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armée a rendu d'éminens services aux coalisés de 1789, en défendant, pendant quatre ans contre la France, les passages des Alpes, forcés en divers siècles par de grands capitaines, et, en dépit de notre amour-propre national, nous devons rappeler au lecteur la belle défense des Sardes en 1792, lors de l'expédition si malheureuse commandée par l'amiral français Truquet.

Un brick de vingt-quatre canons, de la marine royale, se tient constamment dans le port de Cagliari, aux ordres du vice-roi. L'île de la Magdelaine, dépendante de la Sardaigne, au nord, fournit d'ailleurs d'excellens sujets à la marine du roi. La belle expédition

de Tripoli a pu, dernièrement, apprendre à l'Europe le mérite des officiers de cette marine.

Cet aperçu des ressources de la Sardaigne, et de son état physique et moral, est sans doute bien succinct, et très peu propre à satisfaire la curiosité du lecteur. Nous espérons cependant qu'il nous tiendra compte de cette esquisse, si légère qu'elle soit, en songeant qu'il y a bien long-temps qu'on avait parlé si longuement de la Sardaigne. Et maintenant remontons dans notre navire, tendons les voiles, et puisse le vent nous être favorable, et nous accorder un souffle ami pour sortir des parages de la Corse et de l'île d'Elbe. Nous allons à Gênes.

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GÊNES.

vera,

Sur le bord de la mer Méditerranée, vagues bleues, qu'on ne contemple à l'extrémité d'un golfe auquel elle a jamais sans plaisir et sans étonnedonné son nom, adossé en amphi- ment. théâtre à une montagne des Apennins, entre deux torrens ou rivières, dont l'un se nomme Pisagno et l'autre Polces'élève l'antique Genova. Au levant, elle s'étend jusqu'au golfe de la Spezia; au couchant, elle va rejoindre la principauté de Monaco. De quelque point que l'on arrive à la capitale de la Ligurie, soit par mer, soit par soit par terre, on jouit du plus beau coup d'œil. Ce qui rend la perspective admirable, c'est le nombre des palais, des maisons de plaisance qui couronnent les hauteurs, et qui à une certaine distance semblent suspendus

dans les airs.

Opposée à ces traits qui rappellent l'habitation et les travaux de l'homme, la Méditerranée étend au loin ses P.

Avant de pénétrer dans l'intérieur de Gêrres, arrêtons-nous au Lazaret (Pl. 258, vue prise du Lazaret), placé au couchant de la ville. La partie de la plage située au levant de cet édifice est destinée à la construction des bâtimens de l'état, et plus loin, nous pouvons apercevoir ce qu'on appelle rivière de Gênes, mot impropre en français, car ce n'est point une rivière, mais un rivage ou une côte, qui se prolonge sur les bords de la mer depuis Nice. Quel pays pays enchanteur que cette rivière de Gênes! Depuis ce matin, je crois parcourir le pays des fées. Partout, le long des rives, des villages, des villes ou des bourgs; partout des maisons de campagne, des palais, des églises, des couvens, des tours, des châteaux

forts, des jardins, des orangers, des rochers, des golfes, des promontoires, et une mer couverte de voiles, et les rayons d'un soleil brûlant, et l'azur d'un ciel sans nuages, qui réfléchit des ondes transparentes.

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Cette superbe côte de Gênes n'a point à la vérité les souvenirs poétiques et littéraires du golfe de Naples, mais elle intéresse par les souvenirs et les exploits français qu'elle rappelle: Boufflers, Richelieu, Masséna, y apparaissent comme les représentans de l'ancienne et de la nouvelle gloire militaire de la France. Parmi les divers objets qu'on aperçoit est un immense aqueduc, qui, de six lieues, amène l'eau dans les différentes parties de la ville et jusque dans chaque maison. Pénétrons maintenant dans l'intérieur du port de Gênes c'est la plus belle manière de jouir de la grandeur de la ville; car on ne peut l'estimer de près à cause des montagnes qui la resserrent. Si le ciel nous accordait un de ces beaux jours de l'automne, où le soleil verse des torrens de lumière, rien ne serait comparable à l'aspect que nous offrirait Gênes la superbe, assise autour de son port dessiné en demicercle (Pl. 259). Voici, à gauche, près de la Lanterne, le môle neuf, qui, semblable à un bras, s'avance dans la mer, comme pour aller chercher l'autre môle, élevé en face de lui sur la rive opposée. En vain l'ouverture du port entre ces deux môles est de six cent quatre-vingt-deux mètres; en vain, à l'extrémité de chacun d'eux, un phare éclaire les pilotes pendant la nuit; les navires, malgré ces précautions, ont souvent fort à souffrir d'un vent appelé libécio, qui souffle du sud-ouest.

On se rappelle encore avec effroi la

tempête du 5 décembre 1960: les deux môles étaient couverts de l'eau de la mer, et les vagues, soulevées par le vent, formaient une pluie d'eau salée, jusqu'au dessus de la place de l'Annoncia. de; une tartane fut submergée, et beaucoup de navires endommagés on eut recours à saint Jean-Baptiste, comme dans les grandes calamités, on porta ses cendres sur la tour du vieux môle; heureusement ce fléau, qui avait commencé vers midi, finit une heure après le coucher du soleil.

En contemplant ainsi le port de Gênes, ses palais, ses terrasses, ses balcons de marbre blanc plantés d'orangers, les remparts qui couronnent son vaste amphithéâtre, nous reconnaissons bien la reale, la nobil città chantée poétiquement par le Tasse, satiriquement par Alfieri, et que madame de Staël disait bâtie pour un congrès de rois.

Il règue dans le port de Gênes une activité extraordinaire, et tandis que Venise se dépeuple et périt, son ancienne rivale, résidence de la cour pendant une moitié de l'année, paraît florissante. On y bâtit de nouvelles maisons, et la population, qui était en 1812 de 124,000 âmes, s'élève maintenant à près de 130,000. L'ardeur, deur, l'habileté, le courage des matelots du golfe de Gênes, assuetumque malo Ligurem, dont la population monte à plus de trente mille, sont extrêmes. Sur leurs tartanes, petites embarcations gran les comm une chambre, ils s'élancent jusque vers les ports les plus lointains de l'Océan. On annonça, au mois d'octobre 1822, le retour à Gênes d'un équipage génois, arrivé du Pérou en quatre-vingt-treize jours. Cette intrépide et laborieuse population, intéressante par ses mœurs, sa frugalité et son aisance, contraste d'une

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