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» sayait d'enfreindre quelque partie de >> cette ordonnance, ou de s'y opposer par >> une audacieuse témérité, qu'il sache que » par là il encourra l'indignation du » Dieu tout-puissant et des saints apótres » Pierre et Paul. »

Nous avons un peu interverti l'ordre des temps pour rapprocher les divers actes qui ont rétabli les Jésuites dans les différens pays de l'Europe; toutefois, en montrant sous un même point de vue les progrès successifs de la société de Jésus, nous n'avons pas voulu dire qu'à chaque époque les bulles émanées du Saint-Siège aient été inspirées par les mêmes motifs; que la société elle-même les ait sollicitées dans les mêmes vues, et qu'enfin les Souverains de chaque pays les ait accueillies dans les

mêmes intentions.

Ces motifs, ces vues et ces intentions, ont dû varier suivant les circonstances, et d'après la situation' politique de l'Europe,

à laquelle les Jésuites n'ont jamais été tout à fait étrangers, et sur laquelle ils ont maintenant une influence que personne n'ignore, et qu'eux-mêmes ne cherchent plus à dissimuler,

En 1801 et en 1804, le corps ne demandait qu'à réunir ses membres épars et mutilés. Il ne pouvait alors montrer ni ambition, ni audace; mais aussitôt qu'il eût vaincu cette première difficulté, son espérance s'élança vers un but qu'il n'a pas encore atteint, quoiqu'il ait fait des progrès très-rapides.

En 1814, les circonstances étaient bien autrement favorables; et l'on n'a pas besoin de dire que les Jésuites surent en profiter. Il n'est pas d'États dans lesquels, depuis dix années, ils ne se soient rétablis, insinués ou agrandis. En France, leur existence et leur accroissement sont des faits incontestables; et la conséquence nécessaire qui frappe également tous les yeux, c'est

la reproduction des principes ultramontains. L'intolérance est prêchée publiquement; Bossuet est accusé d'imprudence et presque d'hérésie; et si l'on ne revendique pas encore les droits du pape sur la couronne des Rois, c'est que le temps n'est pas venu de déclarer ouvertement toute sa pensée. Ainsi les Jésuites, rétablis par la Cour de Rome, rendent à la Cour de Rome service pour service, en lui promettant de faire mieux à l'avenir.

Il serait assez curieux de suivre les vénérables pères de la société de Jésus dans leur marche à la fois persévérante et rapide; mais ce serait nous écarter de notre sujet : nous aurions d'ailleurs à traiter des matières extrêmement délicates; nous pourrions nous attirer des haines dangereuses, que nous saurions affronter si cela était nécessaire; mais qu'on nous pardonnera de ne pas provoquer inutilement.

Les Jésuites rétablis furent donc un évé

nement dont la politique romaine espéra, et dont elle recueille aujourd'hui de grands avantages. Un autre acte qui suivit immédiatement le premier vint augmenter l'autorité de Rome ou étendre son influence; mais cette fois ce fut à l'honneur du Pontife et à la gloire de la religion : nous voulons parler, on le voit, du Concordat de

1801.

CHAPITRE IV.

Concordat de 1801, entre Pie VII et la République française.

On a beaucoup écrit pour et contre ce Concordat; afin de le bien juger, il faut connaître la situation politique et religieuse où se trouvaient respectivement, à cette époque, les parties contractantes; car c'est toujours sous ce double aspect qu'on doit examiner les actes de la Cour de Rome, engagée dans tous ses traités par la nature même de sa constitution, et comme puissance spirituelle, et comme puissance temporelle.

En France, la constitution civile du Clergé, décrétée en 1790 par l'Assemblée

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