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ou du moins elles composent des corps qui jettent quelque lumière, encore qu'ils ne se consument pas; et c'est de ces exhalaisons que se font les feux follets en la plus basse région de l'air, et les éclairs qu'on voit quelquefois sans qu'il tonne en la moyenne; et en la plus haute, les lumières en forme d'étoiles qui semblent tomber du ciel, où courir d'un lieu à l'antre : car les exhalaisons, ainsi qu'il a été dit, sont composées de parties fort déliées, et divisées en plusieurs branches qui se sont attachées à d'autres parties un peu plus grosses, tirées des sels volatils et des sucs aigres et corrosifs; et il est à remarquer que les intervalles qui sont entre ces branches fort déliées sont si petits, qu'ils ne sont ordinairement remplis que de la matière du premier élément; ce qui est cause que, bien que les parties du second occupent tous les autres plus grands intervalles qui se trouvent entre les parties des sels ou sucs qui sont revêtues de ces branches, elles en peuvent facilement être chassées lorsque ces exhalaisons étant pressées de divers côtés par d'autres, quelques unes de leurs parties entrent et s'insinuent en ces plus grands intervalles: car l'action du premier élément, qui est entre les petites branches qui environnent ces sucs, leur aide à les chasser; et par ce moyen ces parties des exhalaisons se changent en flamme.

89. Comment s'al

la foudre, des

traversent.

Et la cause qui presse ainsi les exhalaisons pour

dont

lume le feu de faire qu'elles s'enflamment quand elles compoéclairs et des sent la foudre ou les éclairs, est évidente, parceétoiles qui qu'elles sont enfermées entre deux nues, l'une tombe sur l'autre. Mais celle qui leur fait composer les lumières en forme d'étoiles qu'on voit en temps calme et serein courir çà et là par le ciel, n'est pas du tout si manifeste : néanmoins on peut penser qu'elle consiste en ce que, lorsqu'une exhalaison est déjà aucunement condensée et arrêtée par le froid en quelque lieu de l'air, les parties d'une autre qui viennent d'un lieu plus chaud, et sont par conséquent plus agitées, ou seulement qui, à cause de leurs figures, continuent plus long-temps à se mouvoir, ou bien aussi qui sont portées vers elle par un peu de vent, s'insinuent en ses pores et en chassent le second élément; au moyen de quoi, si elles peuvent aussi déjoindre ses parties, elles en composent une flamme qui, consumant promptement cette exhalaison, ne dure que fort peu de temps, et semble une étoile qui passe

90.

Comment s'allument les

tombent, et

d'un lieu en un autre. Au lieu que, si les parties de l'exhalaison sont si étoiles qui bien jointes qu'elles ne puissent ainsi être séparées quelle est la par l'action des autres exhalaisons qui s'insinuent les autres tels en ses pores, elle ne s'embrase pas tout-à-fait, mais feux qui lui rend seulement quelque lumière, ainsi que font lent point. aussi quelquefois les bois pourris, les poissons

cause de tous

sent et ne brû

salés, les gouttes de l'eau de mer, et quantité d'autres corps: car il n'est besoin d'autre chose pour produire de la lumière, sinon que les parties du second élément soient poussées par la matière du premier, ainsi qu'il a été dit ci-dessus. Et lorsque quelque corps terrestre a plusieurs pores qui sont si étroits qu'ils ne peuvent donner passage qu'à cette matière du premier élément, il peut arriver que, bien qu'elle n'y ait pas assez de force pour détacher les parties de ce corps les unes des autres, et par ce moyen le brûler, elle en ait néanmoins assez pour pousser les parties du second élément qui sont en l'air d'alentour, et ainsi causer quelque lumière. Or on peut penser que les étoiles qui tombent ne sont que des lumières de cette sorte; car on trouve souvent sur la terre aux lieux où elles sont tombées une matière visqueuse et gluante qui ne brûle point. Toutefois on peut croire aussi que la lumière qui paroît en elles ne vient pas proprement de cette matière visqueuse, mais d'une autre plus subtile qui l'environne, et qui étant enflammée se consume pour l'ordinaire avant qu'elle parvienne jusques à la terre.

Mais pour ce qui est de l'eau de mer dont j'ai ci-dessus expliqué la nature, il est aisé à juger que la lumière qui paroît autour de ses gouttes, lors qu'elles sont agitées par quelque tempête, ne vient que de ce que cette agitation fait que, pendant que

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92.

Quelle est la

qui brûlent

et ne luisent

point, comme

s'échauffe de

celles de leurs parties qui sont molles et pliantes demeurent jointes ensemble, les pointes des autres qui sont roides et droites s'avancent ainsi que des petits dards hors de leurs superficies, et poussent avec impétuosité les parties du second élément qu'elles rencontrent. Je crois aussi que les bois pourris, les poissons salés, et autres tels corps, ne luisent point, que lorsqu'il se fait en eux quelque altération, qui rétrécit tellement plusieurs de leurs pores qu'ils ne peuvent contenir que de la matière du premier élément, soit que cette altération vienne de ce que quelques unes de leurs parties s'approchent lorsque quelques autres s'éloignent, comme il semble arriver aux bois pourris, soit de ce que quelque autre corps se mêle avec eux, comme il arrive aux poissons salés, qui ne luisent que pendant les jours que les parties du sel entrent dans leurs pores.

Et lorsque les parties d'un corps s'insinuent ainsi cause des feux entre celles d'un autre, elles ne peuvent pas seuleou échauffent ment le faire luire sans l'échauffer en la façon que je viens d'expliquer, mais souvent aussi elles l'élorsque le foin chauffent sans le faire luire, et enfin quelquefois elles l'embrasent tout-à-fait : comme il paroît au foin qu'on a renfermé avant qu'il fût sec, et en la chaux vive sur laquelle on verse de l'eau, et en toutes les fermentations qu'on voit communément en la chimie. Car il n'y a point d'autre raison qui

soi-même.

fasse que le foin qu'on a renfermé avant qu'il fût sec s'échauffe peu à peu jusques à s'embraser, sinon que les sucs ou esprits qui ont coutume de monter de la racine des herbes tout le long de leurs tiges pour leur servir de nourriture, n'étant pas encore tous sortis de ces herbes lorsqu'on le renferme, continuent par après leur agitation, et sortant des unes de ces herbes entrent dans les autres, à cause que le foin étant renfermé ces sucs ne se peuvent évaporer; et parceque ces herbes commencent à se sécher, ils y trouvent plusieurs pores un peu plus étroits que de coutume, qui, ne les pouvant plus recevoir avec le second élément, les reçoivent seulement environnés du premier, lequel les agitant fort promptement leur donne la forme du feu. Pensons, par exemple, que l'espace qui est entre les corps B et C ' représente un des pores qui sont dans les herbes encore vertes, et que les petits bouts des cordes 1,2,3, avec les petites boules qui les environnent, représentent les parties des sucs ou esprits environnés du second élément, ainsi qu'elles ont coutume d'être lorsqu'elles cou- lent le long de ces pores, et de plus, que l'espace qui est entre les corps D et E soit l'un des pores d'une autre herbe qui commence à se sécher qui est cause qu'il est si étroit que, lorsque les mêmes parties des sucs 1,2,3 y viennent, elles n'y

Voyez planche IX, figure 1.

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