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Venezia Carnevale.

Ander alit

Venise.

Carnaval.

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au théâtre de la Fenice, l'un des plus importans et le plus vaste de l'Italie (Pl. 223). Il peut contenir environ trois mille personnes. Au moyen d'un pontlevis jeté sur une cour voisine, la scène se prolonge considérablement, et dans certaines circonstances, un jet d'eau s'élance jusqu'au plafond. Je n'ai pu jouir de cet effet, car la Fenice n'est ouverte que pendant six mois de l'année. Il est impossible de parler des théâtres de Venise, sans rapporter une des singularités les plus remarquables des acteurs de bas étage. Ils commencent toujours leurs jeux par le signe de la croix, et si l'on vient à sonner l'Angelus, ils s'interrompent pour se mettre à genoux sur le théâtre jusqu'à ce qu'on ait terminé l'Ave Maria.

Le carnaval de Venise est célèbre depuis long-temps comme le plus brillant de l'Italie, et il est encore le rendez-vous général des étrangers; il commence toujours le lendemain de Noël.

Les trois premiers jours de l'année font une interruption, à cause des priè res de quarante heures, qui se terminent le 3 janvier par une grande et belle procession, où le doge et la noblesse assistaient en cérémonie, et qui fait le tour de la place SaintMarc, souvent malgré la neige et la gelée.

L'habit de masque consiste en un mantello, manteau vénitien, quelquefois gris, mais le plus souvent et presque toujours noir; ce manteau est de soie; on met sur la tête une sorte de camail de gaze ou de dentelle noire, appelé bauta, qui couvre le menton jusqu'à la bouche; le reste du visage est couvert d'un masque blanc, volto, qui va jusqu'à la bouche, sans cependant la cacher, et l'on retient ce masque par un chapeau, garni pour l'ordinaire d'un plumet blanc. Aujourd'hui,

L.

ce brillant carnaval n'est fait que par le peuple; la classe élevée ne s'en mêle guère, et il n'y a pas six cents masques errans en gondoles, sur la place Saint-Marc et la Piazzetta. Cependant, par une particularité assez remarquable, le masque ou domino noir continue à être employé à toutes les époques de l'année, indistinctement, soit dans les rues, soit même dans les bals particuliers. On peut donc les regarder comme une sorte de vêtement national et tout-à-fait propre aux mœurs vénitiennes (Carnaval, Pl. 224).

Les dames de Venise ont quitté le costume noir qu'elles portaient autrefois pour adopter les modes françaises. Il y a cependant des femmes qui ont conservé le voile de blonde ou de tulle noir; certes, ce ne sont pas les moins bien mises, car elles le portent à merveille.

J'ai remarqué à Venise plus de femmes blondes que dans tous les lieux que j'ai parcourus jusqu'ici. Déjà l'on s'aperçoit du voisinage des nations du Nord, où la couleur blonde domine; et c'est sans doute ce qui contribue à modifier les traits, et à changer quelques beaux yeux noirs italiens, si pleins de vivacité, en d'autres plus doux et plus languissans. En outre j'ai vu un assez grand nombre de femmes grandes et fortes, et dont plusieurs avaient les traits plus allemands qu'italiens.

Les femmes du peuple, en général peu jolies, sont d'ailleurs négligées dans leur mise, et ont souvent les cheveux en désordre et mal peignés; mais il existe une classe dont les traits en revanche sont presque toujours agréables: ce sont les porteuses d'eau (car ici des femmes font ce rude métier), ce sont des Tyroliennes, au petit chapeau de feutre noir ou de paille, fait

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