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De la celeste fille il reconnoist l'éclat,

Et mande au mesme instant le chantre et le prélat.
Muse, c'est à ce coup que mon esprit timide
Dans sa course élevée a besoin qu'on le guide,
Pour chanter par quels soins, par quels nobles travaux,
Un mortel sceut fléchir ces superbes rivaux.

Mais plûtost, toy qui fis ce merveilleux ouvrage,
Ariste, c'est à toy d'en instruire nostre âge.
Seul tu peux reveler par quel art tout-puissant
Tu rendis tout-à-coup le chantre obeïssant.
Tu sçais par quel conseil, rassemblant le chapitre,
Lui-mesme, de sa main, reporta le pupitre,
Et comment le prélat, de ses respects content,
Le fit du banc fatal enlever à l'instant.

Parle donc; c'est à toy d'éclaircir ces merveilles.
Il me suffit pour moy d'avoir sceu, par mes veilles,
Jusqu'au sixième chant pousser ma fiction,

Et fait d'un vain pupitre un second Ilion.
Finissons. Aussi bien, quelque ardeur qui m'inspire,
Quand je songe au heros qui me reste à décrire,
Qu'il faut parler de toy, mon esprit, éperdu,
Demeure sans parole, interdit, confondu.

Ariste, c'est ainsi qu'en ce senat illustre

Où Themis par tes soins reprend son premier lustre, Quand la premiere fois un athlete nouveau

Vient combattre en champ clos aux joustes du barreau,

Souvent, sans y penser, ton auguste presence
Troublant par trop d'éclat sa timide éloquence,
Le nouveau Ciceron, tremblant, décoloré,
Cherche envain son discours sur sa langue égaré;
Envain, pour gagner temps, dans ses transes affreuses,
Traisne d'un dernier mot les syllabes honteuses:
Il hesite, il begaye, et le triste orateur
Demeure enfin muet aux yeux du

spectateur.

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ODES, EPIGRAMMES

ET

AUTRES POËSIES

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'ODE suivante a esté composée à l'occasion de ces estranges dialogues qui ont paru depuis quelque temps, où tous les plus grands écrivains de l'antiquité sont traités d'esprits mediocres, de gens à estre mis en paralelle avec les Chapelains et avec les Cotins, et où, voulant faire honneur à nostre siecle, on l'a en quelque sorte diffammé en faisant voir qu'il s'y trouve des hommes capables d'écrire des choses si peu sensées. Pindare est des plus maltraités. Comme les beautés de ce poëte sont extrêmement renfermées dans sa langue, l'auteur de ces dialogues, qui vrai-semblablement ne sçait point de grec, et qui n'a leu Pindare dans des traductions latines assez defectueuses, a pris pour galimathias tout ce que la foiblesse de ses

que

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