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s'exprimait avec beaucoup de dignité; elle était naturellement éloquente, judicieuse, sensée, généreuse et sensible. Il est à regretter que ses bonnes qualités fussent ternies par ses caprices, son opiniâtreté et son penchant à la vengeance. Charles, en partant pour la conquête du royaume de Naples, laissa les rêncs de l'état entre les mains de son épouse, à peine âgée de dix-huit ans. Anne gouverna avec une prudence et une sagesse peu communes. La mort de Charles VIII, arrivée le 7 avril 1498, la plongea dans une grande affliction. Les deux premiers jours qui suivirent cette perte, elle ne voulut d'autre lit que la terre, et d'autres alimens que ses larmes. Elle est la première reine de France qui ait porté le deuil en noir. Le 8 janvier 1499, Anne de Bretagne épousa Louis XII, qui venait de faire divorce avec Jeanne de France, fille de Louis II. Ainsi le chagrin d'Anne de Bretagne ne cessa, qu'en plongeant dans le deuil une princesse aussi vertueuse qu'infortunée. On a de la peine à pardonner à cette reine l acharnement avec lequel elle poursuivit Pierre de Rohan. Personne avant cette princesse, n'avait fait élever à la cour des filles de qualité, que l'on a depuis appelées Filles de la Reine ou Filles d'honneur de la Reine. Sa maison était une excellente école : elle leur offrait le modèle des vertus, et leur donnait l'exemple du travail. Elle les occupait à différens ouvrages de broderie et de tapisserie. Sa conduite introduisit à la cour la modestie et la sagesse, Les femmes du rang le plus distingué n'osaient y paraître sans être ornées de ces deux qualités. C'est ainsi que, peu d'années auparavant, Agnès Sorel avait imprimé une galanterie décente à son siècle. Elle fit plusieurs fondations, et fit éclater son amour pour les pauvres, en donnant son ancien hôtel de Bretagne à François de Paule, pour y

établir une maison de son ordre. Les reines de France lai durent plusieurs prérogatives, entr'autres, celles d'avoir leurs gardes et de donner audience aux ambassadeurs. Elle conserva toujours beaucoup d'amour pour la Bretagne sa patrie : aussi sa garde était-elle uniquement composée de Bretons. Elle mourut au château de Blois, le 9 janvier 1514. Brantôme, dans la vie de cette reine, rapporte une magnifique relation de ses obsèques. Elle fut portée à Saint-Denis. François I.er lui fit construire un superbe tombeau de marbre, sous lequel elle repose

avec Louis XII.

Elle répondait savamment à ceux qui la haranguaient. Mais, par une affectation puérile, lorsqu'elle recevait les ambassadeurs, elle ne manquait jamais, pour leur donner une haute idée de ses connaissances, de mêler dans son discours quelques notes ou quelques phrases de leur langue, quoiqu'elle ne la connût point. Elle était la dispensatrice des graces et des récompenses, et les décernait à ceux qui servaient l'état ou par leur courage ou par leur mérite. Elle estimait les savans et les comblait de bienfaits. Jean Marot, père de Clément, prenait la qualité dé poëte de la magnifique reine Anne de Bretagne.

ANTRAIGUES, (Madame d') a fait : Ernesta, nouvelle allemande, 1799, 1 vol. in-12. Ce roman est bien écrit et respire l'amour de la vertu. Suite du Diable boiteux, ou le Fils d'Asmodée, sous presse.

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ARCHAMBAULT, (Mademoiselle) née à Laval, vivait dans le 18. siècle. Ses talens et la reconnaissance de son sexe mettent son nom dans la galerie de ceux qu'on doit présenter à la postérité. Elle a publié une dissertation sur cette question: Lequel de l'homme ou de la femme est

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plus capable de constance? Paris, 1750, in-12. Le mérite de cet ouvrage aurait dû terininer ce débat si souvent renouvelé, et également injurieux pour l'un et l'autre

sexe.

ARCONVILLE, (Madame THIROUX D' ) vécut vers la fin du 18e siècle. Elle joignit à l'étude de la physique et de la chimie, celle de la morale, de la littérature et des langues. Le mérite des ouvrages qu'elle composa, lui donne des droits à l'estime de ses semblables. Ses écrits parurent anonymes. Elle avait dit, en parlant des femmes: « Affichent-elles la science ou le bel esprit? si leurs ou"vrages sont mauvais, on les siffle; s'ils sont bons, on les » leur ôte; il ne leur reste que le ridicule de s'en être ndites les auteurs ». Il paraît que Madame d'Arconville n'avait d'autre but, en écrivant, que celui de se rendre

utile.

On lui doit : Avis d'un Père à sa Fille, traduit de l'anglais, d'Halifax, 1756, in-12. Le style de cette traduction est élégant et facile. Leçons de Chimie, traduites de l'anglais, de M. Shaw, 1759, in-4°. Elle releva les\erreurs qui sont dans l'original, et elle ajouta aux expériences du docteur anglais, les découvertes qui se firent depuis l'époque où ces leçons avaient été publiées en Angleterre, jusqu'à celle où parut la traduction qu'elle en donna en français. Le discours préliminaire qu'elle a mis à la tête de cet ouvrage, lui fait beaucoup d'honneur. Elle y décrit la naissance et les progrès de la chimie. - Pensées et réflexions morales sur divers sujets, 17601766, in-12. Il en est qui sont marquées au coin de la justesse. De l'Amitié, 1761, in-8°. Non-seulement elle traita de l'amitié en général; mais elle sut y attacher un

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nouvel intérêt, en caractérisant les différentes sortes d'amitié. Romans, traduits de l'anglais, de M. Littleton et de madame Behn, 1761, in-12. - L'amour éprouvé par la mort, ou Lettres modernes de deux amans de VieilleRoche, 1763, in-12. Le but moral de ce roman est de faire voir dans quels égaremens les passions nous entraînent, et quelles en sont les suites funestes. Des passions, 1764, in-8°. - Mélanges de Poésies Anglaises, traduits en français, 1764, in-12. — Essai pour servir à l'histoire de la putréfaction, 1766, in-8°. — Traité d'ostéologie, grand in-folio, publié sous un autre nom que le sien, quoiqu'elle en soit véritablement l'auteur. Ce traité est très-estimé des gens de l'art. Mémoires de Mlle de Valcourt, 1767, in-12. On trouvé dans ces Mémoires une heureuse simplicité et des situations vraies et touchantes. Estentor et Thérisse. Méditations sur les

tombeaux.

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Dona Gratia d'Ataïde, comtesse de Ménessés, histoire portugaise, 1770, in-8°. Vie du cardinal d'Ossat, avec son Discours sur la Ligue, 1771, 2 vol. in-8°.

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Vie de Marie de Médicis, princesse de Toscane, reine de France et de Navarre, 1774, 3 vol. in-8o, Histoire de François II, roi de France, suivie d'une dissertation, traduite de l'italien, de M. Suriano, ambassadeur de Venise, sur l'état de ce royaume à l'avénement de Charles IX aut trône, 1785, 2 vol. in-8°. gr. Histoire de Saint-Kilda. Les Samiens, conte. Les Malheurs de la jeune Emilie. Vie de Catherine de Médicis. Les productions qui sont sorties de la plume de Madame d'Arconville sont écrites avec beaucoup de pureté.

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ARMANÇAI, (SABATTIER, marquise d') fille de M. de Sabattier, gentilhomme de Provence, vivait sur la

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in du 17e siècle. Elle est auteur d'une pièce de vers, adressée à M. le duc de Chartres, depuis duc d'Orléans et régent de France, où les quatre saisons de l'année parlent à ce prince. Il nous reste encore d'elle, dans le Mercure de juillet de l'année 1684, une lettre mêlée de prose et de vers à Madame Royale. Malgré l'esprit et le goût de Madame d'Armançai pour la poésie et pour la prose,. on ne peut s'empêcher de trouver un peu d'exagération dans les vers de M. de Vertron, à l'occasion de cette épître :

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Tout est charmant, et tout est vrai

Dans ce que cette Muse expose.

On retrouve dans d'Armançai,

Soit pour les vers, soit pour la prose,
La Vigne, la Suze, et Gournai.

ARNAULD, MARIE - ANGELIQUE) fille du célèbre Antoine Arnauld et de Catherine Marion, fut abbesse de Port Royal - des Champs. A onze ans. si l'on en croit les historiens, elle mit la réforme dans son abbaye, et à dix-sept, elle y fit revivre l'esprit de St. Bernard. Elle exécuta ce dessein avec tant de douceur, de sagesse et de prudence, que les religieuses les plus anciennes ne s'y opposèrent même pas. A peine ce qu'elle avait établi pour son monastère fut-il connu, que le général de l'ordre la chargea d'en faire autant à Maubuisson. Ses soins ne furent point inutiles pendant les cinq années, qu'elle habita ce dernier cloître car il cessa d'être un sujet de scandale. De retour à son abbaye, elle la transféra à Paris. Toujours occupée de la prospérité de sa maison, elle prévit que la régularité qui y régnait, s'altérerait aisément par le changement de conduite que

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