gles, à mesure qu'elles se rencontroient, car il n'en Mais d'autant qu'il ne sauroit y avoir d'espace vide en aucun endroit de l'univers, et que les parties de la matière é tant rondes ne sauroient se joindre si étroitement ensemble qu'elles ne laissent plusieurs petits intervalles entre elles, il faut que ces petits intervalles soient remplis de quelques autres parties de cette matière, qui doivent être extrêmement menues, afin de changer de figure à tous moments, pour s'accommoder à celle des lieux où elles entrent; c'est pourquoi nous devons penser que ce qui sort des angles des parties de la matière à mesure qu'elles s'arrondissent en se frottant les unes contre les autres, est si menu et acquiert une vitesse si grande, que l'impétuosité de son mouvement le peut diviser en des parties innombrables, qui, n'ayant aucune grosseur ni figure déterminée, remplissent aisément tous les petits intervalles par où les autres parties de la matière ne peuvent passer. 49. qu'entre ces parties rondes avoir d'autres pour remplir il y en doit plus petites tout l'espace où elles sont. 50. Que ces plus Car il faut remarquer que d'autant plus que ce qui sort de la raclure des parties de la matière, à petites parties sont aisées à mesure qu'elles s'arrondissent, est menu, d'autant diviser. 51. Et qu'elles se vite. plus aisément il peut être mû et derechef amenuisé ou divisé en des parties encore plus petites que celles qu'il a déjà, parceque plus un corps est petit, plus il a de superficie à raison de la quantité de sa matière, et que la grandeur de cette superficie fait qu'il rencontre d'autant plus de corps qui font effort pour le mouvoir ou diviser, pendant que son peu de matière fait qu'il peut d'autant moins résister à leur force. Il faut aussi remarquer que, bien que ce qui sort meuvent très ainsi de la raclure des parties qui s'arrondissent n'ait aucun mouvement qui ne vienne d'elles, il doit toutefois se mouvoir beaucoup plus vite, à cause que, pendant qu'elles vont par des chemins droits et ouverts, elles contraignent cette raclure ou poussière qui est parmi elles à passer par d'autres chemins plus étroits et plus détournés; de même qu'on voit qu'en fermant un soufflet assez lentement on en fait sortir l'air assez vite, à cause que le trou par où cet air sort est étroit. Et j'ai déjà prouvé cidessus qu'il doit y avoir nécessairement quelque partie de la matière qui se meuve extrêmement vite et se divise en une infinité de petites parties, afin que tous les mouvements circulaires et inégaux qui sont dans le monde se puissent faire sans aucune raréfaction ni aucun vide; mais je ne crois pas qu'on en puisse imaginer aucune plus propre à cet effet crire. à cet effet que celle que je viens de dé Ainsi nous pouvons faire état d'avoir déjà trouvé deux diverses formes en la matière, qui peuvent 52. Qu'il y a trois principaux monde visi éléments du ble. 53. distinguer l'univers en trois divers cieux. à savoir que le soleil et les étoiles fixes ont la forme du premier de ces éléments, les cieux celle du second, et la terre avec les planètes et les comètes celle du troisième. Car, voyant que le soleil et les étoiles fixes envoient vers nous de la lumière, que les cieux lui donnent passage, et que la terre, les planètes et les comètes la rejettent et la font réfléchir, il me semble que j'ai quelque raison de me servir de ces trois différences, être lumineux, être transparent, et être opaque ou obscur, qui sont les principales qu'on puisse rapporter au sens de la vue, pour distinguer les trois éléments de ce monde visible. Ce ne sera peut-être pas aussi sans raison que Qu'on peut je prendrai dorénavant toute la matière comprise en l'espace AEI, qui compose un tourbillon autour du centre S, pour le premier ciel, et toute celle qui compose un fort grand nombre d'autres tourbillons autour des centres Ff, et semblables, pour le second; et enfin toute celle qui est au-delà de ces deux cieux pour le troisième : et je me persuade que le troisième est immense au regard du second, comme aussi le second est extrêmement grand au regard du premier. Mais je n'aurai point ici occasion de parler de ce troisième, parceque nous ne remarquons en lui aucune chose qui puisse être vue par nous en cette vie, et que j'ai seulement entrepris de traiter du monde visible, comme aussi je ne prends tous les tourbillons qui sont autour des centres Ff que pour un ciel, à cause qu'ils ne nous paroissent point différents, et qu'ils doivent être tous considérés d'une même façon. Mais pour le tourbillon dont le centre est marqué S, encore qu'il ne soit point représenté différent des autres en cette figure, je le prends néanmoins pour un ciel à part, et même pour le premier ou principal, à cause que c'est en lui que nous trouverons ci-après la terre, qui est notre demeure, et que pour ce sujet nous aurons beaucoup plus de choses à remarquer en lui seul que dans les autres; car, n'ayant besoin d'imposer les noms aux choses que pour expliquer les pensées que nous en avons, nous devons ordinairement avoir plus d'égard à ce en quoi elles nous touchent qu'à ce qu'elles sont en effet. 54. Comment le soleil et les se former. Or, d'autant que les parties du second élément se sont frottées dès le commencement les unes contre les autres, la matière du premier, qui a dû se faire étoiles ont pu de la raclure de leurs angles, s'est augmentée peu à peu; et lorsqu'il s'en est trouvé en l'univers plus qu'il n'en falloit pour remplir les recoins que les parties du second, qui sont rondes, laissent nécessairement entre elles, le reste s'est écoulé vers le centre SFf, et y a composé des corps très subtils et très liquides, à savoir le soleil dans le centre S, et les étoiles aux autres centres; car, après que tous les angles des parties qui composent le second |