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tinuent leur mouvement.

conférence du tourbillon AEIO, il acquiert assez comètes cond'agitation pour avoir la force de passer au-delà et entrer dans un autre tourbillon, d'où il passe par après dans un autre, et continue ainsi son mouvement, touchant lequel il y a ici deux choses à remarquer. La première est que, lorsque cet astre passe d'un tourbillon dans un autre, il pousse toujours devant soi quelque peu de la matière de celui d'où il sort, et n'en peut être entièrement développé qu'il ne soit entré assez avant dans les limites de l'autre : par exemple, lorsqu'il sort du tourbillon AEIO et qu'il est vers 2, il se trouve encore environné de la matière de ce tourbillon qui tourne autour de lui, et n'en peut être entièrement dégagé qu'il ne soit vers 3, dans le tourbillon AEV. L'autre chose qu'il faut remarquer est que le cours de cet astre décrit une ligne diversement courbée selon les divers mouvements

des tourbillons par où il passe; comme on voit ici que la partie de cette ligne 2, 3, 4 est courbée tout autrement que la précédente NC2, parceque la matière du tourbillon AEV tourne d'A par E vers V, et celle du tourbillon AEIO, d'A par E vers I; et la partie de cette ligne 5, 6, 7, 8 est presque droite, parceque la matière du tourbillon où elle est tourne sur l'essieu XX. Au reste, les astres qui passent ainsi d'un tourbillon dans un autre sont ceux qu'on nomme des comètes,

128.

Quels sont

desquelles je tâcherai ici d'expliquer tous les phé

nomènes.

Les principales choses qu'on observe en elles leurs princi- sont qu'elles passent l'une par un endroit du ciel,

paux phénomènes. l'autre par un autre, sans suivre en cela aucune règle qui nous soit connue, et que nous n'en voyons une même que pendant peu de mois, ou quelquefois même peu de jours; et que pendant ce temps-là elles ne traversent jamais plus ou guère plus, mais souvent beaucoup moins que la moitié de notre ciel : et que lorsqu'elles commencent à paroître elles semblent assez grosses, en sorte que leur grosseur apparente n'augmente guère par après, sinon lorsqu'elles traversent une fort grande partie du ciel; mais que lorsqu'elles tendent à leur fin, on les voit diminuer peu à peu, jusques à ce qu'elles cessent de paroître; et que leur mouvement est aussi en sa plus grande force au commencement ou peu après le commencement de leur apparition, mais qu'il s'alentit par après peu à peu jusques à la fin. Et je ne me souviens point d'avoir lu que d'une seule qu'elle ait été vue traverser environ la moitié de notre ciel, à savoir dans le livre de Lotharius Sarsius, ou bien Horatius Gratius, nommé Libra astronomica, où il en parle comme de deux comètes; mais je juge que ce n'a été qu'une même, dont il a tiré l'histoire de deux auteurs, Regiomontanus

et Pontanus, qui l'ont expliquée en termes différents, et qu'on dit avoir paru en l'année 1475, entre les étoiles de la Vierge, et avoir été au commencement assez petite et tardive en son mouvement; mais que peu après elle devint d'une merveilleuse grandeur, et acquit tant de vitesse qu'en passant par le septentrion elle y parcourut en un jour trente ou quarante degrés de l'un des grands cercles qu'on imagine en la sphère, et alla par après peu à peu disparoître proche des étoiles du poisson septentrional, ou bien vers le signe du belier.

Or les causes de toutes ces observations se peuvent ici entendre fort aisément : car nous voyons que la comète que nous y avons décrite y traverse le tourbillon F d'autre façon que le tourbillon Y, et qu'il n'y a aucun côté dans le ciel par lequel elle ne puisse passer en cette sorte; et il faut penser qu'elle retient à peu près la même vitesse, à savoir celle qu'elle acquiert en passant vers les extrémités de ces tourbillons, où la matière du ciel est si fort agitée qu'elle y fait son tour en peu de mois, comme il a été dit ci-dessus; d'où il suit que cette comète, qui ne fait qu'environ la moitié d'un tel tour dans le tourbillon Y, et en fait beaucoup moins dans le tourbillon F, et n'en peut jamais faire guère plus en aucun, ne peut demeurer que· peu de mois dans un même tourbillon. Et si nous

129.

Quelles sont les causes de ces phénomè

nes.

considérons qu'elle ne sauroit être vue de nous que pendant qu'elle est dans le premier ciel, c'està-dire dans le tourbillon vers le centre duquel nous habitons, et même que nous ne l'y pouvons apercevoir que lorsqu'elle cesse d'être environnée et suivie par la matière du tourbillon d'où elle vient, nous pourrons entendre pourquoi, nonobstant qu'une même comète se meuve toujours à peu près de même vitesse et demeure de même grandeur, il doit néanmoins sembler qu'elle est plus grande et se meut plus vite au commencement de son apparition qu'à la fin, et quelquefois aussi qu'elle est encore plus grande et se meut plus vite entre ces deux temps qu'au commencement. Car si nous pensons que l'oeil de celui qui la regarde est vers le centre du tourbillon F, elle lui paroîtra plus grande, et avec un mouvement plus vite, étant vers 3, où il commencera de l'apercevoir, que vers 4, où elle cessera de lui paroître, parceque la ligne droite F3 est beaucoup plus courte que F4, et que l'angle F43 est plus aigu que l'angle F34; mais si le spectateur est vers Y, cette comète lui paroîtra sans doute plus grande, et avec un mouvement plus vite, quand elle sera vers 5, où il commencera de la voir, que quand elle sera vers 8, où il la perdra de vue; mais elle lui paroîtra encore beaucoup plus grande et avec plus de vitesse que vers 5, quand elle passera de 6

jusqu'à 7, parcequ'elle sera fort proche de ses yeux. En sorte que si nous prenons ce tourbillon Y pour le premier ciel où nous sommes, elle pourra paroître entre les étoiles de la Vierge étant vers 5, et proche du pole boréal en passant de 6 jusques à 7, et là parcourir en un jour trente ou quarante degrés de l'un des grands cercles de la sphère, et enfin se cacher vers 8, proche des étoiles du poisson septentrional, en même façon que cette admirable comète de l'année 1475, qu'on dit avoir été observée par Regiomontanus.

130.

Comment la

étoiles fixes peut parvenir

terre.

Il est vrai qu'on peut ici demander pourquoi nous cessons de voir les comètes sitôt qu'elles sor- lumière des tent de notre ciel, et que nous ne laissons pas de voir les étoiles fixes, encore qu'elles soient fort jusques à la loin au-delà ; mais il y a de la différence, en ce que la lumière des étoiles venant d'elles-mêmes est bien plus vive et plus forte que celle des comètes, qui est empruntée du soleil : et si on prend garde que la lumière de chaque étoile consiste en l'action dont toute la matière du tourbillon dans lequel elle est fait effort pour s'éloigner d'elle suivant les lignes droites qu'on peut tirer de tous les points de sa superficie, et qu'elle presse par ce moyen la matière de tous les autres tourbillons qui l'environnent, suivant les mêmes lignes droites (ou suivant celles que les lois de la réfraction leur font produire quand elles passent obliquement d'un corps en un

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