VERS

Faits pour mettre au bas d'un portrait de Monseigneur le duc du Maine, alors encore enfant, et dont on avoit imprimé un petit volume de Lettres audevant desquelles ce prince estoit peint en Apollon, avec une couronne sur la teste.

Q

UEL est cet Apollon nouveau,

Qui, presque au sortir du berceau,
Vient regner sur nostre Parnasse?

Qu'il est brillant! qu'il a de grace!
Du plus grand des heros je reconnois le fils.
Il est desja tout plein de l'esprit de son pere,
Et le feu des yeux de sa mere

A passé jusqu'en ses escrits.

EPIGRAMME

Sur une harangue d'un magistrat, dans laquelle les procureurs estoient fort maltraitez.

LORSQUE

ORSQUE dans ce senat, à qui tout rend hommage,
Vous haranguez en vieux langage,

Paul, j'aime à vous voir en fureur
Gronder maint et maint procureur.
Car leurs chicanes sans pareilles
Meritent bien ce traitement.

Mais que vous ont fait nos oreilles
Pour les traiter si rudement?

EPIGRAMME

Pour mettre au bas d'une méchante

a faite de moy.

graveure qu'on

U poëte Boileau tu vois icy l'image.

« Quoy! c'est-là, diras-tu, ce critique achevé?

D'où vient le noir chagrin qu'on lit sur son visage?

EPIGRAMME

L'Amateur d'horloges.

ANS cesse autour de six pendules,
montres,

De deux montres, de trois cadrans,

Lubin, depuis trente et quatre ans,
Occupe ses soins ridicules.

<< Mais à ce mestier, s'il vous plaist,
A-t-il acquis quelque science?

Sans doute; et c'est l'homme de France
Qui sçait le mieux l'heure qu'il est. »

EPIGRAMME

Sur la fontaine de Bourbon, où l'autheur estoit allé prendre les eaux, et où il trouva un poëte mediocre qui luy monstra des vers de sa façon.

(Il s'adresse à la fontaine.)

Out, vou mouvement au corps paralytique,

UI, vous pouvez chasser l'humeur apoplectique,
Rendre le

Et guerir tous les maux les plus inveterez.

Mais, quand je lis ces vers par vostre onde inspirez, Il me paroist, admirable fontaine,

Que vous n'eustes jamais la vertu d'Hippocrene.

SUR MON PORTRAIT

Monsieur Le Verrier, mon illustre ami, ayant fait graver mon portrait par Drevet, celebre graveur, fit mettre au bas de ce portrait quatre vers où l'on me fait ainsi parler.

A

u joug de la raison asservissant la rime;

Et, mesme en imitant, tousjours original,

J'ay sceu dans mes escrits, docte, enjoüé, sublime, Rassembler en moi Perse, Horace et Juvenal.

A quoy j'ay répondu par ces vers :

Oui, Le Verrier, c'est-là mon fidelle portrait,
Et le graveur en chaque trait

A sceu tres finement tracer sur mon visage

De tout faux bel esprit l'ennemi redouté.

Mais, dans les vers pompeux qu'au bas de cet ouvrage Tu me fais prononcer avec tant de fierté,

D'un ami de la verité,

Qui peut reconnoistre l'image?

EPIGRAMME

moy

Sur le buste de marbre qu'a fait de Monsieur Girardon, premier sculpteur du Roy.

GRACE

RACE au Phidias de nostre âge,

Me voilà seûr de vivre autant que l'univers;
Et, ne connust-on plus ni mon nom, ni mes vers,
Dans ce marbre fameux, taillé sur mon visage,
De Girardon tousjours on vantera l'ouvrage.