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ment de l'antiquité chrétienne à Milan, l'église Saint-Ambroise (Pl. 237). Au-devant de cet édifice on voit un de ces vastes parvis que les architectes du moyen-âge avaient déjà empruntés à ceux de l'antiquité, et que l'on retrouve dans un grand nombre d'églises d'Italie. Là, sous le polythéisme, se tenoient les profanes exilés des mystères sacrés; là encore eurent lieu, plus tard, ces rigoureuses pénitences des premiers siècles de l'église. L'aspect de ces vieux portiques a quelque chose de religieux, et ils séparent noblement le sanctuaire de Dieu du tumulte des villes.

Saint Ambroise rappelle de beaux souvenirs On sait comment, à une époque où la liberté s'était réfugiée dans la religion, le saint ferma les portes de l'église à l'empereur Théodose, après le massacre de Thessalonique. Outre ses souvenirs historiques, cette église renferme des monumens précieux pour l'art et la religion. On montre dans la nef le fameux serpent d'airain, que l'on a été jusqu'à prendre pour celui que Moïse éleva dans le désert. Le peuple est persuadé qu'il doit siffler à la fin du monde; et le sacristain l'ayant un jour dérangé en l'époussetant, il y eut un mouvement général d'épouvante, lorsque le reptile parut tourner du côté de la porte.

La mosaïque du choeur, représentant le Sauveur sur un trône d'or, paraît un ouvrage d'artistes grecs du XI' siècle. Une autre mosaïque, du IX siècle, est assez extraordinaire. Elle représente saint Ambroise s'endormant en disant la messe, tandis qu'un sacristain lui frappe sur l'épaule pour le réveiller, et lui montrer le peuple qui attend. C'est un singulier moment choisi par l'artiste, dans la vie du grand saint.

Nous ne pouvons quitter cette basilique sans dire un mot de la liturgie particulière que suit l'église milanaise.

Cette liturgie a reçu le nom de rit ambrosien; celui de rit de l'église milanaise lui conviendrait mieux, car sa formation paraît bien antérieure à saint Ambroise, qui même n'a rien prescrit à son égard, quoiqu'il semble y avoir fait plusieurs additions. Les papes ont toujours désiré avec raison de rendre le rit uniforme dans toutes les églises catholiques; les évêques secondèrent en général leurs vues : il faut en excepter les prélats de Milan; les innovations furent depuis confirmées par l'autorité du saint-siége. La nature de cet ouvrage ne comporte pas de grands détails sur les différences que leur rit présente avec celui des autres églises catholiques : la plupart de ces différences ne sont que des formules ajoutées ou transposées dans les prières. Nous ne remarquerons que les usages qui offrent quelque singularité. Ainsi, le baptême se fait par immersion, en plongeant la tête du baptisé dans la cuve. Le carême commence que le dimanche de la quadragésime; on danse à Milan pendant la première semaine, tandis que les autres catholiques jeûnent, et se mortifient. Aussi voit-on accourir alors des villes et des états voisins ceux qui veulent jouir pendant quelque temps encore des saturnales du carnaval. Le dimanche était aussi compris dans ces jours de grâce: mais saint Charles les rendit au carême pour empêcher les désordres qui se commettaient; la ville, croyant ses droits méconnus, eut recours au pape, qui traita ses envoyés du nom d'ambassadeurs du carnaval, et approuva la décision de saint Charles.

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a musique et la danse, il avait acquis, dès sa première jeunesse, des connaissances assez avancées en mathématiques, en physique, en philosophie, et dans toutes les branches de la litté rature. Sa famille le plaça de bonne heure à Florence, dans l'atelier de André Verrocchio, qui avait alors, comme peintre et comme sculpteur, une grande réputation. Il s'y trouva avec le Pérugin, qui fut depuis le maître de Raphaël. Il se rendit à Milan, en 1489, pour y fondre une statue équestre, que Ludovic Sforza voulait élever à son père, le duc François.

Ce fut à Milan, et par ordre exprès de Ludovic Sforza, qu'il composa, pour le réfectoire des Dominicains, ce célèbre tableau de la Cène, qui excite encore aujourd'hui l'admiration de tous les artistes.

Plus tard, c'est-à-dire lors de l'entrée de Louis XII à Milan, Vinci signala son génie inventif par la construction d'une mécanique, dont le jeu fut trouvé surprenant; c'était un lion automate de grandeur plus que naturelle; après avoir fait plusieurs pas au-devant du roi dans la grande salle du palais, l'animal s'arrêta tout-àcoup, et, se dressant sur ses pattes de derrière, ouvrit une large poitrine d'ou sortit, en se déployant, un écusson aux armes de France. Louis fut enchanté de cette machine, et il en fit à l'auteur de grands complimens. De quelque faveur néanmoins que Vinci jouit à Milan, sous la domination française, il n'y goûtait pas la tranquillité d'esprit qu'exige la profession des arts. Les chances inégales de la guerre le forcèrent plus d'une fois à quitter cette ville, et il finit par se rendre à Florence, où le sénat le chargea de peinore, avec Michel-Ange, la salle du posueil. On sait à que point ces deux

L.

hommes célèbres se piquèrent d'émulation, et à quel degré de supériorité ils s'élevèrent sans pouvoir se surpasser. Ce fut cette rivalité qui donna naissance aux deux grands cartons dont il est tant parlé dans l'histoire de la peinture.

Léonard de Vinci portait si loin la recherche du vrai, et, si l'on peut s'exprimer ainsi, la manie de l'observation, qu'il avait toujours sur lui des tablettes afin de dessiner à l'improviste toutes les têtes bizarres, toutes les particularités curieuses que le hasard lui présentait. Paul Lomazzo rapporte, et Marcitte après lui, qu'ayant un jour à peindre une joyeuse réunion de campagnards, Léonard invita a diner des convives amis du plaisir, et leur fit à table des contes si plaisans, qu'ils se prirent à rire aux éclats, bien éloignés de penser que le maitre de la maison mettait toute son attention à étudier en eux les diverses impressions de la gaité. Un fait avancé comme certain par beaucoup d'auteurs, c'est qu'il termina ses jours dans les bras de François I. Un de nos peintres modernes, Ménageot, a composé sur ce sujet un grand tableau d'histoire qui, à l'exposition de 1781, obtint le plus brillant succes, et dont une copie fut exécutée en tapisserie a la manufacture des Gobelins. Feu Landon, auteur d'une vie des peintres, ne fait nulle difficulté d'y raconter ainsi l'événement: « Cet homme célebre, aussi recommandable par ses vertus que par ses talens, fut tellement touché de la bonté du monarque français qui venait le visiter. que, se soulevant avec peine pour lui témoigner son respect, il re tomba mourant entre les bras da prince. »

Les amplificateurs d'anecdotes pré tendent en outre que François I",

de la messe sont nombreuses. Voici ce qu'elles offrent de plus curieux dix vieillards de chaque sexe représentant le peuple de Milan, offirent en son nom le pain et le vin ; ils sont vêtus de noir, une écharpe blanche jetée sur leurs épaules descend jusque sur les mains; les hommes portent les hosties dans l'une et le vin dans l'autre ; les femmes font leur oblation dans la première enceinte de la nef.

Brera (Pl. 237) est un vaste édifice qui contient une bibliothèque, une galerie de tableaux, et un observatoire. Ce monument, qu'on décore aujourd'hui du titre de palais, fut construit sur l'emplacement du couvent et de l'église des Umiliati. Cet ordre était devenu extrêmement riche; le luxe s'introduisit rapidement dans le monastère, et entraîna une foule d'abus contraires à l'austérité des principes religieux. Saint Charles Borromée (ainsi que nous l'avons dit plus haut) crut devoir arrêter le relâchement, et rappeler les frères à la règle primitive. Un parti s'éleva contre le pieux archevêque, pour empêcher les réformes qu'il méditait. Girolamo Farina, un des diacres, lui tira un coup de fusil, mais il ne fit que brûler son habit. Ce crime, dont l'insuccès fut regardé comme un miracle, hâta l'abolition de l'ordre : elle fut décrétée par le pape Pie V, en 1570. Les richesses des Umiliati, devenues la propriété de saint Charles, servirent à fonder des établissemens utiles, et la maison de Brera fut donnée aux jésuites pour y établir des écoles publiques, qu'ils conservèrent long-temps.

La bibliothèque, l'observatoire et le jardin botanique de l'édifice actuel ne fixeront point notre attention. Nous conduirons immédiatement le lecteur

au musée de Brera, que l'éclat des ga

leries de Florence, de Bologne et de Rome, fait peut-être beaucoup trop négliger. S'il n'a pas de grands Titien, s'il manque de quelques autres chefsd'œuvre cités avec orgueil par des écoles voisines, il possède d'admirables tableaux des anciens maîtres italiens, tels que Mantegna, Bernardin Luini, Gaudence Ferrari, Bramante Lazzari, qui semblent là convenablement placés pour l'histoire de l'art.

Quand l'empire d'Italie passa des Goths aux Lombards, les arts, qui suivent ordinairement les traces de la fortune, passèrent de Ravenne à Milan, Monza, et Pavie, et on appelle encore lombard tout ce qui est dans le caractère de cette époque. Cependant, les artistes ne s'étaient point éloignés de l'ancien style. Le séjour de Léonard de Vinci à Milan, l'académie qu'il fut chargé de diriger, et qui servit de règle à celles qui s'établirent ensuite, donnèrent une nouvelle direction à la peinture milanaise; et là commence une seconde période, dont les élèves de Léonard font le plus bel ornement.

Léonard de Vinci, peintre célèbre de l'école florentine, naquit au château de Vinci près de Florence, en 1452, et non en 1445, comme on le lit dans plusieurs vies de ce grand artiste. Il était fils naturel de Vinci, noble d'extraction, qui exerçait la profession de notaire. La nature s'était montrée prodigue de ses dons les plus précieux envers le jeune Léonard. Beau, bien fait, doué d'une force corporelle dont on avait peu d'exemples (1), il joignait à ces avantages physiques des dispositions extraordinaires pour les arts et les sciences. Non content d'exceller dans l'escrime, l'équitation,

(1) D'une seule main, dit-on, il arrêtait le branle d'une grosse cloche, et il ployait un fer à cheval ausi facilement qu'une lame de plomb.

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