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queftion des appels, & il prouve que dans tous les temps l'Appel du Pape au Concile général, ou le recours contre les ordres injuftes & les décifions erronées des Papes, a été d'un ufage commun par toute l'Eglife. Le Corollaire qui termine cette troifieme partie, eft comme une récapitulation de toutes les abfurdités qui réfultent de la doctrine des Ultramontains fur l'énorme puiffance qu'ils attribuent au Pape. Boffuet fait voir clairement que ces vils adulateurs du Pape, loin d'honorer fa puiffance & de l'élever comme ils le prétendent, la rendent au contraire odieufe & méprifable. Cet ouvrage du célébre Evêque de Meaux eft infiniment précieux à toutes les perfonnes qui s'intéreffent aux libertés & à la doctrine de l'Eglife Gallicane, & ne fauroit être trop lû par les Eccléfiaftiques, par les Magiftrats, par tous les Citoyens.

LA

BOTANIQUE, f. f. La fcience des plantes.

A Botanique eft fans contredit une des fciences les plus néceffaires à l'homme réuni en fociété avec fes femblables. Il eft bien für que, dans cet état de réunion, l'homme eft expofé à un bien plus grand nombre d'accidens & de maladies, que l'homme fauvage. Il eft de fait encore que le féjour des villes, eft moins fain que les campagnes, & que les différentes occupations de la vie civile mettent fans ceffe en danger la fanté & la vie des Citadins. La vie fédentaire des gens de cabinet, comme Magiftrats, Jurifconfultes, Littérateurs, l'intempérance des gens oififs, la bonnechere des grands & des riches, la dureté de certains métiers, l'infalubrité de plufieurs autres, tout jufqu'à la feule réunion de plufieurs milliers d'individus fur quelques toifes de terrein, nous met dans le cas d'avoir fouvent recours à la vertu des fimples pour rétablir les refforts dérangés de notre foible machine. La Botanique ne fauroit donc être trop encouragée dans un Etat policé. Les remedes qu'elle offre femblent plus accommodés à nos befoins, plus efficaces, & fur-tout fujets à moins d'inconvéniens que ceux que l'on tire du regne minéral, & même du regne animal. Les animaux nous donnent là-deffus une excellente leçon, & nous devons faire par raifon ce qu'ils font par inftinct. Ils n'ont pas befoin de médecins : ils favent trouver par eux-mêmes le fimple propre au mal ou à la blessure qu'ils ont, & s'ils éprouvent des maladies contagieufes auxquelles ils ne peuvent remédier par eux-mêmes, c'eft depuis que nous les avons fait entrer en fociété avec nous, & parce que la vie cafaniere à laquelle nous les affujettiffons, ne leur permet pas d'aller chercher fur les montagnes, dans les vallons & dans les forêts les plantes médicinales que leur instinct ne manqueroit pas de leur indiquer.

La nature, cette mere bienfaifante, a fans doute placé à la portée des

hommes tout ce qui leur eft néceffaire, même pour guérir les maux qu'ils fe font de gaieté de cœur. Depuis que l'on cultive particuliérement la Botanique, on a fubftitué heureusement quantité de remedes végétaux, firops, élixir, extraits, efprits, &c. à d'autres remedes que l'on tiroit avec. de grands rifques des minéraux, que l'on n'employoit qu'en tremblant, & qui avoient fouvent les fuites les plus fâcheufes. Ces premiers fuccès doivent encourager les Botaniftes. Un firop végétal remplace le mercure dans le traitement des maladies vénériennes, fcorbutiques, &c. cette découverte perfectionnée peut en amener une infinité d'autres. Les plantes ont un baume ami de l'homme qui n'exifte dans aucune fubftance miné

rale ni animale.

» Il manque à la perfection de la Botanique, dit un célébre naturaliste >> moderne, la découverte de peut-être trente à quarante mille efpeces en>> core inconnues, une méthode naturelle, univerfelle, à côté de laquelle » on pourroit défirer un fyftême qui au mérite de la facilité, joignît celui » de conferver le plus grand nombre de claffes naturelles, & fur-tout » tous les genres naturels avec une concordance relative à la méthode » naturelle, une nomenclature fixée par la convention unanime des Bo» taniftes, des descriptions & des figures exactes & complettes de toutes » les plantes connues, & un grand ouvrage qui les comprît toutes, ran»gées felon leur ordre naturel. «

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Il manque encore à la Botanique & à la fociété une indication fûre, raifonnée, expérimentale, des vertus des fimples rangées dans une méthode commode & aifée pour l'ufage des pharmacies, & des apothicaireries. Le Gouvernement doit protéger & encourager vivement toutes les recherches, obfervations & expériences qui peuvent conduire à la connoiffance des vertus des plantes, aux développemens de cette fcience, & aux moyens les plus efficaces de l'employer pour le plus grand bien de l'humanité.

J

BOTERO, (Jean) Auteur Politique.

EAN Botero, né à Bene, petite ville de Piémont fur les frontieres du Montferrat, & mort en 1608, fut Secrétaire de Charles Borromée & après la mort de ce Saint, précepteur des enfans de Charles-Emmanuel, premier Duc de Savoie, qui lui donna l'abbaye de Saint Michel de l'Eclufe. Parmi fes ouvrages (a), on trouve ceux-ci.

I. Della ragione di flato Libri X contra libri delle caufe della grandezza

(a) Voyez-en la liste dans le vingt-quatrieme vol. des Mémoires de Nicéron, pour servir à l'Hiftoire des hommes illuftres dans la République des lettres.

della

della citta. In Venetia, Giolitti 1589, in-4to, in Torino 1596, in-8vo; in Milano 1598; in Venetia 1598, 1601 & 1606, in-8vo. Cet ouvrage traduit d'abord en Allemand, l'a été depuis, de cette derniere langue, en Latin fous ce titre : De illuftrium ftatu & politiae libri decem cum tribus libris de urbium origine, excellentiá & augendi ratione, autore Georgio Drandio. Argentorati 1602, in-8vo. Ce traducteur a fait plufieurs additions à l'ouvrage de Botero. Les trois livres de l'origine de la grandeur des villes ont été traduits auffi en Anglois par R. Peterson, & imprimés en cette langue à Londres en 1606, in-4to. Il y a eu une traduction Efpagnole de La ragione di fiato, imprimée à Burgos en 1602, in-8vo; & nous avons deux traductions Françoises du même ouvrage, l'une par Gabriel Chapuis, Secrétaire Interprere du Roi Très-Chrétien, fous ce titre : Raifon & Gouvernement d'Etat. Paris, Guillaume Chaudiere 1599, in-12. L'autre, par Pierre de Deymier, intitulée: Maximes d'Etat Militaires & Politiques traduites de l'Italien, augmentées & illuftrées d'annotations. Paris 1606, in-12.

II. Relationi univerfali. In Roma 1592, in-4to; in Vicenza 1595, in-4to; in Venetia, 1596 & 1605, in - 4to; in Brescia 1598, in-4to; in Torino 1601, in-4to. On a fait des retranchemens à cette derniere édition, & l'Index Romain ne permet que les éditions qui ont été faites fur celle-là; ainfi elle eft la plus mauvaise. Cet ouvrage traite de la géographie, de l'hiftoire, & des forces de chaque Etat en particulier. On conçoit d'abord qu'il ne peut plus être d'aucun ufage à un politique, à caufe des changemens arrivés, & dans le fyftême de l'Europe, & dans les forces des Etats. Il eft divifé en quatre parties, dont la premiere contient une defcription géographique & hiftorique de l'Europe, de l'Afie, de l'Afrique & du nouveau monde, fuivant ce qu'on avoit découvert alors. La-feconde traite des Princes Souverains, & des caufes de leur grandeur & de leur puiffance. Il s'agit dans la troifieme des différentes religions. On voit dans la quatrieme un état des fuperftitions du nouveau monde, & les moyens dont on s'eft fervi pour y planter la foi. Guillaume Dubrecqs en a fait une traduction latine à laquelle il a joint la relation d'un autre Italien fur les Etats du Duc de Savoie, du grand Duc, du Duc d'Urbin & de la République de Venife, & qu'il a publiée fous le titre de Mundus Imperiorum unius ferè mundi. Coloniæ 1613, in-8vo. Jufte Reyfenberg a de-. puis revu cette traduction, a retouché le ftyle qui n'en étoit pas pur, y a joint des notes, & a publié le tout fous ce nouveau titre : Politia regia in qua totus Imperiorum mundus eorumque admiranda, cenfus, æraria, opes, vires, regimina, & fundata flabilitaque magnitudo edifferuntur, Joh. Boterus recenfuit; Juftus Reyfenberg Jurifconfultus emaculavit, expofuit & notis illuftravit. Marfpurgi 1620, in-4to. pp. 255. Le même fous cet au tre titre Joannis Boteri Relationes de præcipuis rebufpublicis, ex Italico latinè converfæ, cum notis & indice autorum politicorum Jufti Reyfenberg, Tome IX. V

edente Ludolpho Georgio Lunde. Helmftadii 1630, in-4to. Le traducteur latin a corrompu le texte original en plufieurs endroits, principalement en celui où l'auteur raconte la maniere dont les Ambaffadeurs de Henri IV reçurent à Rome l'abfolution pour ce Prince, & il a dit une fauffeté infigne, lorsqu'il a affuré que le Pape (Clément VIII) fit élever une colonne comme un monument éternel de cet événement, que le traducteur rapporte d'une façon fort injurieufe à la France. Le Président de Thou (a) a eu raifon de fe plaindre de l'infidélité de ce traducteur.

Botero a encore fait quelques autres petits ouvrages qui font comme des additions à fa Ragione di ftato; mais on peut fe difpenfer de les lire. Ce n'eft pas que l'auteur ne foit un des plus fubtils écrivains d'Italie; mais on lui a juftement reproché qu'il n'avoit rien moins fait que ce qu'il avoit entrepris de faire.

(a) Hift. ad ann. 1545.

BOTHNIE, Province confidérable de Suede, fur le Golfe du même nom.

LA Bothnie eft divifée par le Golfe en orientale & occidentale. L'o

rientale pouvant être confidérée comme une portion de la Finlande, il n'en fera pas fait mention ici. Voyez FINLANDE. Quant à l'occidentale, appellée par les Suedois Weft-Bottn, elle comprend l'étendue de pays, qui va depuis les frontieres de l'Angermanie jufques à Torno ou Tornea, dans une longueur d'environ 100 lieues, & une largeur de 25 à 30. Les bords maritimes en font parfemés de plufieurs ifles affez agréables pour le climat de cette contrée il y a de la verdure au moins plufieurs mois de l'année, & du gibier en tout temps. Le continent de la province a les mêmes avantages dans fes parties plates; outre plufieurs mines de fer & de cuivre, on y trouve des lacs & des rivieres où le poiffon abonde, des forêts pleines de fauve, des pâturages excellens, & des champs même très-fertiles en grains il eft vrai que la longueur des hyvers y retarde beaucoup la faifon des femailles, & qu'encore dans le mois de Juillet, il y furvient pendant la nuit, des gêlées, que les gens du pays appellent nuits de fer; mais à la fin, les beautés de la nature s'y déploient, & les grains s'y mûriffent dans l'efpace de fix, fept ou huit femaines, felon que les endroits femés, font plus ou moins feptentrionaux. Il faut dire auffi que les mœurs des Bothniens font admirablement afforties avec les rigueurs de la contrée. Ces gens-là font d'une frugalité toute exemplaire, ils font accoutumés dès l'enfance à manger du pain mêlé de paille hachée & d'écorce de fapin pilée, & de cette maniere, ils font préparés à tout âge, à braver les hor,

reurs de la famine. Peut-être doivent-ils à la dureté de ce régime, le courage & la valeur, pour lefquels ils font renommés depuis long-temps. Les parties montueufes de la Bothnie, confinant à la Lapponie, ne produifent guere que des bois, des herbes groffieres & de la mouffe, & elles ne renferment que peu d'habitations. C'est delà principalement que viennent les pelleteries & fourures de toutes efpeces, dont toute la province fait trafic. L'on en tire auffi beaucoup de bois de charpente, & de goudron. Dès l'an 1638, la Bothnie eft gouvernée par un Capitaine-Général, qui réfide à Gran, proche de la ville d'Umea. Cette province eft divifée en quatre bailliages, qui font ceux d'Umea, de Pitea, de Lulea, & de Tornea. Elle entretient un certain nombre de foldats pour le fervice de la Couronne; elle n'a que deux tribunaux dans toute fon étendue, & tout fon clergé reffortit de la fur-intendance eccléfiaftique de Hernofand, dans l'Angermanie.

Le golphe de Bothnie eft la portion de la mer baltique, avancée au nord depuis le 60 au 66me, degré de latitude feptentrionale, & dont la largeur eft de 40 à 50 lieues. Il baigne à l'orient la Finlande, & la Cajanie, & à l'occident l'Upland, l'Helfingie, le Medelpad, l'Angermanie & la Bothnie. Parmi le grand nombre d'ifles qui l'interceptent, celle d'Aland eft la plus confidérable.

BOUCHER, (Jean) né à Paris vers l'an 1550, Recteur de l'Univerfité de cette ville, Prieur de Sorbonne, & enfuite Curé de St. Benoit.

IL Y

ya,

dans le moral comme dans le phyfique, des êtres compofés de contraires & de monftruofités, qui femblent incompatibles. Un Recteur de l'Univerfité de Paris, un Prieur de Sorbonne, un curé fut l'un des plus fougueux ligueurs, & le prédicateur le plus forcené de ces temps déplorables, où un zele aveugle & barbare armoit la main des fujets rebelles contre leurs Souverains; & il mourut endurci dans fon étrange fanatifme. Ce docteur étoit logé au college de Fortet, & c'est dans fa chambre que les ligueurs tinrent leur premiere affemblée en 1585. Ce fut lui, qui faifant fonner le tocfin dans fon églife, excita cette émotion dont les fuites furent fi honteufes à Henri III. Le fuccès de cette affreuse journée l'enhardit, & dès le lendemain, ce prêtre furieux, bien éloigné de l'efprit des premiers Chrétiens, qui, loin de maffacrer leurs Princes idolâtres, ne favoient qu'obéir & mourir, monta en chaire, & déclama avec la derniere infolence contre fon Souverain, dont la foibleffe autorifoit les excès de ces féditieux. Il ne s'en tint pas là, & proftituant fa plume aux chefs de la ligue, il compofa l'infame libelle de jufta Henrici tertii abdicatione libri quatuor, in-8°,,à Paris 1589.

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