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bout de la ville à l'autre. Elles sont toutes arrosées par des ruisseaux d'une eau limpide et courante, qui en facilitent le nettoiement. On traverse ces ruisseaux, trop larges pour une seule enjambée, tantôt sur des petits ponts formés d'une large dalle, que supportent deux pierres, ressortant du pavé en forme de piles, tantôt sur ces piles mêmes, dont la hauteur n'excède que de quelques pouces le niveau de l'eau.

Une rue longue et régulière, Via del Pó, nous conduit sous de magnifiques arcades (car Turin est la ville aux arcades, ornement si commode ornement si commode et si gracieux), jusqu'à une belle et vaste place. Regardez de tous côtés: voici des portiques, continuation de ceux qui nous ont amenés jusqu'au point où nous sommes. Maintenant voyez en face de vous, ce grand, vieux et solitaire bâtiment, qui s'élève au milieu de la place (Pl. 278). Il semble que tous les jeunes monumens se soient reculés pour lui faire hommage, et l'entourer à distance. Lui, cependant, vous offre ses deux tours en briques rouges, ses créneaux et ses murailles de vieille forteresse. La place tourne autour de cet édifice, qui se tient là debout tout seul : tournons aussi à notre tour pour le voir de tous côtés. Quelle surprise! quel étrange contraste! quelle jolie, élégante et moderne façade (Pl. 279)! Appartient-elle bien réellement à ces vieux donjons que nous venons de voir ? C'est à douter de la réalité. Tout cela pourtant ne forme qu'un même bâtiment, connu sous le nom du château, il Castello. La place qui s'étend au-devant de cet édifice, a pris son

nom.

Les premiers murs du château datent du treizième siècle. Restauré en partie en 1416, par le duc Amédée vm,

il ne dut sa façade, dans ces derniers temps, qu'à la munificence de la duchesse de Nemours. Mais, par une négligence étonnante, ou du moins par un respect dont nous sommes loin de nous plaindre, la partie postérieure de l'édifice offre, encore intacts, les vestiges de sa primitive construction.

Le château possède un beau musée nouvellement formé, et dans lequel on a réuni les principaux tableaux qui ornaient les divers palais du roi; on peut surtout remarquer au nombre des plus importantes richesses de cette galerie, les tableaux de l'Albane, représentant les quatre élémens. On remarque aussi une vierge, qu'on attribue, avec doute, à Raphaël.

En regardant la façade du château, vous avez à votre gauche une place qui n'est, à vrai dire, qu'une continuation de celle qui entoure le château, bien qu'on l'ait désignée par un autre nom. C'est la Place Royale, pour laquelle le gouvernement a décidé de nouveaux embellissemens, et une plus vaste étendue. Lorsqu'elle sera entièrement terminée, tièrement terminée, deux grands corps de bâtimens particuliers, et deux belles allées d'arbres l'encadreront de leurs gracieux hémicycles. Regardez au fond de cette place : voyez-vous un grand bâtiment déployer ses trois ailes autour d'une vaste cour? C'est le palais du roi (Pl. 279), dont l'extérieur annonce moins la demeure d'un souverain que la maison d'un riche bourgeois. Ce qui le dépare le plus, à mon avis, est son humble toiture en tuile cannelée, qui ne diffère en rien de celles des plus simples maisons de village. Le premier objet d'art que présente le palais, est la statue équestre de Victor-Amédée, placée sur le grand escalier, ar

mée de pied en cap, et montée sur un cheval de bataille (vrai Bucéphale), qui, fier, indompté, foule le corps de deux hommes prosternés.

L'intérieur du palais, qui ne peut plus être vu que par faveur spéciale, est vraiment royal; c'est-à-dire qu'il est riche, majestueux, brillant, chargé d'ornemens, mais dépourvu des choses les plus utiles. Les appartemens d'honneur sont extrêmement splendides; les murs en sont enrichis de peintures à fresque, dues à presque toutes les écoles que les Italiens appellent ultramontaines, qui sont les écoles hollandaise, flamande et française. La plupart des tableaux viennent de la succession du fameux prince Eugène, le plus distingué des membres de la maison de Savoie. La galerie de ce palais, si souvent décrite et tant louée, a toute la magnificence que peuvent donner les fresques et la dorure. Les nombreux et excellens portraits de Vandick qu'elle renferme en font l'ornement le plus précieux. Des pièces de toutes les grandeurs, des colonnes, des richesses, se succèdent; des cabinets, des oratoires, des toilettes, des châsses, des trônes, des autels, des boudoirs, des salles d'audience sans fin sont vues et traversées avec fatigue.

Il n'est peut-être pas hors de propos de citer, à l'occasion du palais du roi, les principales résidences que le souverain du Piémont posséde aux environs de Turin. Le château de Montcalier, dont la situation rappelle celle de Saint-Germain-en-Laye, ou celle de Windsor, mérite une mention particulière (Pl. 276). Cette ancienne résidence des ducs et des rois de la maison de Savoie a toujours été préférée par eux, à cause de la salubrité de l'air qu'on y respire. Montcalier, qui sous le régime français servit d'hô

ses

pital militaire, fut restauré par le roi Emmanuel, et plus tard ce nouveau Charles - Quint vint y terminer jours, après son abdication volontaire du trône.

Le château Valentin est une autre demeure royale non moins fastueuse que la précédente. Pour y arriver, il nous faut traverser toute la ville du nord au sud, passer la barrière de Montviso, laisser à notre droite l'immense citadelle de Turin, élevée sur une colline à l'extrémité occidentale de la ville, et nous engager dans une longue avenue qui conduit aussi aux jardins de botanique. A voir cette avenue, sur les bords du Pô, on dirait d'un grand château de France, sur les rives de la Seine ou de l'Oise; car le Valentin, qui doit ses embellissemens à Madame, Christine de France, fille de Henri IV, retrace bien plus vivement les environs de Paris qu'il ne porte en lui un caractère italien (Pl. 281 ).

Les allées de ce château forment une superbe promenade, qui est moins fréquentée que les autres, parce qu'elle est plus éloignée. Pour terminer ces détails sur les châteaux du roi de Piémont, nous citerons encore la résidence de Raconis, moins à cause de la somptuosité de l'édifice, que pour ses souvenirs historiques. Tout rappelle en ce lieu la mémoire de deux grands capitaines, les principaux soutiens de la maison de Savoie, le prince Thomas et le prince Eugène.

En nous rendant à la place SaintCharles, vers laquelle nous nous dirigeons maintenant, disons un mot des églises de Turin.

Avant la révolution, cette ville en contenait cent dix, toutes magnifiquement dotées, riches en marbres et en tableaux; mais aujourd'hui elles sont beaucoup moins propres à exciter l'ad

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