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que lors du bombardement de 1694, par Louis XIV, on vit le doge venir chercher un asile derrière ses épaisses murailles.

Le grand hôpital est un autre éta

principalement placée dans les fonds étrangers, ils perdirent dix-sept millions de rente en France, à la révolution. Comme partout en Italie, le théâtre est presque entièrement consacré à la représentation d'opéras que per-blissement considérable, près duquel sonne n'écoute; c'est en vain que le malheureux chanteur remplit l'air d'accens harmonieux, l'auditoire est sourd, ou plutôt n'a d'oreilles que pour lui-même. On se fait visite dans les loges, dont les portes s'ouvrent et se ferment à grand bruit.... »

Je terminerai notre revue des principaux monumens de Gênes par quel ques lignes sur celui qui m'a le plus vivement touché, et que la bienfaisance a élevé au malheur et à l'indigence; on l'appelle l'Albergo de' Poveri (Pl. 269), l'asile des pauvres. Cet utile établissement, qui eut pour premier fondateur un noble de la maison Brignole, peut contenir 1,200 pauvres de tout âge. On y recueille les orphelins, auxquels on apprend un état; de plus, ils reçoivent, en quittant l'hospice, un trousseau et une certaine somme d'argent. Les sexes sont séparés. Dans le quartier des femmes, on admet aussi celles qui furent égarées par le vice, et qu'on veut ramener à la vertu. Elles ne communiquent point avec les autres étenues, et vivent entièrement isolées. De semblables divisions sont faciles à établir dans un pareil édifice il est si vaste qu'en 1746 il servit de prison à 4,000 Allemands, et

on montrait naguère avec plaisir aux étrangers un lieu célèbre dans les annales génoises. C'est un endroit où le pavé était enfoncé, et qu'on n'avait point réparé afin d'y conserver la mémoire de la révolution qui commença en ce lieu le 5 décembre 1746. Les Autrichiens charriaient un mortier, et voulaient forcer les Génois à les aider. L'un de ces derniers fut victime de la violence des Autrichiens. Un jeune homme, qui au rapport de Lalande était domestique, excita le peuple à la vengeance. On saisit de vive force, dans le sénat même, les clefs de la porte Saint-Thomas, et bientôt parti populaire s'accrut au point que, malgré les instances des magistrats génois, qui voulaient respecter la capitulation, les oppresseurs étrangers furent chassés de la ville.

le

Telle est Gênes, telle est cette cité au climat malsain, justement désignée par le nom de Superbe, à cause de la magnificence de ses édifices. Mais, pour être belle, est-elle heureuse? Question importante qui n'a pas besoin de commentaire pour quiconque a médité l'histoire moderne des républiques d'Italie.

DE GÊNES A NICE.

La côte de l'Italie, de Gênes à Nice, me paraît encore supérieure à l'autre partie qui s'étend jusqu'à Livourne. Elle offre une suite de brillans promontoires couverts de bois d'oliviers, dont la pâle verdure contraste avec le vert éclatant des pins, des orangers, des citronniers, des châtaigniers de grands palais, de jolies maisons peintes en rouge, les coupoles, les clochers des églises, ajoutent à l'effet de cette vaste décoration, mêlée de rochers et de torrens. Quelquefois de belles vallées cultivées s'étendent sur le bord de la mer, et forment de rians et paisibles golfes de verdure à côté de l'azur agité des flots. Les levers, les couchers du soleil, sont admirables sur cet horizon, et la nature y développe à chaque pas ses plus magnifiques scènes.

On ne s'attend pas sans doute à une description détaillée de toutes les villes qui se trouvent sur ce littoral; nous ne parlerons ni de Saint-Pierre d'Arena, le plus magnifique des faubourgs connus, ni de Cornigliano, ni de Sestri, aux délicieuses villas, ni de Voltri, renommé pour ses fabriques de papiers. Nous citerons seulement Monaco petite ville fort ancienne, bâtie sur un rocher escarpé qui s'avance dans la mer. Ce petit état, que M. Valery appelle une orangerie sur un rocher, est en effet un véritable bosquet, d'où s'exhalent en été les parfums les plus doux. Nous nommerons aussi Cogoletto, qui prétend à l'honneur d'avoir donné le jour à Christophe Colomb. Ces prétentions parurent quelque temps fondées, parce qu'un des deux amiraux, nommé Colombo, avec lesquels il fit voile,

était de ce lieu. Cependant, en lisant attentivement le testament de l'illustre voyageur, il est impossible de douter qu'il ne soit Génois. Son histoire est trop connue pour que nous ayons rien à apprendre au lecteur en ce qui le concerne. On sait quelle justice tardive lui fut rendue. Ce sort, qui est malheureusement celui de tous les grands hommes, devrait, ce nous semble, être compensé par un témoignage public

d'honneur et de reconnaissance. On a

tellement prodigué les statues, que Christophe Colomb aurait bien dù ne pas être oublié dans ces distributions d'honneurs, parfois trop libéralement accordés. On montre à Cogoletto, au bord de la mer, une espèce de cabane, qu'on dit avoir été habitée par Colomb, et sur laquelle on lit, à la suite de quelques inscriptions pitoyables, ce beau vers rapporté par M. Valery:

Unus erat mundus; duo sint, ait iste : fuêre! Un seul monde était ; qu'il y en ait deux, dit-il : et deux existèrent.

Un ancien portrait de Colomb se voit à la maison communale; mais il ne doit pas ressembler, car cet homme intrépide, éloquent, éclairé, n'est sorti du pinceau de l'artiste, qu'avec un air fort commun.

Savone, petite ville voisine, eut également la prétention d'être la patrie de Christophe Colomb; ce qui parait certain, c'est qu'il y habita long-temps, et que ce fut de là qu'il partit, après avoir pressenti l'existence d'un nouveau monde. On trouve aussi dans les ar

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