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gasins pour la marine, un phare situé avantageusement; que lui manquet-il donc?.. Des vaisseaux. La lanterne qui porte le fanal de ce port a été frappée de la foudre, il y a quelques années; elle fut ruinée, et plusieurs personnes périrent par l'explosion de la poudrière. On vit alors le feu électriques'élancer de la terre et allerjoindre celui du ciel, comme cela arrive quelquefois lorsque la terre est électrisée par la nuée.

En entrant à Nice par la porte de Gênes, on est frappé de l'air de prospérité des campagnes environnantes. Favorisée par la plus douce température, l'industrie des habitans sait rendre fertiles les montagnes les plus arides, en formant sur leurs flancs des terrasses de six à huit pieds de large, sur lesquelles on dépose toute la terre végétale qu'on peut ramasser dans les rochers environnans. Les pierres mêmes sont utilisées et servent de murs à ces terrasses, qui, placées les unes sur les autres jusqu'au lieu où la montagne n'offre plus qu'un roc nu ressemblent de loin à des escaliers de verdure. Chaque terrasse est bordée d'un rang de ceps de vigne, et derrière, crois sent des fèves, du blé, des pois et des

orangers.

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Les Liguriens Vediantii, espèce de sauvages, vivant de la chasse et de la pêche, ignorant l'agriculture, les arts et les lois, habitaient jadis le territoire de Nice. Le hasard y conduisit les destins errans d'une colonie sortie de Marseille. Ces étrangers, sans autre droit que la nécessité, sans autre raison que la force de leurs armes et la supériorité de leurs lumières, disputèrent à des peuples grossiers un légitime héritage. Ils les en dépouillèrent à la suite d'une vigoureuse résistance, et y fondèrent, trois cent quarante ans

avant Jésus-Christ, une ville à laquelle ils donnèrent le nom grec de Nike, en témoignage de leur victoire. Telle est l'origine de Nice.

Ce petit état, après avoir éprouvé un grand nombre de révolutions, et passé sucessivement sous le joug de divers maîtres, appartenait aux ducs de Savoie depuis 1388, époque de son démembrement de la Provence. Malherbe la regrettait, et il espérait belliqueusement la voir reprendre :

Guise en ses murailles forcées,
Remettra les bornes passées
Qu'avait notre empire marin.

. Le désir du poëte fut exaucé : en 1792, Nice rentra sous la domination française, mais pour retomber bientôt sous celle des rois de Sardaigne, auxquels elle appartient aujourd'hui.

Le climat de cette ville est délicieux; il est plutôt doux que brillant. Une triple enceinte de montagnes oppose aux vents du nord un rempart invincible, et ne laisse pénétrer que ceux du midi. Tous les matins et tous les soirs, une légère brise rafraîchit l'atmosphère aussi n'est-il pas étonnant que le roi de Sardaigne ait choisi cette ville au doux climat pour y fixer sa résidence d'hiver.

Nice, en temps de paix, est peuplé d'une multitude d'étrangers valétudinaires, dont la constitution délicate a besoin de l'influence d'une chaude tem

pérature. Le Russe, le Suédois glacé, l'Anglais attaqué du spleen, quittent en foule leur patrie pour venir dans cette heureuse terre échanger leur or contre la santé.

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première est obscure, sale et montueuse; dans la seconde, on voit de belles rues, des maisons d'une architecture élégante, de grandes places, comme celles de Victor et de SaintDomingue; enfin une terrasse spacieuse qui règne sur le bord de la mer, et au-dessous un cours planté de deux belles rangées d'arbres. (Pour Nice, voyez les Pl. 268-269. )

Lorsqu'on est parvenu sur cette terrasse, on jouit d'une fort belle vue. Au midi, la mer avec toute sa majesté et son infini en face les mâts des petits navires qui se balancent dans le port. Sur le sommet d'un promontoire, le château de Montalban, aux masses grisâtres et sévères. Au nord, une foule de collines et de montagnes couvertes d'oliviers et de maisons de campagne appelées bastides; à la pointe sud-est, la France, Antibes, avec sa population d'édifices; enfin, au bord de la mer et dans la vallée, Nice et ses maisons recouvertes de tuiles creuses, Nice et ses jardins remplis d'orangers et de citronniers en fleurs.

Ici, aucune église ne se distingue par son architecture; la Santa-Reparata, qui tient le premier rang, n'est qu'un édifice médiocre. La profusion de sculptures, le faux brillant des décorations, fatiguent les yeux et blessent le goût. L'église des Jésuites renferme le meilleur tableau que la religion ait conservé à Nice. Il représente la communion de saint Benoît. Au milieu d'un groupe de figures pleines de mouvement et d'expression on remarque la tête du vieillard mourant. La vertu, la résignation, l'espérance, y sont peintes il va quitter la terre et monter au ciel.

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Derrière le rocher qui couvre l'ancienne ville, se trouve le port; il est

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étroit, peu profond, exposé à des coups de vent terribles du sud, et dépourvu de chantiers de construction et de lazaret mais il offre aux marins un avantage particulier, la jouissance d'une source abondante qui vient y verser ses eaux douces et limpides. Nous vîmes au bagne quelques galériens. Ils n'avaient pas l'air sombre et hagard de ceux de Gênes : ce sont des déserteurs; ils expient dans la servitude un moment d'erreur ou de faiblesse ; mais leur âme, exempte d'autre reproche, n'est point inaccessible au doux sentiment de la gaîté.

Les principales productions du terroir de Nice sont les oliviers, le vin, les oranges et la soie : l'opulence y est rare, et la misère commune. L'habillement des habitans ne présente rien d'extraordinaire, si ce n'est la manière dont les femmes du peuple enferment leurs cheveux dans un réseau de soie noire, rouge ou bleue, qui se noue sur la tête, et retombe sur le cou en forme de petit sac,

La campagne de Nice est beaucoup plus intéressante que la ville. Pour en connaître les charmes, il faut s'égarer sur les coteaux voisins: on y rencontre souvent des sites dignes du pinceau d'un paysagiste, et quelquefois des ruines, dont l'ami de l'antiquité sent vivement le prix : celles de Cimiers furent un jour le but de notre promenade. Cette ville, autrefois florissante et le siége d'un sénat, n'existe plus que dans le souvenir des hommes: un jardin occupe une partie de son antique enceinte; l'autre est abandonnée à l'agriculture. La bèche et la charrue déchirent tous les jours ce sol classique, et de sombres yeuses, de tristes cyprès, dont le mélancolique ombrage est un ornement convenable à cette scène, pressent de leurs

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