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SECRETS

POUR SERVIR À L'HISTOIRE

DE LA

RÉPUBLIQUE DES LETTRES

EN FRANCE,

DEPUIS MDCCLXII JUSQU'À NOS JOURS;

O U

JOURNAL

D'UN OBSERVATEUR,

CONTENANT les Analyfes des Pieces de Théâtre qui
ont paru durant cet intervalle; les Relations des
Afemblées Littéraires; les notices des Livres nou-
veaux, clandeftins, prohibés; les Pieces fugitives,
rares ou manufcrites, en profe ou en vers; les Vau-
devilles fur la Cour; les Anecdotes & Bons Mots;
les Eloges des Savans, des Artiftes, des Hommes de
Lettres morts, Sc. &c. &c.

TOME PREMIER.

A

huc propius me,

vos ordine adite,

Hor. L. II. Sat. 3. vs. 81 & 82.

LONDRES,

CHEZ JOHN ADAMSON

M. DCC. LXXX.

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AVERTISSEMENT

DES

ÉDITEUR S.

L'INVASION de la Philofophie dans la République des Lettres en France, est une Epoque mémorable par la Révolution qu'elle a opéré dans les Efprits. Tout le monde en connoît aujourd'hui les fuites & les effets. L'Auteur des Lettres Perfannes & celui des Lettres Philofophiques, en avoient jetté le germe; mais trois fortes d'Ecrivains ont furtout contribué à le développer. D'abord les Encyclopédiftes, en perfectionnant la Métaphyfique, en y portant la clarté, moyen le plus propre à diffiper les tenebres dont la Théologie l'avoit enveloppée, ont détruit le Fanatifme & la Superftition. A ceux-ci ont fuccédé Les Économistes: s'occupant effentiellement de la Morale & de la Politique Pratique, ils ont cherché à rendre les Peuples plus heureux, en refferrant les liens de la fociété par une com

munication de fervices & d'échanges mieux entendus, en appliquant l'homme à l'étude de la Nature, mere des vraies jouissances. Enfin des tems de trouble & d'cppreffion ont enfanté les Patriotes, qui, remontant à la fource des Loix & de la Conftitution des Gouvernemens, ont démontré les obligations réciproques des Sujets & des Souverains, ont approfondi P'hiftoire & fes monumens, & ont fixé les grands principes de l'Adminiftration. Cette foule de Philofophes qui fe font placés comme à la tête des diverfes parties de la Littérature, a principalement paru après la Deftruction des Jéfuites: véritable point où la Révolution a éclaté.

Il étoit fans doute bien effentiel d'en marquer les progrès, d'en faifir les circonftances, d'en recueillir les détails les plus particuliers. C'étoit l'objet de l'Obfervateur dont nous publions le Journal. Il accumuloit ainfi les matériaux propres à l'hiftoire complette d'un pareil événement. On fait combien M. de Bachaumont étoit renommé pour fes connoisfances multipliées & pour fon goût exquis. Il préfidoit aux Conférences Académiques,

DES ÉDITEURS.

tenues chez une femme d'efprit [*], faifait depuis plus de 40 ans fon unique occupation de tout ce qui fe paffoit dans Paris capable d'exciter l'attention. On y rédigeoit un Journal, dont il avoit extrait les détails convenables à fon entreprife. Mais indépendamment de cette utilité particuliere, il faut avouer que rien n'eft plus commode, ni plus agréable, que de retrouver fous un même point de vue ce qu'il faudroit chercher dans une multitude fatiguante & fouvent ennuyeufe d'Ouvrages Périodiques: d'ailleurs, outre le travail commun avec tous, le Rédacteur en avoit un autre, plus rare & plus précieux ; c'est un choix d'Anecdotes qu'on ne rencontre nulle part & qui font le mérite intéressant de fa Collection; fans parler d'une multitude de Pieces fecrettes, que fes liaisons très-étendues le mettoient à même de fe procurer.

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Quant aux Notices des Ecrits nouveaux des Pieces de Théâtre, des Assemblées Litté raires, elles font encore diftinguées par une précifion unique, & furtout par une impartialité

(*) Madame Doublet, très-connue en France & chez les Etrangers.

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