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était occupée par les Français, sous le commandement de Masséna, et assiégée par les Autrichiens. En 1805, elle fut réunie à l'empire français, et son état divisé en départemens. En 1814, elle fut rétablie en république, et le congrès de Vienne la réunit aux états du roi de Sardaigne, sous le titre de duché de Gênes.

Commençons notre promenade dans la ville par une visite au palais du souverain (Pl. 260). C'est un des plus beaux monumens de Gênes. Il appartenait à l'antique famille Durazzo, avant que sa majesté en fit l'acquisition. Voulons-nous le considérer dans toute sa splendeur? attendons qu'à la lumière du jour succèdent les rayons plus pittoresques de la lune. Cette lumière convient particulièrement aux palais génois. Enfoncés dans une obscurité profonde, où, brillant à la douce clarté de la reine des nuits, ils paraissent alternativement imposans par leurs masses, ou attrayans par leurs formes riches et variées; tandis que les ombres fortement prononcées des portiques et des colonnades se dessinant sur le pavé, au milieu des flots de lumière, ajoutent à l'étendue et à la majesté des bâtimens d'où elles se projettent. Ces portiques, éclairés quelquefois par la faible lueur d'une lampe suspendue à leur toit de marbre, laissent voir la cour intérieure avec des rampes d'escalier, des terrasses suspendues, des statues, des orangers, des fontaines et des jets d'eau, qui réfléchissent les rayons de la lune, inclinés dans leurs bassins richement sculptés.

Ces palais, qui ont été élevés par l'opulence commerciale et la munificence républicaine, prouvent que la monarchie n'est pas la seule protectrice des arts. Ces monumens ont eu Rubens

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pour historien, les anciens Doria, Durazzi et Fiesque pour maîtres, et les empereurs et les rois ont été leurs hôtes. Ils sont maintenant silencieux et désolés, comme les édifices ruinés d'une cité qui aurait été engloutie et retrouvée sous la terre. A cette heure, où toutes les avenues patriciennes étaient autrefois si splendides, si animées; à minuit, au clair de la lune, le moment du divertissement italien quand les joyeux quaranta avaient coutume de se rassembler dans les brillantes salles de la Brignole, de la Serra ou de la Spignola, le silence et la solitude de Pompéï et de Palmyre dominent partout pas une lumière ne brille à travers ces belles fenêtres, dessinées par les Allessi et les Fontana; le bruit d'un seul pas humain ne trouble point le silence des portiques, en résonnant le long des lambris peints, des vestibules ouverts. Au milieu de cette solitude profonde, alors que l'âme est livrée toute entière à ses méditations, les proportions admira❤ bles des édifices semblent s'agrandir à l'oeil et à l'imagination; toutes leurs splendeurs contemporaines se sont évanouies, et les laissent comme des squelettes d'une grandeur passée, pour redire l'histoire de la ruine nationale.

Le superbe portique du palais royal est orné de colonnes d'ordre dorique en marbre blanc. Sa vaste cour est enrichie de fontaines, de terrasses, et quatre beaux escaliers conduisent aux appartemens supérieurs. Le défaut général de l'architecture de cet édifice est peut-être la division de son immense espace, en une trop grande quantité de petites pièces, toutes intéressantes, il est vrai, mais défectueuses, si on les compare à la grandeur totale du palais.

Outre les tableaux d'histoire des

grands peintres, les portraits de familles que contient ce palais, sont extrêmement curieux. Parmi ces tableaux domestiques, nous vimes, dit lady Morgan, celui de notre infortunée Anne Boleyn, par Holbein. Il est extrêmement curieux pour le costume; mais on ne trouverait rien dans cette dame maigre, aux cheveux rouges, qui pût excuser la passion adultère de Henri vi; on y verrait bien plutôt un motif pour ce prince d'avoir fait trancher une tête aussi laide. Holbein était un peintre hardi, imitateur zélé et fidèle; il porta constamment dans l'étude de la nature une admirable intention de naïveté, une sévérité scrupuleuse, mais ses ouvrages sont d'une vérité plus rigoureuse qu'aimable. La salle Paolo, ainsi nommée d'après le chef-d'oeuvre de Paul Véronèse, est la plus intéressante de toutes, parce qu'elle contient le magnifique tableau représentant la Madelaine aux pieds de Jesus Christ, dans la maison du pharisien. On dit de cette magnifique composition, que jamais sujet sacré ne fut plus divinement exécuté par des mains humaines. Il existe un autre palais Durazzo, mais celui que nous venons de quitter est le plus grand des deux, et se trouve situé dans la rue Balbi. Au reste, les palais de cette famille puissante ont été autrefois si nombreux à Gênes, qu'on disait proqu'on disait proverbialement : « Si vous voyez un palais, il doit appartenir à un Du

razzo. »

A l'extrémité de cette rue Balbi, où nous reviendrons encore, pour visiter l'université, nous trouvons la place de l'Annunziata (P]. 261), que termine noblement l'église du même nom. En général, les églises de Gênes se distinguent par une magnificence et une architecture de mauvais goût,

une surabondance déplacée d'ornemens. Quelques-unes sont décorées de marbre rouge et blanc, en bandes superposées la cathédrale l'est extérieurement en blanc et en noir. M. Simond a justement comparé l'Annunziata à une tabatière d'or. Elle n'est que marbre, pierres précieuses et dorures. Fondée par les Umiliati dans le treizième siècle, enrichie par la famille Lomelini, cette église fut ensuite donnée aux franciscains, qui en jouirent jusqu'à la révolution. A la restauration elle fut rendue à cet ordre. L'Annunziata contient plusieurs beaux tableaux : il en est un dont on ne dit rien, qui m'a beaucoup frappé : c'est la mère de Jésus, abîmée dans sa douleur au pied de la croix. L'artiste se nomme Scotti.

Avant de quitter cette église, nous entrerons dans celle de ses chapelles qui est consacrée à saint Louis, roi de France. Là repose le duc de Boufflers, qui mourut à Gênes en 1747, tandis qu'il commandait les troupes françaises envoyées au secours de la république.

Pour nous rendre au palais du Duc, où nous nous proposons de conduire maintenant le lecteur, il nous faut traverser une bonne partie de la ville. Mais la longueur de ce trajet ne sera pas perdue pour nous, nous en profiterons pour terons pour étudier l'architecture particulière de Gênes. Ce qui distingue la construction de cette fille de la

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