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vaux forcés à temps varierait de 8 à 25 ans ;

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2o Au point de vue réglementaire : les condamnés aux travaux forcés, soit à perpétuité, soit à temps, seraient renfermés dans des maisons centrales pendant une durée de quatre années au moins. Passé ce temps et en vertu d'une décision de l'autorité administrative, ils pourraient être transportés dans des possessions lointaines et non habitées où, jusqu'à l'expiration de leur peine, ils resteraient en liberté sous la surveillance et la responsabilité de l'Etat.

L'étude de M. Haussmann ne pouvait manquer de provoquer, je ne dirai pas une polémique mais une controverse animée, tant la diversité des opinions est grande encore sur la matière dans toutes les classes de la société. M. Hepp, entre autres, examinant le but et les conditions légales de la transportation des récidivistes, vous a présenté tout un ensemble d'observations contre. l'application de cette pénalité nouvellement introduite dans notre code de répression. Cette peine n'est à ses yeux qu'une mesure empirique dont les résultats sont très contestables au point de vue pratique, et qui, dépourvue de proportion, impropre à servir d'exemple, lui semble en contradiction avec les principes mêmes de notre droit pénal.

A son retour de Rome, au mois d'octobre 1883, et déjà tout prêt à repartir pour y faire en 1884 un séjour beaucoup plus prolongé que l'année précédente, M. Digard vous a fait comme adieux le rapide résumé de ses impressions durant son dernier séjour. Sans doute, il y joindra l'an prochain, et peut-être même avant le terme de l'année académique, le récit de son nouveau voyage.

Vous me permettrez d'ajourner à la prochaine séance solennelle un résumé qui pourra s'intituler: Souvenirs d'un séjour de trois ans dans la ville éternelle (1883-1885). Dans une causerie familière, qu'il a qualifiée d'Impressions de vacances, M. Hepp vous a entretenus des observations recueillies par lui dans une excursion à travers la Suisse et la forêt Noire. En dehors des émotions si naturelles que provoque toujours le tableau des merveilles de cette terre classique du touriste, sur les pas du guide qui nous a conduits de Schaffouse au gigantesque tunnel du Saint-Gothard, et nous a ramenés du magnifique glacier du Rhône jusqu'à Bâle, nous avons appris à admirer, à envier la sève de vie et d'activité qui déborde partout dans ce petit pays où toutes les villes vivent d'une vie propre, où toutes les industries se développent spontanément, et qui cette année même, à l'Exposition nationale de Zurich, célébrait comme le jubilé de sa prospérité dans toutes les branches du travail industriel, à côté de l'Université, si justement renommée, qui a fait de l'ancien Turicum la capitale intellectuelle du pays, et comme un centre lumineux dont la clarté toute française rayonne au loin sur le monde scientifique et littéraire. Le voyageur français, vous a dit notre confrère, ne peut dissimuler le regret qu'à ce point de vue la comparaison entre la Suisse et la France soit loin de tourner en faveur de la majorité de nos sous-préfectures de province.

A l'occasion des évènements quelque peu mystérieux dont l'Afrique orientale est le théâtre, M. Hepp vous a soumis le résumé de ses études historiques et géographiques sur les régions qui s'étendent de la mer Rouge à Khartoum et jusqu'aux sources du Nil, et attirent aujourd'hui l'attention du monde entier. La traite des nègres,

le soulèvement national et religieux qu'elle a provoqué et dont le madhi a pris la direction, les explorations conduites par de grands voyageurs dont Gordon n'est pas un des moins illustres, les conditions climatériques qui les rendent si pénibles et s'opposent aux expéditions militaires européennes, l'anéantissement de la puissance égyptienne dans les pays où elle ne s'était établie que depuis une dizaine d'années, les conséquences possibles de la guerre du Soudan oriental sur l'influence européenne dans les régions qui commandent la route des Indes tels sont les points que M. Hepp a traités dans cette conférence.

M. Lanier vous a dit quelle grande part la France a prise dans l'exploration de l'Afrique. Il vous a rappelé qu'elle tient par l'Algérie et le Sénégal les clefs du Soudan, qui n'est plus cette terre brûlée par le soleil que l'antiquité crut longtemps inhabitable, mais une contrée merveilleusement riche et fertile, très peuplée, mais malheureusement livrée aux guerres entre tribus et à l'abominable trafic des esclaves. Ce fut en 1880 que la pensée d'ouvrir à nos colons et aux traitants du Sénégal la route du haut Niger décida l'envoi d'une expédition scientifique à Ahmadou, sultan de Ségou, le tout-puissant chef des Toucouleurs musulmans. La mission fut confiée à des officiers d'un rare mérite qui, à force d'intrépidité et de sang-froid, réussirent à échapper aux embuscades des tribus défiantes qui les recevaient à coups de fusil, et rapportèrent de la cour de Ségou un traité en bonne forme. Une diplomatie, habile et ferme, avait ouvert la route où la France s'établit et la fortifia en faisant occuper militairement par le vaillant colonel Desbordes, ancien élève de notre Lycée, le plateau de Kita et en échelonnant des forteresses de Médim à Kaminako. Un

chemin de fer fut commencé, un télégraphe établi, la sécurité rendue à un pays fécond mais dévasté, l'esclavage aboli; enfin, le drapeau de la France y protège désormais la liberté et le travail des nègres affranchis.

Il s'est fait depuis quelque temps un certain bruit autour du nom d'Obock. La colonie, si jamais Obock mérite ce nom, n'est encore que dans le devenir : ce n'est point, vous a dit M. Pomairol, à cause de la fertilité de son sol aride, ni à cause des agréments de son climat, salubre toutefois, que la France en a fait l'emplette; mais Obock est placé comme Aden à l'entrée de la mer des Indes et sur la route de l'Extrême-Orient; notre marine militaire, aussi bien que notre marine marchande, a besoin, depuis surtout que le canal de Suez provoque tant d'âpres convoitises, d'un port de refuge et de ravitaillement, et Obock est avantageusement situé pour nous en servir. Les hommes de mer le croient, mais l'avenir seul nous le dira.

Vous devez à M. Lassailly des considérations sur les mœurs et sur les habitudes scolaires des étudiants allemands et sur les traits caractéristiques qui les distinguent de nos étudiants français dans les relations de la vie commune ou de la vie universitaire, et sur les causes toutes naturelles d'où proviennent ces différences.

Vous lui devez, en outre, des études comparatives sur l'état actuel de l'enseignement géographique en Europe et spécialement en France, sur les rapides améliorations qu'il a reçues, grâces à de patriotiques encouragements et à d'intelligents sacrifices, grâces surtout au progrès de la chartographie scientifique et plus encore peut-être de la chartographie scolaire.

Vous devez à M. Pomairol une communication sur un livre auquel on a peut-être fait plus d'attention qu'il n'en mérite: la Police secrète prussienne. Ce livre ne vaut pas les autres ouvrages du même auteur, et on pourrait, en différents endroits, en contester l'exactitude.

Vous avez reçu de l'un de nos plus jeunes membres correspondants, M. le docteur J. Guégan, médecin aidemajor des hôpitaux militaires du corps expéditionnaire de Tunisie, un travail intitulé : l'Année médicale à Ghardimaou, étude surtout ethnologique et archéologique, que son auteur aurait pu adresser à la Société des sciences naturelles et médicales, mais dont celle-ci pourrait dire à son tour qu'une notable portion rentre dans le domaine déterminé par notre titre.

Vous devez à M. Mercier, un de nos confrères les plus assidus et les plus laborieux, que nous avons eu la douleur de perdre il y a quelques jours à peine, et lorsque les loisirs d'une retraite laborieusement conquise semblaient nous promettre de nouveaux travaux d'érudition, la topographie de l'ancien diocèse de Chalons; des considérations relatives à l'aliénation par les municipalités d'œuvres d'art et d'antiquités que la loi défend avec raison d'aliéner sans enquête et sans autorisation préalable, infractions qui arrivent souvent, qui demeurent inconnues et presque toujours impunies; un essai sur les restaurations exécutées à diverses époques dans l'église paroissiale de Saint-Germain, dernier travail que notre confrère nous ait lu.

Vous devez à M. Dutilleux une monographie de la célèbre abbaye de Notre-Dame-des-Anges, à Saint-Cyrl'École, abbaye fondée vraisemblablement au XII° siècle, supprimée comme tant d'autres en 1791, et non sans les brutalités et les violences inséparables des époques révo

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