettres de change à vue fur Bourdeaux doivent être payées à leur préfentation, & à défaut de paiement proteftées le même jour. Celles à plufieurs jours de vue jouiffent de dix jours de grace, lefquels commencent le lendemain de l'échéance. Celles à une ou plufieurs ufances jouiffent auffi de dix jours de grace, qui commencent pareillement le lendemain de l'échéance. Les billets à ordre valeur reçue en marchandises qui font endoffés, jouiffent auffi de dix jours de grace; à défaut de paiement ils doivent être proteftés le dernier des dix jours de grace, qui commencent auffi le lendemain de l'échéance.

BOURGEOIS, f. m.

UN Bourgeois eft celui dont la réfidence ordinaire eft dans une ville,

& qui jouit des avantages & privileges attachés à cette qualité. Le citoyen eft quelque chofe de plus : c'eft le membre d'une fociété politique dont il connoît les affaires, aime le bien, & peut fe promettre de parvenir aux charges & dignités.

A Geneve on nomme Bourgeois une claffe des habitans de la république la plus proche de celle des citoyens, les citoyens nouvellement reçus, & même les enfans des citoyens, baptifés hors des murs de la ville de Geneve. Ils peuvent entrer dans le grand Confeil, mais ils ne peuvent point aspirer aux places du petit Confeil, ni à celles de Procureur-général, d'Auditeurs, Chatelains, &c. Du refte, ils ont les mêmes droits que les citoyens proprement dits.

Les premiers habitans de l'ancienne Rome imaginerent, pour peupler leur nouvelle ville, d'accorder certains privileges à tous ceux qui viendroient s'y fixer. Ils attacherent tant de nobleffe & tant de prérogatives au titre de citoyen Romain, que bientôt tous leurs voifins & leurs alliés ambitionnerent de le porter. Cette politique a été fuivie depuis par toutes les villes un peu confidérables. Elle n'a pas peu contribué non plus à en multiplier le nombre & à dépeupler les campagnes. Les habitans de ces dernieres prefque tous réduits autrefois dans l'état de fervitude, & exposés fans ceffe aux incurfions des ennemis ne pouvoient voir les avantages dont jouiffoient les citadins, fans les envier & fans chercher à fe les procurer; ils quittoient donc l'agriculture pour venir fe confacrer dans les villes à des arts moins utiles, mais qui fembloient leur promettre plus de confidération & une existence moins pénible. Le titre de Bourgeois ne tarda pas à infpirer à ceux qui en étoient revêtus, le plus grand mépris pour ceux que la fortune condamnoit à vivre dans les campagnes & à les cultiver,

ce qui acheva de décourager ces derniers & de les avilir. La Philofophie cherche envain à rétablir l'égalité d'eftime entre tous les citoyens d'un même état, la politique femble s'oppofer à fes efforts, & un Bourgeois. pareffeux & fainéant lui paroît encore un être plus précieux qu'un agriculteur utile. Les charges les plus pénibles viennent accabler le paylan, tandis que les faveurs & les diftinctions vont chercher l'homme de ville.

Il n'eft point de ville en France, en Angleterre, en Espagne, &c. qui ne jouiffe de quelques privileges plus ou moins étendus. Nous ne parlerons ici que de ceux qui font attachés à la qualité de Bourgeois de Paris. (a)

Les lettres-patentes de Charles V du 9 Août 1381, leur accordent le droit de porter des armoiries, comme les nobles Chevaliers.

Un des principaux privileges des Bourgeois de Paris, eft, qu'en matiere civile & en défendant ils ne peuvent être contraints de plaider ailleurs qu'à Paris. L'article 112 de la coutume de Paris leur confirme ce droit expreffément.

Ce privilege a lieu non-feulement dans les actions perfonnelles, mais encore pour les actions réelles & mixtes, & même lorfqu'ils font affignés en garantie, ou pour rendre compte de tutelle & d'adminiftration; ils peuvent, en vertu de leur droit, faire évoquer la demande au Châtelet de Paris. Cependant, fi un Bourgeois eft affigné aux requêtes du Palais, ou à celles de l'Hôtel en vertu du droit de Committimus, il ne peut fe prévaloir de fon privilege pour éluder ces tribunaux. Il ne peut de même s'en fervir contre fon Seigneur, lorfque celui-ci l'affigne devant le juge de la feigneurie en qualité de vaffal, pourvu toutefois qu'il ne s'agiffe entre les parties que de la reconnoiffance de la directe, c'eft-à-dire, de la foi & hommage, du paiement du cens ou autre chose semblable ayant rapport à fon fief.

Ce privilege des Bourgeois de Paris n'a point d'effet dans les affaires dont la connoiffance eft attribuée à certaines jurifdictions particulieres.

Il en eft de même en matiere criminelle, ou du moins ce privilege ne s'étend point au-delà de la Prévôté & Vicomté de Paris. Sur-tout depuis l'ordonnance du mois d'Août 1670, qui attribue fans exception la connoiffance des crimes au juge du lieu où ils ont été commis.

Les Bourgeois de Paris font en droit de demander la garde bourgeoife de leurs enfans mineurs, en vertu de laquelle ils jouiffent des revenus de leurs enfans fans en être comptables. Ce privilege leur a été accordé par les mêmes lettres-patentes de Charles V, qui leur accordent le droit d'avoir des armoiries. Mais la garde bourgeoife ne peut paffer à l'agent ou l'agente

(4) Aux articles des grandes villes, qui fe trouvent dans cet ouvrage, nous parlons prefque toujours des privileges, des Bourgeois.

« PreviousContinue »