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57.

De la nature

certains temps; car je crois qu'il n'y a rien de particulier à observer touchant les flux et reflux de la mer, dont la cause ne soit comprise en ce peu que je viens de dire.

Touchant la terre intérieure marquée C, qui de la terre in- s'est formée au-dessous des eaux, on peut remartérieure qui

des plus basses

eaux.

est au-dessous quer qu'elle est composée de parties de tontes sortes de figures, et qui sont si grosses que la matière du second élément n'a pas la force par son mouvement ordinaire de les emporter avec soi, comme elle emporte celles de l'air et de l'eau, mais qu'elle en a seulement assez pour les rendre pesantes, en les pressant vers le centre de la terre, et aussi pour les ébranler quelque peu, en coulant par les intervalles qui doivent être parmi elles en grand nombre, à cause de l'irrégularité de leurs figures ; et qu'elles sont aussi ébranlées, tant par la matière du premier élément qui remplit tous ceux de ces intervalles qui sont si étroits qu'aucun autre corps n'y peut entrer que par les parties de l'eau, de l'air et de la terre extérieure qui s'est formée au-dessus de l'eau, lesquelles descendent souvent dans les plus grands de ces intervalles, et agitent si fort quelques parties de la terre intérieure qu'elles les détachent des autres, et les font par après monter avec elles : car il est aisé à juger que les plus hautes parties de cette terre intérieure C doivent être véritablement fort entrelacées, et fer

mement jointes les unes aux autres, parceque ce sont elles qui ont été les premières à soutenir l'effort et rompre le cours de la matière subtile qui passoit en lignes droites par les corps B et D, pendant que C se formoit; mais que néanmoins étant assez grosses, et ayant des figures fort irrégulières, elles n'ont pu s'ajuster si bien l'une à l'autre qu'il ne soit demeuré parmi elles plusieurs espaces assez grands pour donner passage à quelques unes des parties terrestres qui étoient au-dessus, comme particulièrement à celles du sel et de l'eau douce mais que les autres parties de ce corps C, qui étoient au-dessous de ces plus hautes, n'ont point été si fermement jointes, ce qui est cause qu'elles ont pu être séparées par les parties du sel ou autres semblables qui venoient vers elles.

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Et même il y a eu peut-être quelque endroit au-dedans ou bien au-dessous de ce corps C, où il s'est assemblé plusieurs de ces parties qui ont des figures si unies et si glissantes, qu'encore que leur pesanteur soit cause qu'elles s'appuient l'une sur l'autre, en sorte que la matière du second élément ne coule pas librement de tous côtés autour d'elles, ainsi qu'elle fait autour de celles de l'eau, elles ne sont toutefois aucunement attachées l'une à l'autre, mais sont continuellement mues, tant par la matière du premier élément qui remplit tous les

58.

De la nature

de l'argent vif.

59. Des inégalités

de la chaleur

qui est en

térieure.

intervalles qu'elles laissent autour d'elles, que par les plus petites du second qui peuvent aussi passer par quelques uns de ces intervalles, au moyen de quoi elles composent une liqueur qui, étant beaucoup plus pesante que l'eau, et n'étant aucunement transparente comme elle, a la forme de l'argent vif.

Outre cela, on doit remarquer que, comme nous voyons que les taches qui s'engendrent cette terre in- journellement autour du soleil ont des figures fort irrégulières et diverses, ainsi la moyenne région de la terre marquée M, qui est composée de même matière que ces taches, n'est pas également solide partout, mais qu'il y a en elle quelques endroits où ses parties sont moins serrées qu'aux autres; ce qui fait que la matière du premier élément, qui vient du centre de la terre vers le corps C, passe par quelques endroits de cette moyenne région en plus grande quantité que par les autres, et ainsi a plus de force pour agiter ou ébranler les parties de ce corps C, qui sont audessus de ces endroits-là. On doit aussi remarquer la chaleur du soleil, qui, comme il a été dit ci-dessus, pénètre jusques aux plus intérieures parties de la terre, n'agit pas également contre tous les endroits de ce corps C, parcequ'elle lui est plus abondamment communiquée par les parties de la terre extérieure E qui le touchent, que

que

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par les eaux D; et que les côtés des montagnes qui sont exposés au midi sont beaucoup plus échauffés par le soleil que ceux qui regardent les poles; et enfin que les terres situées vers l'équateur sont autrement échauffées que celles qui en sont fort loin, et que la vicissitude, tant des jours et des nuits que des étés et des hivers, cause aussi en cela de la diversité.

que

toutes les

pe

60.

Quel est l'ef

chaleur.

Ensuite de quoi il est évident tites parties de ce corps C ont toujours quelque fet de cette agitation, laquelle y est inégale, selon les lieux et les temps; et ceci ne doit pas seulement être entendu des parties de l'argent vif, ou de celles du sel et de l'eau douce, et autres semblables, qui sont descendues de la terre extérieure E dans les plus grands pores de l'intérieure C, où elles ne sont aucunement attachées; mais aussi de toutes celles de cette terre intérieure, tant dures et fermement jointes les unes aux autres qu'elles puissent être; non pas que ces parties ainsi jointes aient coutume d'être entièrement séparées par l'action de la chaleur; mais comme nous voyons que le vent agite les branches des arbres, et fait qu'elles s'approchent et se reculent quelque peu les unes des autres, sans pour cela être arrachées ni rompues, ainsi on doit penser que la plupart des parties du corps C ont diverses branches, tellement entrelacées et liées ensemble que la chaleur, en les ébran

61.

Comment

les sucs aigres

lant, ne les peut pas entièrement déjoindre, mais seulement faire que les intervalles qui sont parmi elles deviennent tantôt plus étroits et tantôt plus larges. Et que d'autant qu'elles sont beaucoup plus dures que les parties des corps Det E, qui descendent en ces intervalles quand ils s'élargissent, elles les pressent lorsqu'ils deviennent plus étroits; et les frappant à diverses reprises, elles les froissent ou les plient en telle façon qu'elles les réduisent à deux genres de figures qui méritent d'être

ici considérés.

Le premier genre vient des parties du sel, ou s'engendrent autres semblables, assez dures et solides, qui, étant of corrosifs engagées dans les pores du corps C, y sont tellequi entrent ment pressées et agitées, qu'au lieu qu'elles ont été sition du vi- auparavant rondes et roides, ainsi que des petits lun, et autres bâtons, elles deviennent plates et pliantes, en tels minéraux. même façon qu'une verge de fer ou d'autre métal

en la compo

triol, de l'a

se change en une lame à force d'être battue à coups de marteau. Et de plus, ces parties des corps D ou E, ainsi aplaties, en se glissant çà et là contre celles du corps C, qui les surpassent en dureté, s'y aiguisent et s'y' polissent en telle sorte que, devenant tranchantes et pointues, elles prennent la forme de certains sucs aigres et corrosifs, qui, montant par après vers le corps E, où sont les mines, composent du vitriol, de l'alun, ou d'autres minéraux, selon qu'ils se mêlent en se congelant

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