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de Paule. Il s'adoucit même dans les combats: il devient ce généreux Bayard, ce bon Desaix qui, blessé au combat de Kehl, se précipite sur le soldat qui l'avait frappé, non pour l'égorger, mais pour le couvrir de son corps et le défendre contre la fureur de ses propres soldats. Voilà ce que devient cet être, nu et barbare à l'origine, noble parvenu de la création, qui a commencé par n'être rien et qui finit par être tout. Quelle faculté Dieu lui avait-il donc donnée pour opérer ces merveilles? La pensée.

-A. THIERS, Discours sur la Loi de la Presse.

B. Souffrances d'Hiver.

Oh! vous ne savez pas ce qu'on souffre à toute heure,
Sous ces toits indigents, froide et triste demeure,
Où l'aquilon pénètre et que rien ne défend;
Non, vous ne savez pas ce que souffre une mère
Qui, glacée elle-même, au fond de sa chaumière,
Ne peut réchauffer son enfant !

Non, vous n'avez pas vu ces fantômes livides
Sous vos balcons dorés tendre des mains avides;
Le bruit des instruments vous dérobe à moitié
Ce cri que j'entendais au pied de vos murailles,
Ce cri de désespoir qui va jusqu'aux entrailles :
"Oh! pitié! donnez par pitié !"

Pitié pour le vieillard dont la tête s'incline!
Pitié pour l'humble enfant ! Pitié pour l'orpheline
Qu'un peu d'or sauvera du plus profond malheur !
Ils sont là leur voix triste essaie une prière.
Dites! resterez-vous aussi froids que la pierre
Où s'agenouille leur douleur ?

Donnez et quand viendra cette heure où la pensée
Sous le vent de la mort languit tout oppressée,

Le frisson de vos cœurs sera moins douloureux;
Et quand vous paraîtrez devant le juge austère,
Vous direz: "J'ai connu la pitié sur la terre :
Je puis la demander au cieux!"

C. Translate into French :

-EDOUARD TURQUETY.

Advantages of Foreign Travel.

Another of the great advantages of travel lies in what you learn from your companions; not merely from those you set out with, or so much from them as from those you are thrown together with on the journey. I reckon this advantage to be so great, that I should be inclined to say, that you often get more from your companions in travel than from all you come to see. People imagine they are not known, and that they shall never meet again with the same companions,—which is very likely so; they are free for the time from the trammels of their business, profession, or calling; the marks of the harness begin to wear out; and altogether they talk more like men than slaves with their several functions hanging like collars round their necks. An ordinary man on travel will sometimes talk like a great imaginative man at home; for such are never utterly enslaved by their functions. Then the diversities of character you meet with instruct and delight you. The variety in language, dress, behaviour, religious ceremonies, mode of life, amusements, arts, climate, government, lays hold of your attention and takes you out of the wheel-tracks of your every-day life. He must, indeed, be either an angel of constancy and perseverance, or a wonderfully obtuse Caliban of a man, who, amidst all this change, can maintain his private griefs or vexations exactly in the same place they held in his heart while he was packing for his journey. The change of language is alone a great delight. You pass along, living only with gentlemen and scholars; for you rarely detect what is vulgar or inept in the talk around

you.

Children's talk in another language is not childish to you; and, indeed, everything is literature from the announcement at a railway-station to the advertisements in a newspaper. Read the Bible in another tongue, and you will find a beauty in it you have not thoroughly appreciated for years before. ARTHUR HELPS.

JULY, 1869.

Examiners-Rev. P. H. E. BRETTE, B.D., and
Prof. CASSAL, LL.D.

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Mes amis ont raison, j'aurais tort, en effet,

De me plaindre; en tous points mon bonheur est parfait.
J'ai trente ans, je suis libre, on m'aime assez, personne
Ne me hait; ma santé, grâce au ciel! est fort bonne ;
L'étude, chaque jour, m'offre un plaisir nouveau,
Et justement le temps est aujourd'hui très beau.
Quand j'étais malheureux, j'étais triste et maussade ;
J'allais au fond des bois, rêveur, le cœur malade,
Pleurer. C'était pitié! J'aimais voir l'eau couler,
Et briller ses flots purs, et mes pleurs les troubler.
Mais maintenant je suis heureux, gai, sociable;
J'ai l'œil vif et le front serein; je suis aimable.
Le ruisseau peut courir à l'aise et murmurer;
Dans son onde à l'écart je n'irai point pleurer.

Quand j'étais malheureux, souvent, lassé du monde,
Je m'abîmais au sein d'une extase profonde;
Dans un ciel de mon choix mes sens étaient ravis:
Indicibles plaisirs de longs regrets suivis !

Maintenant j'ai quitté les folles rêveries ;
C'est pour herboriser que j'aime les prairies.
À rêver quelquefois si je semble occupé,

C'est qu'un passage obscur, en lisant, m'a frappé.
Quand j'étais malheureux, je voulais aimer, vivre :
Maintenant je n'ai plus de temps, je fais un livre.

Vous qui savez des chants pour calmer la douleur,
Pour calmer la douleur ou lui prêter des charmes,
Quand vos chants du malheur auront tari les larmes,
Consolez-moi de mon bonheur. -J. J. AMPÈRE.

B. La Mer.

L'introduction naturelle, le vestibule de l'océan, qui prépare à le bien sentir, c'est le cours mélancolique des fleuves du Nord-ouest, les vastes sables du midi, ou les landes de la Bretagne. Toute personne qui va à la mer par ces voies est très frappée de la région intermédiaire qui l'annonce. Le long de ces fleuves, c'est un vague infini de joncs, d'oseraies, de plantes diverses, qui, par les degrés des eaux mêlées et peu à peu saumâtres, deviennent enfin marines. Dans les landes, c'est avant la mer une mer préalable d'herbes rudes et basses. Étant encore à une lieue, deux lieues, vous remarquez les arbres chétifs, qui annoncent, à leur manière, par des attitudes, j'allais dire par des gestes étranges, la proximité du grand tyran et l'oppression de son souffle. S'ils n'étaient pris par les racines, ils fuiraient visiblement; ils regardent vers la terre, tournent le dos à l'ennemi, semblent tout près de partir, en déroute. Ils ploient, se courbent jusqu'au sol, et ne pouvant faire mieux, fixés là, se tordent au vent des tempêtes. Ailleurs encore le tronc se fait petit et étend ses branches indéfiniment dans le sens horizontal. Bien avant de voir la mer, on entend et on devine la redoutable personne. D'abord, c'est un bruit lointain, sourd, et uniforme; peu à peu les bruits lui cèdent et en sont converts. On en remarque

bientôt la solennelle alternation, le retour invariable de la même note, forte et basse, qui de plus en plus gronde. Moins régulière est l'oscillation du pendule qui nous mesure l'heure. Mais ici le balancier n'a pas la monotonie des choses mécaniques. On y sent, ou croit y sentir, la vibrante intonation de la vie. -MICHELET.

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The Wreck of the "Royal Charter," 1859 (Episode).

I went to bed at eleven, and lay there till I heard Captain Withers say to a lady, "I shall take your child come directly." There was some answer to this, and Captain Withers said, "No, directly: there is no time to be lost." His voice had awakened me, and I jumped out of bed. I heard it was half-past two o'clock. I then felt the ship as if rubbing along the ground; and then there were three or four violent concussions. I immediately ran up into the upper saloon. I found ladies and gentlemen in the greatest state of consternation. Mr Hodge, the clergyman, was there; and they all prayed together. I went up to look for my nurse and child. The saloon was so crammed that there was no chance of my being able to find my child there. I eventually found them. The bumping of the vessel continued and increased in rapidity and violence; and water began to come in in all directions; so that I was perfectly wet through for hours before I left the ship. I do not know what hour it was when I jumped overboard; but the man who saved me told me it was half-past seven. I was on deck when the vessel split. I was knocked down by the waves; and I saw Captain Taylor lying on the deck, where he had been knocked down by a wave. He had a rope round his waist, and a log tied to the end of it. I said, "O Captain Taylor, what a fearful scene this is!" He did not reply. Another wave came in on me. I flung off my great-coat, and jumped overboard. I got hold of a log of wood, but was washed off it twice. I

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