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44. Ensuite de quoi, si nous pensons que les corps

Comment ont

les monta

etc.

été produites B et F ne sont autre chose que de l'air, que D est de l'eau, et C une croûte de terre intérieure fort gnes, les plaines, les mers, solide et fort pesante de laquelle viennent tous les métaux, et enfin que E est une autre croûte de terre moins massive, qui est composée de pierres, d'argile, de sable et de limon, nous verrons clairement en quelle façon les mers se sont faites audessus des pièces 2,3,6,7 et semblables, et que ce qu'il y a des autres pièces qui n'est point couvert d'eau ni beaucoup plus élevé que le reste a fait des plaines; mais que ce qui a été plus élevé et fort en pente, comme 1,2 et 9,4V, a fait des montagnes; et enfin, considérant que ces grandes pièces n'ont pu tomber en la façon qui a été dite sans que leurs extrémités aient été brisées en beaucoup d'autres moindres pièces par la force de leur pesanteur et l'impétuosité de leur chute, nous verrons pourquoi il y a des rochers en quelques endroits au bord de la mer, comme 1,2, et même des écueils au dedans, comme 3 et 6; et enfin pourquoi il y a ordinairement plusieurs diverses pointes de montagnes en une même contrée, dont les unes sont fort hautes, comme vers 4, les autres le sont moins, comme vers 9 et vers V.

45. Quelle est la

nature de

l'air.

On peut aussi connoître de ceci quelle est la vraie nature de l'air, de l'eau, des minéraux et de tous les autres corps qui sont sur la terre, ainsi

que je tâcherai maintenant d'expliquer. Premièrement on en peut déduire que l'air n'est autre chose qu'un amas des parties du troisième élément, qui sont si déliées, et tellement détachées les unes des autres qu'elles obéissent à tous les mouvements de la matière du ciel qui est parmi elles : ce qui est cause qu'il est rare, liquide et transparent, et que les petites parties dont il est composé peuvent être de toutes sortes de figures. La raison qui me fait dire que ces parties doivent être entièrement détachées les unes des autres, est que si elles se pouvoient attacher, elles se seroient jointes avec le corps E; mais parcequ'elles sont ainsi déjointes, chacune se meut séparément de ses voisines et retient tellement à soi tout le petit espace sphérique dont elle a besoin pour se mouvoir de tous côtés autour de son centre, qu'elle en chasse toutes les autres sitôt qu'elles se présentent pour y entrer, sans qu'il importe pour cet effet de quelles figures elles soient.

Pourquoi il

lement dilaté

et condensé.

Et cela fait que l'air est aisément condensé par 46. le froid et dilaté par la chaleur; car ses parties peut être faciétant presque toutes fort molles et flexibles, ainsi que des petites plumes ou des bouts de cordes fort déliées, chacune se doit d'autant plus étendre qu'elle est plus agitée, et par ce moyen occuper un espace sphérique d'autant plus grand; mais, suivant ce qui a été dit de la nature de la chaleur

47.

D'où vient

coup de force

à se dilater

étant pressé

en certaines

machines.

elle doit augmenter leur agitation, et le froid la doit diminuer.

Enfin, lorsque l'air est renfermé en quelque qu'il a beau- vaisseau dans lequel on en fait entrer beaucoup plus grande quantité qu'il n'a coutume d'en contenir, cet air en sort par après avec autant de force qu'on qu'on en a employé à l'y faire entrer, dont la raison est que, lorsque l'air est ainsi pressé, chacune de ses parties n'a pas à soi seule tout l'espace sphérique dont elle a besoin pour se mouvoir, à cause que les autres sont contraintes de prendre une partie du même espace, et que retenant cependant l'agitation qu'elles avoient, à cause que la matière subtile qui continue toujours de couler autour d'elles leur fait retenir le même degré de chaleur, elles se frappent ou se poussent les unes les autres en se remuant, et ainsi s'accordent toutes ensemble à faire effort pour occuper plus d'espace qu'elles n'en ont : ce qui a servi de fondement à l'invention de diverses machines, dont les unes sont des fontaines, où l'air ainsi renfermé fait sauter l'eau tout de même que si elle venoit d'une source fort élevée; et les autres sont comme de petits canons, qui, n'étant chargés que d'air, poussent des balles ou des flèches presque aussi fort que s'ils étoient chargés de poudre.

48.

De la nature

Pour ce qui est de l'eau, j'ai déjà montré comde l'eau, et ment elle est composée de deux sortes de parties,

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se change ai

sément en air

et en glace.

toutes deux longues et unies, dont les unes sont pourquoi elle molles et pliantes, et les autres sont roides et inflexibles; en sorte que, lorsqu'elles sont séparées, celles-ci composent le sel, et les autres composent l'eau douce. Et parceque j'ai assez curieusement fait voir dans les Météores comment toutes les propriétés qu'on peut remarquer dans le sel et dans l'eau douce suivent de cela seul qu'ils sont composés de telles parties, je n'ai pas besoin d'en dire autre chose, sinon qu'on y peut remarquer la suite et la liaison des choses que j'ai écrites, et comment, de ce que la terre s'est formée en la façon que je viens d'expliquer, on peut conclure qu'il y a maintenant telle proportion entre la grosseur des parties de l'eau et celle des parties de l'air, et aussi entre ces mêmes parties et la force dont elles sont mues par la matière du second élément, que lorsque cette force est quelque peu moindre qu'à l'ordinaire cela suffit pour faire que les vapeurs qui se trouvent en l'air prennent la forme de l'eau, et que l'eau prenne celle de la glace; comme au contraire, lorsqu'elle est tant soit peu plus grande, elle élève en vapeurs les plus flexibles parties de l'eau, et ainsi leur donne la forme de l'air.

49. Du flux et re

J'ai aussi expliqué dans les Météores les causes des vents, par lesquels l'eau de la mer est agitée flux de la mer. en plusieurs façons irrégulières; mais il y a encore en elle un autre mouvement, qui fait qu'elle se

hausse et se baisse réglément deux fois le jour en chaque lieu, et que cependant elle coule sans cesse du levant vers le couchant, de quoi je tâcherai ici de dire la cause. Soit ABCD' la partie du premier ciel qui compose un petit tourbillon autour de la terre T, dans lequel la lune est comprise, et qui les fait mouvoir toutes deux autour de son centre, pendant qu'elle les emporte aussi autour du soleil. Et posant pour plus' grande facilité que la mer 1,2,3,4 couvre toute la superficie de la terre EFGH, comme elle est aussi couverte de l'air 5,6,7,8, considérons que la lune empêche que le point T, qui est le centre de la terre, ne soit justement au même lieu que le point M, qui est le centre de ce tourbillon, et qu'elle est cause que T est un peu plus éloigné que M du point B. Dont la raison est que la lune et la terre ne se pouvant mouvoir si vite que la matière de ce tourbillon par qui elles sont emportées, si le point T n'étoit point un peu plus éloigné de B que de D, la présence de la lune empêcheroit que cette matière ne coulât si librement entre B et T qu'entre T et D; et parcequ'il n'y a rien qui détermine le lieu de la terre en ce tourbillon, sinon l'égalité des forces dont elle est pressée par lui de tous côtés, il est évident qu'elle doit un peu s'approcher vers D quand la lune est vers B, afin que

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