De mensonges grossiers soüilla tous les écrits; Ne vous fletrissez point par un vice si bas. Mais quoy! dans la disette une muse affammée Il est vrai; mais enfin cette affreuse disgrace Rarement parmi nous afflige le Parnasse. Et que craindre en ce siecle où toûjours les beaux arts D'un astre favorable éprouvent les regards, Où d'un Prince éclairé la sage prévoyance Fait par tout au merite ignorer l'indigence? Soit encor le Corneille et du Cid et d'Horace. Que Segrais dans l'églogue en charme les forests. Mais, tandis que je parle, une gloire nouvelle Auteurs, pour les chanter, redoublez vos transports: Le sujet ne veut pas de vulgaires efforts. Pour moy qui, jusqu'ici nouri dans la satire, N'ose encor manier la trompette et la lyre, Vous me verrez pourtant, dans ce champ glorieux, Vous animer du moins de la voix et des yeux; Vous offrir ces leçons que ma muse au Parnasse Rapporta jeune encor du commerce d'Horace; Seconder vostre ardeur, échauffer vos esprits, Et vous montrer de loin la courone et le prix. Mais aussi pardonnez si, plein de ce beau zele, De tous vos pas fameux observateur fidele, Quelquefois du bon or je separe le faux, Et des auteurs grossiers j'attaque les defaux: Censeur un peu fâcheux, mais souvent necessaire, Plus enclin à blâmer que sçavant à bien faire. |