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avec des métaux, ou des pierres, ou d'autres matières.

en

L'autre genre vient des parties des corps D et E, qui, étant moins dures que les précédentes, sont tellement froissées dans les pores du corps C par l'agitation de ses parties, qu'elles se divisent plusieurs branches fort déliées et flexibles, qui étant écartées les unes des autres par la matière du premier élément, et emportées vers le corps E, s'attachent à quelques unes de ses parties, et par ce moyen composent le soufre, le bitume, et généralement toutes les matières grasses ou huileuses qui sont dans les mines.

J'ai donc ici expliqué trois sortes de corps qui me semblent avoir beaucoup de rapport avec ceux que les chimistes ont coutume de prendre pour leurs trois principes, et qu'ils nomment le sel, le soufre et le mercure : car on peut prendre ces sucs corrosifs pour leur sel, ces petites branches qui composent une matière huileuse pour leur soufre, et le vif argent pour leur mercure; et mon opinion est que la vraie cause qui fait que les métaux viennent dans les mines est que ces sucs corrosifs coulant çà et là dans les pores du corps C font que quelques unes de ses parties se détachent des autres, lesquelles par après se trouvant enveloppées et comme revêtues des petites branches de la matière huileuse, sont facilement poussés de C vers E

62. Comment

s'engendre la leuse qui en

matière hui

tre en la com

position du soufre, du

bitume, etc.

63. Des principes de la chimie, et de quelle

façon les mé

taux viennent dans les

mines.

64.

De la nature

par les parties de l'argent vif, lorsqu'il est agité et raréfié par la chaleur; et selon les diverses grandeurs et figures qu'ont ces parties du corps C, elles composent diverses espèces de métaux, lesquelles j'aurois peut-être ici plus particulièrement expliquées si j'avois eu la commodité de faire toutes les expériences qui sont requises pour vérifier les raisonnements que j'ai faits sur ce sujet.

Mais, sans nous arrêter à cela davantage, comde la terre ex- mençons à examiner la terre extérieure E, que nous de l'origine avons déjà dit être divisée en plusieurs pièces dont des fontaines. les plus basses sont couvertes de l'eau de la mer,

térieure, et

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les plus hautes font les montagnes, et celles qui sont entre deux font les plaines; et voyons maintenant quelles y sont les sources des fontaines et des rivières, et pourquoi elles ne s'épuisent jamais, bien que leurs eaux ne cessent de couler dans la iner, comme aussi pourquoi toutes ces eaux douces qui vont dans la mer ne la rendent point plus grande ni moins salée. A cet effet il faut considérer qu'il y a de grandes concavités pleines d'eau sous les montagnes, d'où la chaleur élève continuellement plusieurs vapeurs, lesquelles n'étant autre chose que des petites parties d'eau séparées l'une de l'autre et fort agitées se glissent en tous les pores de la terre extérieure, et ainsi parviennent jusques aux plus hautes superficies des plaines et des montagnes. Car, puisque nous voyons

quelques unes de ces vapeurs passer bien loin audelà jusque dans l'air, où elles composent les nues, nous ne pouvons douter qu'il n'y en ait davantage qui montent jusques aux sommets des montagnes, à cause qu'il leur est plus aisé de s'élever en coulant entre les parties de la terre qui aide à les soutenir, qu'en passant par l'air qui, étant fluide, ne les peut soutenir en même façon ; de plus, il faut considérer que lorsque ces vapeurs sont parvenues vers le haut des montagnes, et qu'elles ne se peuvent élever davantage, à cause que leur agitation diminue, leurs petites parties se joignent plusieurs ensemble; et que, reprenant par ce moyen la forme de l'eau, elles ne peuvent descendre par les pores par où elles sont montées, à cause qu'ils sont trop étroits, mais qu'elles rencontrent d'autres passages un peu plus larges entre les diverses croûtes ou écorces dont j'ai dit que la terre extérieure est composée, par lesquels elles se vont rendre dans les fentes que j'ai dit aussi se trouver en cette terre extérieure; et les remplissant, elles font des sources qui demeurent cachées sous terre jusques à ce qu'elles rencontrent quelques ouvertures en sa superficie, et sortant par ces ouvertures elles composent des fontaines dont les eaux, coulant par le penchant des vallées, s'assemblent en rivières et descendent enfin jusques à la mer.

65.

Pourquoi

de ce que les

rivières y

entrent.

Or, encore qu'il sorte ainsi continuellement l'eau de la mer beaucoup d'eau des concavités qui sont sous les ne croit point montagnes, d'où étant élevée elle coule par les rivières jusques à la mer, toutefois ces concavités ne s'épuisent point, et la mer n'en devient point plus grande: dont la raison est que la terre extérieure n'a pu être formée en la façon que j'ai décrite par le débris du corps E dont les pièces sont tombées inégalement sur la superficie du corps C, qu'il ne soit demeuré plusieurs grands passages au-dessous de ces pièces, par où il retourne autant des eaux de la mer vers le bas des montagnes qu'il en sort par le haut qui va dans la mer; de façon que le cours de l'eau en cette terre imite celui du sang dans le corps des animaux, où il fait un cercle, en coulant sans cesse fort promptement de leurs veines dans leurs artères, et de leurs artères dans leurs veines.

66.

Pourquoi

l'ean de la

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fontaines est

mer demeure

Et, bien que la mer soit salée, toutefois la plupart des fontaines ne le sont point: dont la raison plupart des est que les parties de l'eau de la mer qui sont douce, et la douces, étant molles et pliantes, se changent aisalée. sément en vapeurs, et passent par les chemins détournés qui sont entre les petits grains de sable et les autres telles parties de la terre extérieure; au lieu que celles qui composent le sel étant dures et roides, sont plus difficilement élevées par la chaleur, et ne peuvent passer par les pores de la

terre, si ce n'est qu'ils soient plus larges qu'ils n'ont coutume d'être. Et les eaux de ces fontaines en s'écoulant dans la mer ne la rendent point douce, à cause que le sel qu'elles y ont laissé en s'élevant en vapeurs dans les montagnes se mêle derechef avec elles..

67.

Pourquoi il y

́a aussi quel

ques fontaines

salée.

Mais nous ne devons pas pour cela trouver étrange qu'il se rencontre aussi quelques sources d'eau salée en des lieux fort éloignés de la mer: dont l'eau est car la terre s'étant entre-fendue en plusieurs endroits, ainsi qu'il a été dit, il se peut faire que l'eau de la mer vient jusques aux lieux où sont ces sources sans passer que par des conduits qui sont si larges qu'elle amène facilement son sel avec soi, non seulement lorsque ces conduits se rencontrent en des puits si profonds qu'elles ne sont pas moins basses que l'eau de la mer, auquel cas elles participent ordinairement à son flux et reflux, mais aussi lorsqu'elles sont beaucoup plus hautes, à cause que les parties du sel étant soutenues par la pente de ces conduits, peuvent monter avec celles de l'eau douce : comme on voit par expérience, en faisant chauffer de l'eau de mer dans une cuve telle que ABC, qui est plus large par le haut que par le bas, qu'il s'élève du sel le long de ses bords, lequel s'y attache de tous côtés en forme de croûte, pendant que l'eau douce qui l'accompagnoit s'évapore.

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