Traiter sans tirer ma raison? Rechercher un marché si funeste à ma gloire? N'écoutons plus ce dessein negligent Qui passeroit pour crime. Allons, ma main, du moins sauvons l'argent, Autant Oüi, mon esprit s'étoit déçu. que mon honneur mon interest me presse : Et, tout honteux d'avoir tant de froideur, Puis qu'aujourd'huy La Serre est le tondeur, Sçais-tu que ce vieillard fut la même vertu, Et l'effroy des lecteurs de son temps, le sçais-tu? LA SERRE. Peut-être. CASSAIGNE. La froideur qu'en mon stile je porte, Sçais-tu que je la tiens de lui seul? LA SERRE. Que m'importe? CASSAIGNE. A quatre vers d'ici je te le fais sçavoir. Jeune presomptueux. LA SERRE. CASSAIGNE. Parle sans t'émouvoir; Je suis jeune, il est vrai; mais aux ames bien nées LA SERRE. Mais t'attaquer à moy! Qui t'a rendu si vain, CASSAIGNE Mes pareils avec toy sont dignes de combattre, LA SERRE. Sçais-tu bien qui je suis? CASSAIGNE. Oüi, tout autre que moy En comptant tes écrits pourroit trembler d'effroy. Mille et mille papiers dont la table est couverte Semblent porter écrit le destin de ma perte. J'attaque en temeraire un gigantesque auteur; Mais j'auray trop de force, aïant assez de cœur. Je veux vanger mon maître, et ta plume indomptable, Pour ne se point lasser, n'est point infatigable. LA SERRE. Ce phebus qui paroît aux discours que tu tiens, Que ces bons mouvemens excitent ton devoir, CASSAIGNE. D'une indigne pitié ton orgüeil s'accompagne. Retire-toy d'ici. LA SERRE. CASSAIGNE, Hâtons-nous de rimer. |