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146.

Comment

toutes les pla

grosseur une planète est composée de plusieurs petites parties qui se doivent toutes accorder à un même mouvement pour égaler celui de cette planète, mais qui, n'étant point attachées les unes aux autres, peuvent être détournées de ce mouvement, chacune à part, par les moindres causes ; d'où il suit qu'aucune planète ne se meut si vite que les petites parties de la matière du ciel qui l'environnent, parcequ'elle peut seulement égaler celui de leurs mouvements selon lequel elles s'accordent à suivre toutes un même cours; et que, d'autant qu'elles sont divisées, elles en ont toujours quelques autres qui leur sont particuliers. Il suit aussi de cela que lorsqu'il y a quelque cause qui augmente, ou retarde, ou détourne le mouvement de cette matière du ciel, la même cause ne peut pas si promptement ni si fort augmenter, ou retarder, ou détourner celui de la pla

nète.

être

Or, si on considère bien toutes ces choses, on en pourra tirer les raisons de tout ce qui a pu nètes peuvent observé jusques ici touchant les planètes, et voir mées. qu'il n'y a rien en cela qui ne s'accorde parfaite

avoir été for

ment avec les lois de la nature ci-dessus expliquées car rien n'empêche que nous ne pensions que ce grand espace que nous nommons le premier ciel a autrefois été divisé en quatorze tourbillons, ou en davantage, et que ces tourbillons

ont été tellement disposés, que les astres qu'ils avoient en leurs centres se sont peu à peu couverts de plusieurs taches, ensuite de quoi les plus petits ont été détruits par les plus grands en la façon qui a été décrite. A savoir, on peut penser que les deux tourbillons qui avoient les astres que nous nommons maintenant Jupiter et Saturne en leurs centres étoient les plus grands, et qu'il y en avoit quatre moindres autour de celui de Jupiter, dont les astres sont descendus vers lui, et ce sont les quatre petites planètes que nous y voyons; puis qu'il y en avoit aussi deux autres autour de celui de Saturne, dont les astres sont descendus vers lui en même façon (au moins s'il est vrai que Saturne ait proche de soi deux autres moindres planètes, ainsi qu'il semble paroître); et que la lune est aussi descendue vers la terre lorsque le tourbillon qui la contenoit a été détruit; et, enfin, que les six tourbillons qui avoient Mercure, Vénus, la terre, Mars, Jupiter et Saturne en leurs centres étant détruits par un autre plus grand, au milieu duquel étoit le soleil, tous ces astres sont descendus vers lui, et s'y sont disposés en la façon qu'ils y paroissent à présent : mais que, s'il y a eu encore quelques autres tourbillons en l'espace qui comprend maintenant le premier ciel, les astres qu'ils avoient en leurs centres étant devenus plus solides que Saturne se sont convertis en comètes.

147. Pourquoi tou

tantes du so

leil.

Ainsi, voyant maintenant que les principales

tes les planètes planètes, Mercure, Vénus, la terre, Mars, Jupiter ne sont pas et Saturne, font leurs cours à diverses distances du soleil, nous devons juger que cela vient de ce qu'elles ne sont pas également solides, et que ce sont celles qui le sont moins qui s'en approchent davantage. Et nous n'avons pas sujet de trouver étrange que Mars en soit plus éloigné que la terre, nonobstant qu'il soit plus petit qu'elle, parceque ce n'est pas la seule grandeur qui fait que les corps sont solides, et qu'il le peut être plus que la terre, encore qu'il ne soit pas si grand.

148.

Pourquoi les

du soleil se

plus éloi

tefois ses ta

ches, se meu

vite qu'aucu

Et voyant que les planètes qui sont plus proches plus proches du soleil se meuvent plus vite que celles qui en meuvent plus sont plus éloignées, nous penserons que cela arvite que les rive à cause que la matière du premier élément qui gnées, et tou- compose le soleil, tournant extrêmement vite sur ches, qui en son essieu, augmente davantage le mouvement sont fort pro- des parties du ciel qui sont proches de lui, que de celles qui en sont plus loin. Et, cependant, ne planète. nous ne trouverons point étrange que les taches qui paroissent sur sa superficie se meuvent plus lentement qu'aucune planète, en sorte qu'elles emploient environ vingt-six jours à faire leur tour qui est fort petit, au lieu que Mercure n'emploie pas trois mois à faire le sien, qui est plus de soixante fois plus grand; et que Saturne achève le sien en trente ans, ce qu'il ne devroit pas faire en

cent, s'il n'alloit point plus vite que ces taches, à cause que le chemin qu'il fait est environ deux mille fois plus grand que le leur. Car on peut penser que ce qui les retarde est qu'elles sont jointes à l'air que j'ai dit ci-dessus devoir être autour du soleil, parceque cet air s'étend jusque vers la sphère de Mercure, ou peut-être même plus loin, et que les parties dont il est composé ayant des figures fort irrégulières, s'attachent les unes aux autres, et ne se peuvent mouvoir que toutes ensemble, en sorte que celles qui sont sur la superficie du soleil avec ses taches ne peuvent faire guère plus de tours autour de lui que celles qui sont vers la sphère de Mercure, et par conséquent doivent aller beaucoup plus lentement : ainsi qu'on voit en une roue, lorsqu'elle tourne, que les parties proches de son centre vont beaucoup moins vite que celles qui sont en sa circonférence.

Puis, voyant que la lune a son cours non seulement autour du soleil, mais aussi autour de la

terre, nous jugerons que cela peut être arrivé de ce qu'elle est descendue dans le tourbillon qui avoit la terre en son centre, auparavant que la terre fût descendue vers le soleil, ainsi que quatre autres planètes sont descendues vers Jupiter; ou plutôt, de ce que n'étant pas moins solide que la terre, et toutefois étant plus petite, sa solidité est cause qu'elle doit prendre son cours à même

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150. Pourquoi la

distance du soleil, et sa petitesse qu'elle s'y doit mouvoir plus vite, ce qu'elle ne peut faire, sinon en tournant aussi autour de la terre. Soit par exemple S' le soleil, et NTZ le cercle suivant lequel la terre et la lune prennent leurs cours autour de lui; en quelque endroit de ce cercle que la lune ait été au commencement, elle a dû venir bientôt vers A, proche de la terre T, puisqu'elle alloit plus vite qu'elle; et, trouvant au point A que la terre avec l'air et la partie du ciel qui l'environne lui faisoit quelque résistance, elle a dû se détourner vers B, je dis vers B plutôt que vers D, parcequ'en cette façon le cours qu'elle a pris a été moins éloigné de la ligne droite. Et pendant que la lune est ainsi allée d'A vers B, elle a disposé la matière du ciel contenue dans le cercle ABCD à tourner avec l'air et la terre autour du centre T, et y faire comme un petit tourbillon, qui a tou-` jours depuis continué son cours avec la lune et la terre, suivant le cercle TZN, autour du soleil.

Cela n'est pas toutefois la seule cause qui fait terre tourne que la terre tourne sur son essieu; car, puisque autour de son nous la considérons comme si elle avoit été autre

centre.

fois une étoile fixe qui occupoit le centre d'un tourbillon particulier dans le ciel, nous devons penser qu'elle tournoit dès lors en cette sorte, que la matière du premier élément, qui est tou

Voyez planche VI, figure 2.

et

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